On aurait pu penser qu’avec la crise sanitaire les rémunérations des professionnels du numérique se seraient tassées, mais non. Dans son étude sur les salaires IT en 2021, Aravati, une filiale du groupe Teamside spécialisée dans le recrutement de profils digitaux, observe une hausse en moyenne de 10,6 % du bulletin de paye dans toutes les fonctions digitales. À titre de comparaison, l’enquête annuelle sur l’évolution des salaires publiée par le cabinet Deloitte évoque une évolution de seulement 2,8 % sur l’ensemble des cadres. Dans le secteur IT, certains profils, sursollicités en 2021 ont augmenté leurs exigences salariales. Il s’agit des professionnels du e-commerce (+14%), des data (+11%) des produits et services (+9%), et de l’expérience clients UX/UI (+7%). Les raisons de cette embellie ? Dans les métiers de la vente, en ligne, la hausse des salaires est intervenue pour soutenir une accélération rapide au plus fort de la crise sanitaire, avant d'accompagner la consolidation de ce mode de distribution, explique Aravati.
De leur côté, les projets data en cours, qui structurent la transformation autour de la gouvernance, du CRO (Customer Rate Optimization) et de l’analyse de données, favorisent clairement les profils d’analystes web et data, d’experts CRO et de data engineers. De même, les métiers des produits (product owners/product managers) faisant l’interface entre les équipes techniques, marketing et les clients, sont fortement plébiscités pour cadrer la définition du produit/service, Parmi les professions les mieux loties de 2021, on trouve également les compétences en marketing digital (social media managers et growth hackers).
40 000 € de salaire au démarrage
Dans les métiers de l’IT, où la transformation numérique implique une mise sous tension encore plus forte, trois profils seront particulièrement recherchés en 2022. Outre les compétences DevOps, les ingénieurs cloud feront partie des spécialités dont le salaire progressera le plus pour répondre à l’augmentation des usages qui se déploient. D’autres, comme les responsables de la sécurité des systèmes d’information de même que les gestionnaires des risques et de la conformité, bénéficieront aussi d’une revalorisation salariale. Pour Aravati, ceux qui prétendent que ce phénomène est conjoncturel, et donc lié à un simple effet de rattrapage, se trompent. Cette affirmation se traduit d’ailleurs dans les chiffres. Les candidats négocient leur salaire à la hausse (en moyenne 13% de plus), lors d’un changement de poste ou d’entreprise.
De la même façon, les jeunes diplômés des 10 premières écoles de commerce et d’ingénieur affichent actuellement un salaire à l’entrée autour de 40 000 € dans le numérique, contre 37 000 € il y a seulement 1 an. Dans ce contexte, comment trouver le bon équilibre entre des ressources en postes depuis plusieurs années et de jeunes talents tout juste arrivés dans l’entreprise et déjà payés 10 % de plus à l’embauche que ne l’étaient leurs aînés ?
Trouver des leviers pour attirer les profils plus sélectifs
À cela s’ajoutent d’autres exigences de la part des candidats qui, outre le salaire, se tournent désormais majoritairement vers des entreprises qui évoluent dans des activités non polluantes ou à vocation sociale et solidaire. La qualité de vie, aussi, est de plus en plus regardée. « En observant la pression sur les équipes et la charge de travail, mais aussi les projets en cours dans les différents écosystèmes, il apparaît évident que cette pénurie de ressources va perdurer », souligne Adrien Ducluzeau, co-fondateur de la Relève, une filiale du groupe Teamside, dans un communiqué.
Le dirigeant estime en effet que la demande continue de croître et tant que le problème de l’offre n’est pas résolu, les salaires vont continuer d’augmenter fortement en 2022. Pour lui, les entreprises vont devoir s’adapter sans tarder face à des candidats devenus de plus en plus exigeants. Il leur faudra se réinventer et trouver des parades pour profiter des expertises technologiques, dont elles ont tant besoin pour accélérer leur transformation.