La méthode DevOps privilégie l’importance des équipes (développeurs et production) sur celles des outils et des processus. Néanmoins, sa mise en oeuvre recourt à des outils et Gartner décèle une forte croissance sur ce terrain dans les prochains mois. D’ici 2016, le cabinet d’études estime que cette stratégie de développement sera passée d’une adoption de niche à un déploiement beaucoup plus large qui concernera 25% des 2 000 premières entreprises mondiales. Dès cette année, Gartner évalue à 2,3 milliards de dollars le marché des outils associés à sa mise en oeuvre, soit une progression de 21%.
Cette méthode met l’accent sur la communication et la collaboration entre les développeurs et les équipes de production. C’est une évolution culturelle qui insiste sur l’interdépendance entre ces deux profils d’équipes amenés de facto à travailler ensemble. Gartner considère donc ici l’ensemble des outils qui supportent les pratiques associées à DevOps dans un contexte de livraison et d’amélioration continues et d’infrastructure programmable (également dite « infrastructure as code »). Pour Laurie Wurster, directeur de recherche du cabinet, la propagation de la méthode s’inscrit dans le contexte des projets de transformation numérique. Les entreprises qui veulent prospérer dans ces environnements devront disposer d’une compétence améliorée dans la livraison de logiciels, pointe-t-elle.
DevOps représente d’abord un changement culturel
Ce sont bien sûr les outils dotés de fonctionnalités spécifiquement prévues pour supporter l'approche DevOps qui présenteront la croissance la plus forte (+36%). La plupart d’entre eux existent déjà dans la panoplie des développeurs et des équipes informatiques chargées de la production. Mais l’emphase mise sur la nécessité de valoriser plus vite les applications, en les livrant plus tôt, modifie la façon dont ces outils sont perçus sur le marché. Dans cette catégorie, Gartner place par exemple les outils d’automatisation fournis par des éditeurs comme BMC, CA Technologies, Electric Cloud, IBM, MidVision, Serena Software, VMware ou XebiaLabs. Il cite aussi les logiciel d’automatisation de configuration des éditeurs Ansible, CFEngine, Chef, Puppet Labs et SaltStack. Le cabinet distingue deux autres catégories d’outils dont les ventes progresseront de 15% et 10% : d’une part, ceux qui apportent un environnement complet de développement/test/qualité/production, focalisés sur l’intégrité des applications, d’autre part, les outils indépendants qui peuvent s’insérer dans une organisation DevOps lorsqu’ils sont correctement configurés.
Cela dit, la démarche va évidemment bien au-delà des aspects technologiques. En fait, l’aspect le plus important porte sur des questions culturelles au sein de l’entreprise et sur les changements organisationnels nécessaires à sa mise en oeuvre. En effet, l’objectif de la méthode est d’amener les équipes de développeurs et les équipes IT opérationnelles à prendre en considération leurs problématiques respectives et à modifier leur comportement en conséquence, rappelle Laurie Wurster. Dans la présentation de son étude, Gartner indique que la gestion de produits devrait se concentrer sur des outils dotés de fonctionnalités supportant les méthodologies agiles, l’automatisation et la collaboration, pour aider les entreprises à accepter le changement culturel induit par la démarche.
12% des entreprises françaises déjà en mode DevOps
Dans une autre étude, conduite par l’éditeur CA Technologies avec le cabinet Vanson Bourne, en octobre 2014, il ressort que, parmi les entreprises mondiales qui réussissent à livrer plus vite des applications à leurs utilisateurs, 49% ont adopté la méthode DevOps (contre 6% seulement des entreprises qui ne parviennent pas à livrer leurs apps dans les temps). Or, 94% des 1450 directeurs IT et métiers (dont 125 en France) interrogés pour cette étude ont reconnu subir de plus en plus de pression pour fournir les logiciels plus rapidement. Et c’est l’un des éléments clés de l’approche, souligne CA.
En France, seules 12% des entreprises se disent en mode DevOps, selon les réponses fournies, contre 24% au niveau mondial. Interrogés sur leurs motivations pour y passer, les responsables français citent 5 raisons principales : pour améliorer la qualité et la performance des applications (citée par une personne sur deux), pour améliorer l’expérience utilisateur (35%), pour déployer simultanément sur des plateformes multiples(35%), pour améliorer la collaboration entres les développeurs et les opérationnels IT (cité par un quart des répondants) et, enfin, à cause d’une utilisation accrue des terminaux mobiles (24%).
En France aussi, le recours accru aux apps mobiles pousse les entreprises à considérer DevOps.
Les entreprises françaises pensent devoir investir pour répondre aux enjeux sur les applications, et donc recruter des experts DevOps, former leurs équipes et modifier leur structure organisationnelle. Néanmoins, elles prévoient des difficultés pour justifier le retour sur investissement (38% des réponses) et estiment devoir faire faire face dans 28% des cas à une organisation en silos impliquant trop de départements.