Les opérateurs télécoms français font de moins belles marges qu'avant mais elles restent encore confortables, selon Bernard Gainnier, Président de PwC France, Maghreb et Afrique. Il s'exprimait lors du forum des télécoms organisé par les Echos, mardi 10 juin.

Pour autant, ces opérateurs ont du pain sur la planche relève le président de PwC : ils doivent réaliser de lourds investissements, faire preuve d'innovation, stopper la guerre des prix,  optimiser leur système d'information et réorganiser leurs équipes. A l'heure où ils doivent déployer de nouveaux réseaux, ils peinent à convaincre les investisseurs au vu de leur chiffre d'affaire et de leurs marges à la baisse. « Les investisseurs n'aiment pas ce genre d'histoire » résume Bernard Gainnier.

« Le pire c'est le sud de l'Europe, le marché a reculé de 14% en Italie par exemple » indique-t-il. « Pour les opérateurs c'est très dur. En Espagne, Telefonica a tenté d'arrêter la subvention des terminaux. C'est Orange Espagne qui a bénéficié de cet essai malheureux en récupérant des abonnés. »

Sur la feuille de route des opérateurs, Bernard Gainnier place l'obligation de gagner en innovation et en agilité. Cela passe par la refonte de leur système d'information en lien avec leur réseau. Actuellement, les opérateurs doivent gérer un assemblage complexe de systèmes, ce qui bride leur réactivité et leur facilité à proposer de nouvelles offres. « Un opérateur comme Bharti a un modèle low cost, innovant et agile en Inde ou en Afrique, cela pose des problèmes à Orange localement » relève Bernard Gainnier.

Des systèmes d'information et une organisation à faire bouger


Il faut plus de souplesse, moins de fossilisation, et un meilleur système de facturation (billing). Le président de Pwc constate que chez Orange, par exemple, il y a beaucoup d'offres et de plateformes. « ATT a fait cette simplification, avec un écosystème de développeurs et en réduisant ces coûts. ATT commence à la réussir.  Ils ont une vision drastique de leur infrastructure, ce qui est difficile à faire. L'organisation interne des opérateurs a du mal à bouger. France Télécom est dans ce cas » pointe Bernard Gainnier. ATT travaille sur ce sujet depuis trois ans.

Côté marché français plus spécifiquement, « j'ai peur que la guerre des prix continue » annonce-t-il. « Le régulateur a tendance à privilégier le consommateur. Or il faut permettre aux opérateurs de vivre, et d'investir » affirme-t-il. Les opérateurs peinent à séduire les investisseurs car ils font face à une réduction de leur marges (Ebitda) et que le chiffre d'affaires est en recul, présente Bernard Gainnier.

Il modère toutefois très vite ce propos : « les marges d'ebitda sont quand même élevées aux alentours de 35% à 38%. Ce ne sont pas des business à faible marge comme la distribution. » Il estime qu'il faut stopper la guerre des prix en France, grâce à plus de discipline et d'innovation. « Par exemple, aux Etats Unis, on trouve des offres famille où l'on partage les volumes de données. Il y a de la place pour ce type d'offres en France. Et il y a de nouveaux marchés comme la e-santé » suggère-t-il.

En France, l'arrivée d'Iliad a fortement perturbé le marché. « Les SMS et la voix ne rapportent plus rien. Il faut se tourner sur la différenciation des offres premium et Web only » propose-t-il. Il conclut « les opérateurs télécoms doivent avoir une vision long terme, ce qui n'est pas simple. »Â