Tout le monde l’avait déjà constaté, mais Intel a admis un problème de pénurie en processeurs 14 nm pour PC, alors que le fondeur est embarqué dans une transition vers un processus de fabrication à 10 nm. Les mesures prises par le fondeur auront des répercussions sur le marché des PC avec un impact possible sur le prix des machines. Vendredi, la firme de Santa Clara a reconnu qu’elle n’avait pas pu répondre à la demande en processeurs 14 nm, notamment la demande en puces Core de dernière génération. Pour y remédier, Intel a pris différentes mesures : l’entreprise a investi 1 milliard de dollars supplémentaire dans les usines produisant des puces 14 nm et redonne la priorité à la fabrication actuelle afin de produire davantage de puces 14 nm. Mais le fondeur précise aussi qu'il a toujours pour objectif de produire en série des puces 10 nm en 2019.
Ces mesures auront cependant d’autres répercussions : Intel a déclaré qu’il allait fabriquer plus de puces Xeon et Core, ce qui signifie moins de puces d'entrée de gamme pour les PC bon marché. Le fondeur n'a pas spécifiquement annoncé qu'il augmenterait le tarif de ses puces, mais l’éventualité paraît assez probable. Une autre alternative pour les fournisseurs serait de se tourner vers les puces Ryzen d'AMD. Intel pensait que ses lignes de production de microprocesseurs à 10 nm seraient prêtes. Si tout s'était déroulé comme prévu, les usines dédiées à la production de puces 14 nm auraient été disponibles pour produire des chipsets ou des puces plus anciennes et moins chères, notamment des processeurs d'entrée de gamme dont Intel a ralenti la production.
Les puces haut de gamme privilégiées
Dans un billet de blog posté vendredi, Bob Swan, CEO d'Intel par intérim, a reconnu ces problèmes. « La croissance surprenante de la demande sur le marché total disponible (TAM) a mis la pression sur nos usines », a-t-il déclaré, précisant également que l'entreprise s'engageait à répondre aux besoins en puces haut de gamme. « Nous donnons la priorité à la production de processeurs Intel Xeon et Intel Core afin de pouvoir servir les segments les plus performants du marché ». Alors, si vous êtes à l’affût d'une bonne affaire, passez votre chemin : « L'offre est incontestablement tendue », a également écrit le dirigeant par intérim, « surtout pour les PC d’entrée de gamme ». Intel a besoin de vendre pour dégager du profit, c’est pourquoi Bob Swan a voulu rassurer en disant que le flux de recettes n'était pas remis en cause. « Nous pensons que le niveau de l’offre permettra de respecter les perspectives de revenus annoncées en juillet pour l'ensemble de l'exercice », a déclaré M. Swan, soit 4,5 milliards de dollars de plus que les attentes de janvier.
Les mesures prises par Intel
Une baisse de l'offre et une augmentation de la demande ont forcément des conséquences. Le fondeur a déclaré qu’il travaillait avec ses clients pour gérer la pénurie d'approvisionnement et « aligner la demande sur l'offre disponible ». Cela signifie que les clients seront restreints en volume, autrement dit, les constructeurs de PC recevront une quantité limitée de processeurs pour fabriquer leurs machines. Pour atténuer cette pression de l'offre, M. Swan a déclaré qu'Intel consacrera 15 milliards de dollars en dépenses d’investissement cette année, un montant record qui dépasse de 1 milliard de dollars le montant prévu auparavant. « Ces fonds supplémentaires serviront à augmenter la capacité des usines de 14 nm localisées en Oregon et en Arizona, mais aussi les usines basées en Irlande et en Israël », a écrit M. Swan.
Apparemment, personne ne s'attendait à ce que les consommateurs recommencent à acheter des PC. « Pour la première fois depuis 2011, nous prévoyons cette année une croissance modeste du marché total disponible (TAM) des PC », a encore écrit M. Swan, du fait d’une forte demande pour les jeux et les systèmes professionnels. « Vous et vos clients faites confiance à Intel pour répondre à cette croissance ». L'analyste Patrick Moorhead de Moor Insights n’est pas surpris par cette annonce. « Je ne suis pas étonné par ces perturbations dans la chaîne d'approvisionnement », a-t-il écrit dans un message instantané. « Si Intel a probablement pris son temps pour passer au processus de fabrication à 10 nm, le fondeur a été surtout pris en défaut par la demande ininterrompue de puces de dernières générations ». Ajoutant : « Je suis sûr qu'Intel pensait que ses lignes de fabrications à 10 nm seraient prêtes aujourd’hui », a encore déclaré Patrick Moorhead. « Mais c’est surtout la hausse de la demande en puces de 14 nm qui est à l’origine des difficultés actuelles ».
Une belle opportunité pour AMD
Le marché des PC retrouve un peu de vigueur : « Tous les marchés sont en hausse, même celui des PC, et il pèse sur l’offre de puces 14 nm », a ajouté Patrick Moorhead. « Proposer des ordinateurs portables avec des puces quatre cœurs au lieu de deux a certainement contribué à la hausse ». Toujours selon l’analyste, pas mal de choses dépendent aujourd’hui d’AMD. « Les prix des PC vont probablement augmenter, mais cela dépendra en grande partie de la capacité d'AMD à répondre à cette demande », a-t-il expliqué. « Intel incite l'industrie à utiliser des pièces qui maximisent les profits par plaquette de silicium ». En terme d’impact, et comme pourrait le dire n'importe quel étudiant en économie, une demande accrue et une offre limitée signifient des prix plus élevés pour les processeurs PC, et donc une augmentation du tarif des PC. La question est de savoir dans quelle mesure et pour combien de temps AMD aura une carte à jouer dans l’équation. Il n’est pas possible de répondre à ces questions pour l'instant. Mais la situation sera probablement plus claire au début du quatrième trimestre. Les utilisateurs pourront acheter un PC bon marché cette année, mais le choix sera moins important que l'an dernier et il sera peut-être plus facile de trouver de bonnes affaires sur des PC construits autour de puces Ryzen.