Sans s’attarder sur ses lauriers, Intel a dévoilé cette semaine à New York sa dernière génération de puces pour serveurs, les Xeon Scalable gravés en 14 nm et reposant sur la microarchitecture Skylake. Avec pas moins de 50 nouvelles puces Xeon (E5 et E7 désormais fondues dans la famille Scalable), le fondeur de Santa Clara a véritablement assommé la concurrence. Si certains clients comme Google, AT&T ou encore Thomson Reuters ont déjà commencé à tester les processeurs Xeon Scalable, les fournisseurs de serveurs ont sagement attendu la fin de l’embargo d’Intel pour communiquer en détails sur leurs nouvelles générations : Proliant Gen10 chez HPE, PowerEdge 14G chez Dell EMC, ThinkSystem chez Lenovo ou encore UCS M5 chez Cisco. Sans oublier les systèmes plus basiques que SuperMicro, Quanta, Tyan ou Foxconn livrent en grande quantité pour développer des appliances et équiper des datacenters hyperscales.
Préannoncés au dernier DellEMC World, les PowerEdge 14G se déclinent en version rack et blade.
Dell EMC, qui nous avait déjà un peu parlé de ses PowerEdge 14G au dernier DellEMC World à Las Vegas, a désormais les coudées franches. « Les serveurs Dell EMC PowerEdge de 14ème génération améliorent les performances des serveurs les plus vendus au monde, avec pour mission de soutenir la transformation de l’IT de nos clients », a indiqué dans un communiqué Ashley Gorakhpurwalla, président de la division Solutions Serveurs chez Dell EMC. Avec une augmentation de 27 % du nombre de cœurs de processeurs et une hausse de 50% de la bande passante mémoire, les PowerEdge 14G (rack et blade) exploitent les ressources de base des Xeon Scalable en ajoutant une automatisation pour l’administration. La console OpenManage Enterprise, qui tire parti des API RESTful, automatise les déploiements, les mises à jour, la surveillance et la maintenance. Le fournisseur texan met également en avant le démarrage avec chiffrement, la fonction de verrouillage système (System Lockdown) pour sécuriser les configurations ou encore l’effacement des systèmes pour les réutiliser rapidement pour d’autres tâches sans compromettre d’anciennes données ou VM.
Le logiciel pour faire la différence avec la concurrence
Cisco, qui propose une gamme de serveurs UCS plus réduite, mise toujours sur la densité. Mais la valeur des produits UCS réside avant tout dans la manière dont le matériel fonctionne avec des outils de configuration et d'optimisation tirant les centres de calcul du côté de la promesse software definied datacenter. L'idée est que les gestionnaires de centres de calcul définissent les politiques d'utilisation et l'état désiré du réseau et des serveurs afin de laisser le logiciel équilibrer et reconfigurer automatiquement les ressources disponibles pour arriver à cet état optimal souhaité. « Les UCS ne se réduisent pas à l’assemblage de composants individuels : il ne s'agit pas uniquement de commutation, du serveur ou de composants, c'est vraiment la façon dont nous apportons un système complet aux clients », a déclaré Todd Brannon, directeur du marketing pour l'informatique unifiée chez Cisco à nos confrères d’IDG NS. « C'est un système et non un serveur ; nos clients peuvent se baser sur toutes les choses que nous avons faites pour abstraire tous les éléments d'infrastructure sous-jacents afin que la commutation, les serveurs, et toutes les différentes parties puissent être contrôlés par les clients via un logiciel. »
Avec sa 5e génération de serveurs UCS, Cisco mise sur le software definied datacenter pour se distinguer de la concurrence.
Dell EMC et HPE ne sont bien sûr pas éloignés de cette démarche - de nombreuses fonctionnalités reposent d’ailleurs sur les puces Xeon Scalable - mais Cisco met l'accent sur les capacités logicielles en tant que facteur de différenciation. « Étant donné que le marché des serveurs est arrivé à maturité, de nombreux rafraîchissements de produits sont assommants, donc (les fabricants de serveurs) essaient de se différencier de différentes façons », a déclaré Ashish Nadkarni, analyste chez IDC. « Cisco se concentre sur sa base installée, qui rassemble toutes les charges de travail critiques, et améliore sa ligne de produits afin de la rendre encore plus attrayante ».
Plus de sécurité pour les Proliant Gen10
Du côté de HPE, comme nous vous l’avions indiqué le mois dernier, l’accent a aussi été sur la sécurité pour les Proliant Gen10 basés sur les puces Xeon Skylake. Depuis le hors-jeu d’AMD sur le marché des serveurs x86, les annonces de nouveaux systèmes sont désormais liées aux annonces d’Intel qui équipent tous les fournisseurs. Si le marché se segmente toujours plus avec des solutions destinées au calcul intensif (HPC, IA ou encore analytiques temps réel), au cloud bon marché (hyperscale), à l’hyperconvergence et aux charges de travail complexes - exit les microserveurs même si ARM pousse toujours sa plate-forme – un seul fondeur fournit donc tous les constructeurs. Une solution unique dans l’industrie avec un monopole qui sera dur à casser sans l’intervention des autorités de la concurrence américaine, européenne ou chinoise.