Organisée à Lille les 4 et 5 octobre 2017 à Lille, la Convention de l'USF (association des Utilisateurs SAP Francophones) reste l'événement majeur annuel de l'écosystème SAP en France. Aux matinées de plénières répondent les après-midis d'ateliers. Traditionnellement, la seconde matinée vise à ouvrir des horizons et donner une certaine place à l'éditeur SAP.
Les ateliers roadmap -non-publics et réservés aux membres des commissions concernées de l'USF et aux cadres de l'éditeur- ont ainsi ouvert la matinée avant la plénière. Marc Genevois, Directeur général de SAP France, est ensuite intervenu, amorçant son allocution en présentant le cas Devialet, un créateur de Hi-Fi qui a démarré SAP Business By Design alors que l'entreprise n'avait que neuf salariés et qui en a aujourd'hui 300. Son intervention a voulu d'abord mettre en avant « la proposition de valeur de SAP » et de la plate-forme Hana. Les conflits en cours (accès indirects...) étaient curieusement absents du discours puisque les collaborateurs de SAP sont incroyablement formés à l'écoute des clients selon le directeur général de l'éditeur (même si des progrès restent à faire admet-il). Il a avoué : « Oui nos clients sont dépendants car changer de PGI n'est pas simple mais l'important pour nous est que cette dépendance ne soit pas subie mais voulue. »
De Leonardo aux SAP Quality Awards
Le directeur général a présenté les évolutions de l'offre et les initiatives de l'éditeur. Ainsi, la plate-forme SAP Leonardo sert à la fois au développement mais aussi à utiliser l'intelligence artificielle pour accroître la valeur d'usage et l'innovation dans des projets SAP. L'éditeur veut aussi s'entourer de start-ups et a un programme en la matière. Et SAP a ouvert un Leonardo Center pour accompagner en ateliers d'innovation des clients. Marc Genevois a insisté sur le fait que les mauvaises langues prétendant que la référence pour nommer Leonardo était Leonardo Di Caprio ont tort. SAP aurait d'autres références.
La matinée a aussi été l'occasion de mettre en avant les meilleurs projets SAP de l'année, au travers des trophées SAP Quality Awards remis par l'éditeur. Cette année, le jury comprenait pour la première fois trois représentants de l'USF, présidents de commissions. Tous les lauréats ont gagné une invitation au prochain SAPphire à Orlando pour récompenser leur excellence opérationnelle et l'efficience de l'implémentation.
Les SAP Quality Awards ont récompensé les meilleurs projets SAP
La catégorie Fast Delivery a distingué le distributeur But International (médaille de bronze, projet BO/Hana en trois mois), la PME spécialiste du traitement des algues Algaia (médaille d'argent, SAP All in One en douze semaines pour 25 utilisateurs) et le distributeur antillais Safo (médaille d'or, SAP S/4 Hana Fiori en back office complet en deux mois) qui gère localement les franchises Picard et FNAC.
Dans la catégorie Business Transformation, trois autres entreprises ont été distinguées. Le distributeur Boulanger a été la première (médaille de bronze, SAP Assortment Planning for Retail on Hana pour optimiser l'assortiment dans les magasins, projet mené en quatorze mois). Ont suivi le laboratoire pharmaceutique Guerbet (médaille d'argent, refonte de process métiers sous SAP Business Suite on Hana, projet amorcé il y a cinq ans pour fusionner 25 instances de PGI) et l'opérateur de solutions IT pour transporteurs Amadeus (médaille d'or, SAP Portfolio & Project Management on Hana Enterprise Cloud).
Enfin, dans la catégorie Innovation, trois autres entreprises ont été récompensées, non seulement pour l'innovation disruptive mais aussi pour l'impact business de celle-ci.
Tout d'abord a été distinguée la PME internationale Sef Textile (médaille de bronze, SAP Business By Design pour l'ensemble des flux de gestion, en six mois). Puis le e-commerçant C-Discount (médaille d'argent, SAP SuccessFactors Suite, en six mois pour 1650 utilisateurs) a été récompensé pour sa nouvelle GRH replacée « au coeur du business ». Enfin, la start-up médicale Medaviz (médaille d'or, SAP Business One on Hana) a été récompensée pour un PGI global pour deux utilisateurs internes mais surtout 850 médecins externes.
Par delà l'innovation par le PGI
La seconde matinée de la Convention USF s'est achevée, comme d'habitude, par des conférenciers ouvrant le débat au-delà du thème du PGI. Le premier, Guy Vallancien, « visionnaire de la médecine sans médecin », est ainsi venu expliquer comment on pouvait passer « de l'homme réparé à l'homme augmenté ». Le second le youtubeur Bruce Benamran, de la chaîne e-penser, venant promouvoir l'attitude « Être curieux ».
Le transhumanisme avait déjà été abordé dans plusieurs conventions USF mais Guy Vallancien a apporté une vision de médecin hospitalier. Avec le numérique, a-t-il raconté, le chirurgien ne plonge plus ses mains dans le corps malade mais utilise des joysticks manipulant des robots, dépassant les limitations anatomiques pour manipuler les instruments. Et le médecin attend son remplacement par l'intelligence artificielle pour le diagnostic. Guy Vallancien a regretté le manque de vision des industriels français dans la robotique et le numérique, nos talentueux ingénieurs voyant leurs start-ups rachetées par des sociétés étrangères faute d'intérêt national.
L'immortalité ferait de nous tous des « vieux cons »
Mais Guy Vallancien ne pense pas que les médecins disparaîtront pourvu qu'ils sachent avoir une vraie valeur ajoutée humaine, valeur ajoutée à laquelle ils ne sont pas habitués ou formés. Les médecins agissant comme des robots seront à l'inverse remplacés par des robots. Mais les machines ne seront jamais, pour lui, capables d'empathie, d'émotions, d'idéal...
Selon le médecin, les outils numériques peuvent augmenter les capacités mais il est très méfiant vis-à-vis du transhumanisme, de l'augmentation physique directe de l'humanité. Car, dès lors, l'homme devient dépendant de la technique et surtout du fournisseur de la technique. Même l'immortalité lui semble non-souhaitable : les gens doivent « faire leur temps », surtout à une époque où l'innovation va vite et ne peut que dépasser des « vieux cons » âgés de mille ans. Ou même de plus de cent ans.
Transmettre l'innovation
« Je pars avec un handicap parce que l'intervenant précédant sauve des vies » a soupiré Bruce Benamran. Bien que « simple » informaticien à l'origine, il s'est lancé dans la vulgarisation scientifique sur YouTube à une époque où des chaînes sur le sujet n'existaient qu'en Anglais. Et il en a fait son métier. Il n'innove pas mais raconte (avec talent et humour) l'innovation. L'humour, le discours digressif et les anecdotes permettent d'attirer les gens qui découvrent que des sujets très techniques de diverses sciences les passionnent. Car la curiosité est un moteur extraordinaire.