De la finance à l'industrie en passant par les transports et le commerce, plus aucun secteur n'échappe au tourbillon du big data. D'après les résultats d'une dernière étude du cabinet BCG « State of Data Capabilities » présentée lors de la 8e édition du salon Big Data Paris (11-12 mars 2019), le niveau de maturité global dans l'usage des big data - portées par les projets IA et IoT - a d'ailleurs significativement progressé. Et tout particulièrement en France dont l'index d'adoption dépasse celui que l'on trouve au niveau mondial, presque tous secteurs confondus. « Il y a un bond du secteur public, le plus avancé en matière d'IA et de big data », a précisé Elias Baltassis, directeur big data et analytics au BCG. Et, en la matière, ce ne sont pas les avancées de la Ville de Paris et du ministère des Armées, évoquées en séance plénière ce lundi 11 mars 2019, qui viendront contredire cette affirmation.
« La valorisation est un axe stratégique fort et nous avons un intérêt à valoriser nos données », a souligné ce matin Arnaud Coustillère, vice-amiral d'Escadre et directeur général de la DGNUM du ministère des Armées. (crédit : D.F.)
« Après avoir mené une politique open data forte, nous entrons dans une nouvelle étape », a lancé ce matin, sur Big Data Paris 2019, Jean-Louis Missika, adjoint à la Maire de Paris et notamment en charge de l'urbanisme et du développement économique de la capitale. En ligne de mire : un projet de « data city » articulé autour de plusieurs axes allant de la maquette 3D de la ville, au développement d'une plateforme datalake open source hébergée dans un datacenter parisien. Parmi les autres travaux en cours au sein de la première ville de France, celui de l'optimisation énergétique des bâtiments qui doit permettre à terme, selon le plan climat 2030, 40% d'économies sur l'ensemble du parc. « La révolution du big data sur les services urbains est prometteuse mais la qualité des données pose un énorme problème qui n'est pas entièrement résolu », prévient cependant Jean-Louis Missika.
Un nécessaire travail sur la gouvernance des données
Même son de cloche au ministère des Armées qui a monté 3 groupes de travail (IA, IA et éthique ainsi qu'hébergement), propose en open data 193 jeux de données, alimente open.gouv.fr en données économiques et RH de 95% d'une classe d'âge de jeunes recensés pour la journée d'appel (JAPD) ou, encore, fournit des informations cartographiques maritimes (Data SHOM). Mais le ministère rencontre aussi, tout comme la ville de Paris mais pour des raisons différentes, des difficultés dans ses projets data. « Nous n'avons pas une culture très forte de la capitalisation des données. La valorisation est un axe stratégique fort et nous avons un intérêt à valoriser nos données, à voir des cas d'usage et des POC foisonnant au service de tous les ministères », a fait savoir Arnaud Coustillère, vice-amiral d'Escadre et directeur général de la DGNUM du ministère des Armées.
« Beaucoup de DSI ne voient pas d'intérêt d'apporter de la cohérence et se concentrent plutôt sur le datapipeline », nous a indiqué Damien Orset, architecte big data chez Atos. (crédit : D.F.)
Les problèmes rencontrés, tant en termes de qualité que de valorisation des données, s'ajoutent également aux difficultés de mise à l'échelle et d'industrialisation des projets big data. « Tout le monde s'est lancé dans des projets data pour ne pas être en retard, pour monter des datalab et brancher les algorithmes mais cela ne peut pas fonctionner sans un travail sur la gouvernance des données », nous a indiqué Guillaume Darves-Bornoz, référent industrialisation IA et datascience chez Sopra-Steria. « La data gouvernance n'apporte pas de la valeur directe et beaucoup de DSI ne voient pas d'intérêt d'apporter de la cohérence et se concentrent plutôt sur le datapipeline », nous a indiqué de son côté Damien Orset, architecte big data chez Atos. « Les SI qui ont hérité d'un parc SI dans les processus qualitatifs rétropédalent et font des modifications et du refactoring, alors que ceux qui s'y mettent aujourd'hui sont sensibilisés à la data gouvernance. »