Comme tous les ans, l'USF (Utilisateurs de SAP Francophones) a réuni sa convention annuelle pour présenter ses activités et permettre une rencontre entre SAP, l'écosystème de prestataires (une soixantaine d'exposants) et leurs clients. Cette année, l'association avait choisi la ville de Nantes et sa Cité Internationale des Congrès, les 13 et 14 octobre 2010.
La fusion BO/SAP reste une actualité pour les utilisateurs et leur club tandis que l'éditeur promet de multiples innovations pour des lendemains qui chantent. 900 inscrits (environ 60% de clients, le solde de prestataires et de représentants de SAP) étaient attendus à la convention. Malgré les mouvements sociaux, notamment dans les transports ferroviaires, et la concomitance du TechEd de SAP à Berlin, la fréquentation de la rencontre était assez importante : allées de la partie exposition et salles étaient correctement remplies. Les chiffres exacts de participation ne sont pas disponibles à l'heure où nous écrivons ces lignes. Mais aucun des 70 ateliers n'a été annulé.
Des ambitions pour l'éditeur et sa filiale française
Si la convention comprend chaque année une dimension de culture générale qui sonne comme une récréation (ici des interventions de Dominique Wolton, du paléoanthropologue Pascal Picq et de l'économiste Daniel Cohen), l'essentiel reste dans les ateliers pratiques et les interventions en plénières responsables de SAP ou de l'USF.
Nicolas Sekkaki, directeur général de SAP France, a ainsi pu insister auprès de ses clients sur la nécessité pour cette filiale de l'éditeur d'être davantage qu'une simple succursale de vente. La fonction d'écoute des clients a été valorisée. Au sein de la partie exposition de la convention, SAP présentait d'ailleurs ses récents produits pour recueillir les avis des utilisateurs. Après mise au point et sélection, les innovations présentées n'arriveront dans les logiciels en production que d'ici un an environ. La consultation portait en particulier sur l'ergonomie. L'innovation reste fortement présente dans les discours de l'éditeur. Après le rachat de Sybase, la mobilité est mise en avant. Et la prochaine « révolution » pourrait venir du traitement en mémoire vive (le « in memory »).
« Trois ans après la fusion de SAP avec Business Object, nous commençons à constater celle-ci dans les produits, pour le in memory nous devrons donc sans doute attendre un peu » tempère Claude Molly-Mitton. Le rachat de Sybase comme le début d'intérêt pour l'exécution en mémoire sonne-t-il (encore une fois) le glas de la relation « je t'aime moi non plus » entre Oracle et SAP, à la fois partenaires et concurrents ? Si l'essentiel des installations SAP sont sur bases de données Oracle, ce dernier édite aussi le seul vrai concurrent au progiciel de l'Allemand. Les membres de l'USF présents sont plutôt dubitatifs : l'exécution en mémoire est plutôt vue comme complémentaire à une « vraie » base de données transactionnelle, pour accélérer certains traitements ou gérer des alertes en temps réel.
Etudes, partenariat et internationalisation
L'USF a également profité de sa convention annuelle pour publier deux livres blancs. L'un est sectoriel : « SAP au sein du service public », avec des retours d'expérience, un guide pratique et des facteurs clés de succès. Le second est plus technique puisqu'il concerne SAP Solution Manager en tant qu'outil dans une approche de gestion du cycle de vie des applications.
Annoncée il y a déjà quelques mois, la première communauté régionale des utilisateurs SAP a été officiellement lancée, bien entendu pour la région Grand Ouest. Cette communauté est dirigée par le directeur des centres de compétences applicatifs d'Yves Rocher, Thierry Perret. La communauté « PME » est, elle, encore en constitution sous l'impulsion d'Alexis Beck-Djevaguiroff, finance manager chez Sequans Comunications. Les attentes de cette population doivent en effet être mieux saisies avant de développer l'offre de service de l'USF et une enquête est en cours à ce sujet.
L'USF a également initié un travail commun avec le Cigref sur la définition de bonnes pratiques pour bien gérer ses relations commerciales avec SAP. Un livre blanc devrait paraître début 2011 pour tirer les conclusions de ce travail. Démarré en mars 2010, les travaux de ce groupe ont associé une vingtaine d'entreprises. En échos aux travaux du Cigref sur le Green-IT, l'USF a lui aussi créé un groupe « développement durable » au sein de sa commission « Organisation et Gouvernance ».
Par ailleurs, si la guerre de la maintenance est bien terminée, elle a tout de même permis de développer les relations de l'USF avec ses homologues d'autres pays et le « club des clubs », le Sugen, qui regroupe tous les dirigeants des clubs d'utilisateurs SAP dans le monde. L'USF s'implique notamment fortement dans le travail international réalisé sur le plan de développement à long terme de SAP.
Business Object, objet de ressentiment
L'ancien éditeur Business Object étant d'origine française, l'USF est également en première ligne pour ce qui concerne l'intégration de l'offre BO dans l'offre SAP. De mai 2010 à mars 2011, une enquête mondiale sur le ressenti des clients et leurs attentes est menée. 135 entreprises françaises y ont participé. La plupart des répondants appartiennent cependant plutôt aux fonctions IT et très peu aux directions utilisatrices. Les premiers résultats ne sont guère favorables. En termes d'évolution des produits, du support et de la politique de licences et de prix, seulement 57% des utilisateurs se sont déclarés satisfaits, la France n'atteignant qu'un petit 44%. Cependant, le recouvrement des clients BO et SAP et la convergence est loin d'être évident. En effet, 63% des clients BO ne l'utilisent pas sur SAP et 51% des clients SAP ne possèdent pas BO.
La moitié des répondants à l'enquête n'appartenaient pas à un club d'utilisateurs. Parmi les non-membres, un tiers considère que ce serait une perte de temps. Et un quart ignorait même l'existence de clubs dans leurs pays ! La marge de progression des clubs (aussi bien de BO que de SAP) semble donc considérable. Or modifier l'image des clubs et accroître leur nombre de membres, c'est aussi renforcer leur possibilité d'influence sur l'éditeur.
Suite au rachat de Business Object par SAP, la logique aurait sans doute voulu que l'USF absorbe le club utilisateur de BO. Les modules décisionnels de SAP sont en effet amenés à converger avec les produits de BO. Claude Molly-Mitton a donc fait une offre de rapprochement lors de la dernière AG du club BO, fin septembre 2010. Cette offre devrait connaître sa réponse d'ici la fin 2010. « Le contenu des discussions reste confidentiel d'ici là » insiste le président de l'USF. Ceci dit, il faut rappeler que, dans une situation similaire, les clubs des utilisateurs d'Oracle, de PeopleSoft et de JDEdwards n'ont toujours pas fusionné.
Crédit Photo: Bertrand Lemaire
Les utilisateurs francophones de SAP planchent sur l'innovation
Le club des Utilisateurs de SAP Francophones a tenu sa convention annuelle à Nantes les 13 et 14 octobre 2010.