La France est un bon terreau pour les start-ups, notamment dans le secteur high-tech, même si les pouvoirs publics peinent à créer un cadre propice à  leur croissance au-delà de l'amorçage et des premières étapes de développement. S'il existe déjà de nombreux incubateurs pour accompagner les jeunes pousses innovantes, à Paris et en région, le projet de la Halle Freyssinet est sans conteste le plus ambitieux. Centré sur le numérique et soutenu financièrement par le PDG de Free Xavier Niel (à 90%, le reste venant de la Caisse des Dépôts), le lieu doit accueillir en 2016 un millier de start-ups, soit environ 3 000 emplois. Le 22 octobre dernier, François Hollande, président de la République, est venu poser symboliquement la première pierre du chantier, sur cet ancien entrepôt de la SNCF situé dans le 13ème arrondissement de Paris. Devant une brochette de politiques franciliens et de secrétaires d'Etat (*), le chef de l'Etat a indiqué que Paris était « la première ville d'Europe pour les incubateurs d'entreprise, avec déjà plus de 100 000 m2 » qui leur sont consacrés. Et de citer la pépinière d'entreprises du Crédit Agricole qui vient d'être inaugurée rue de la Boétie, l'Orange Fab, ou encore le Welcome City Lab dans le domaine du tourisme. Sans oublier parmi les initiatives en faveur des start-ups, le French Tech Hub.
La Halle Freyssinet telle qu'elle devrait être en 2016 (crédit : Images 3D Wilmotte & Associés)
François Hollande a rappelé que le rôle de l'État était, en la matière, d'accompagner le mouvement, de créer un écosystème pour le financement de l'innovation. Il a souligné par ailleurs que le crédit impôt recherche serait sanctuarisé, dans toutes ses dimensions et tous ses critères, jusqu'à la fin de son quinquennat. A la Halle Freyssinet, les start-ups disposeront d'un espace de travail de 33 747 m2.
Un Centre d'Innovation Numérique se prépare à Bordeaux
Autre lieu, autre projet. A Bordeaux, la Cité Numérique affiche ses ambitions régionales, devenir le pôle d'excellence des usages numériques en Aquitaine. Là aussi, les partenaires engagés dans l'initiative (**) tirent parti d'un lieu à reconvertir, un ancien centre de tri de La Poste qui va être rénové pour devenir le Centre d'Innovation Numérique. Les travaux vont débuter l'été prochain pour une livraison prévue entre octobre et décembre 2016. Première concrétisation de ce projet, le Tripo réunit sur un plateau des start-ups à différents stades de leur création, de l'incubation à l'amorçage, accompagnées par la technopole Bordeaux Unitec.
Installé sur un ancien centre de tri de La Poste, le Centre d'Innovation Numérique ouvrira fin 2016 à Bordeaux (crédit : Philippe Caumes).
Une dizaine de jeunes pousses sont suivies parmi lesquelles FabZat (produits personnalisés en impression 3D pour les éditeurs de jeux vidéos), Novo3D (numérisation de patrimoine architectural historique et présentation dans des univers 3D), Rocketfid (solution SaaS de fidélisation, gamification), Hello Asso (plateforme de crowdfunding pour le secteur associatif), Switcharound (réseau de sous-location de logements étudiants) ou encore Demooz (plateforme web permettant d'essayer un produit en conditions réelles d'utilisation avant de l'acheter). A terme, le futur Centre d'Innovation Numérique rassemblera sur 2 300 m2 une couveuse, une pépinière et un hôtel d'entreprises. Il pourra accueillir 70 projets.
A Marseille, Belle de Mai a soutenu 147 projets en 15 ans
A quelques centaines kilomètres de là , sur la côte méditerranéenne, l'incubateur multimédia Belle de Mai poursuit son parcours entamé dès 1999 à Marseille. En 15 ans, cet accélérateur de start-ups numériques a suivi et soutenu financièrement 147 projets d'entreprises innovantes. Aujourd'hui, 107 d'entre elles ont créé 420 emplois. Parmi les sociétés portées figurent par exemple SeekioTech, un spécialiste de la reconnaissance vocale, ou encore Kalyzée, dans le domaine du marketing, qui enrichit les contenus audiovisuels par incrustation d'éléments interactifs. Belle de Mai s'inscrit dans le mouvement French Tech (EBlink ou Bime), lancé fin 2013 par le secrétariat d'Etat au numérique pour mobiliser un écosystème autour des start-ups françaises du numérique. En 2015, l'incubateur veut doubler le nombre d'entrepreneurs suivis.
Parmi les nombreuses autres initiatives figurent aussi, entre autres, l'incubateur Boucicaut à Paris et la Cité de l'Innovation d'Alcatel-Lucent.
 (*) Anne Hidalgo, maire de Paris, Jean-Paul Huchon, président du conseil régional, Geneviève Fioraso, secrétaire d'Etat à l'enseignement supérieur et à la recherche, Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat chargée du numérique et Fleur Pellerin, désormais ministre de la Culture, mais qui s'est intéressée au dossier d'incubation de la Halle Freyssinet dont le projet architectural a été confié à l'architecte Jean-Michel Wilmotte.
(**) La Cité Numérique est portée par la CUB, le Conseil régional d'Aquitaine, l'EPA Bordeaux-Euratlantique, la Ville de Bègles et la Caisse des Dépôts et Consignations.