L'industrie des terminaux informatiques mobiles taillés pour les entreprises est en train de connaître une petite révolution. Embarquant le plus souvent une version mobile de Windows, ces produits durcis, auxquels peuvent être adjointes des options spécifiques, s'ouvrent désormais au système d'exploitation Google Android. A ce jour, le premier exemple illustrant ce changement est la tablette entreprise ET1 que Motorola Solutions vient de dévoiler. Elle devrait être disponible dans le courant du quatrième trimestre 2011. Doté d'un écran couleur tactile de 7'', ce produit autorise notamment le changement de batteries à chaud sans perte de données dans un délai de 15 minutes. Un lecteur de codes-barres bluetooth, un lecteur de cartes et une imprimante mobiles peuvent également lui être associés en option. Autant de caractéristiques avec lesquelles Motorola Solutions entend cibler, par exemple, des clients de la grande distribution et de la distribution spécialisée.
Bien que Motorola Solutions, leader sur le marché de l'AIDC/POS (indentification automatique et collecte de données / Point de vente), dispose désormais d'une longueur d'avance, il sait que ses concurrents vont rapidement adopter l'OS de Google eux aussi. Pour preuve, son principal compétiteur Honeywell (qui jouit d'une part de marché bien moindre) a déjà annoncé la couleur. Dans un récent entretien accordé à Distributique.com, Eric De Greef, le responsable du marketing produit du fabricant pour la mobilité en EMEA, a en effet déclaré qu'Honeywell lancerait une terminal durci de type tablette ou PDA sous Android entre octobre et novembre 2011. Pour préparer l'arrivée de sa prochaine offre sous Android, Honeywell a lancé un programme développeur à travers lequel il veut inciter les ISV à créer ou à rendre des applications compatibles avec l'OS de Google. Les logiciels en question seront hébergé sur l'ISV Store que le fabricant va leur dédier sur le web.
« Les parts de marché d'Android vont exploser »
Mais pourquoi Android vient-il modifier la donne sur le marché des terminaux pour entreprises qui filait le parfait amour avec Windows ? « En 2010, Android ne représentait que 1% du marché de l'AIDC. En 2014, il aura pris 25% des parts de marché en termes d'OS utilisés par cette industrie », répond Eric De Greef, sans pour autant citer de source. A en croire ce dernier, cette explosion ne sera peut-être pas du seul fait des acteurs historiques du marché de l'AIDC/POS, ce qui motivent d'autant ces derniers à faire barrage : « Les fabricants de smartphones et de tablettes classiques s'intéressent à notre industrie car ils savent que certaines applications métiers peuvent fonctionner sur leur matériels. Il y a donc fort à parier qu'ils vont essayer de venir sur notre marché, et ce sera avec Android. »
Illustration : Motorola ET1
Crédit Photo: Motorola
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Il faut ajouter à cette première explication le fait que les développeurs d'applications pousseraient eux-mêmes à l'exploitation d'Android pour ses possibilités de customization importantes. « Il existe une importante communauté de développeurs sous Android. C'est un atout important pour les clients qui souhaitent développer des applications. Il est en effet car il est plus facile de trouver un développeur compétent pour l'OS de Google qu'en .Net de Microsoft », ajoute Philippe Nault, le directeur technique de Motorola Solutions.
De la nécessité de développer des surcouches applicatives...
Mais proposer du matériel sous Android aux entreprises ne peut se faire sans procéder à quelques ajustements destinés à combler les lacunes du système d'application. Motorola Solutions, qui n'a pas opté pour Honeycomb, la version améliorée d'Android pour les tablettes tactiles, mais pour sa version 2.3.4, en a fait l'expérience : « Nous avons développé une surcouche administrative qui permet, par exemple, de créer plusieurs comptes utilisateurs sur une même tablette et de restreindre l'accès à certaines applications métiers seulement. Nous avons également ajoutée des fonctions de cryptage de données », explique Philippe Nault. Toutefois, Android présente également des avantages pour les fabricants. L'OS impose, notamment, moins de contraintes au niveau des spécifications que le matériel doit respecter pour embarquer la version mobile de Windows.
En outre, le coût de la licence du système d'exploitation étant nul avec Android, les produits s'avèrent légèrement moins chers que s'ils fonctionnaient sous Windows. Motorola facturera ainsi sa tablette environ 1500 € pour des commandes d'environ 1000 unités. Est-ce à dire que Google finira un jour par rayer Microsoft de la carte du marché des tablettes pour entreprises ? Les fabricants n'y croient pas mais ce sont les clients, comme souvent, qui finiront pas décider. Honeywell ne s'y trompe pas : même si sa roadmap produit n'est pas encore arrêtée, le fabricant pressent déjà qu'il devra être capable de proposer des matériels sous Android pouvant également tourner sous Windows.
Illustration : Motorola ET1
Crédit Photo: Motorola