Alors que le scénario d'une fraude de grande ampleur visant les machines de vote électronique aux Etats-Unis a tourmenté les dernières élections présidentielles outre-Atlantique, la France ne veut prendre aucun risque. Sur les conseils de l'ANSSI, le ministère des Affaires étrangères a pris la décision de ne pas permettre aux Français de l'étranger de pouvoir voter en ligne aux élections législatives de juin prochain. « Cette décision a été prise sur la base des recommandations des experts de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes informatiques et en tenant compte du niveau de menace extrêmement élevé de cyberattaques qui pourrait affecter le déroulement du vote électronique », explique le Quai d'Orsay dans un communiqué. « En raison de ce contexte, il a été jugé préférable de ne prendre aucun risque de nature à compromettre le scrutin législatif pour les Français de l’étranger. »
S'il est de notoriété publique que l'ANSSI (et en particulier son directeur général Guillaume Poupard) s'est toujours montrée très réservée sur la sécurisation du vote électronique, cette décision fait néanmoins réagir au sein de la classe politique. « La cybermenace a bon dos : cela fait plusieurs mois que le sujet est sur la table. Il était tout à fait possible de prendre cette décision quand il en était encore temps. Mais modifier les conditions d’un scrutin à trois mois de la tenue du vote, c’est digne des régimes dictatoriaux », s'est ainsi emportée Axelle Lemaire, ex-secrétaire d'Etat chargée du numérique et actuellement en campagne dans la 3e circonscription de l'étranger.
Une décision similaire aux Pays-Bas
De l'autre bord politique, c'est également la consternation pour de nombreux députés dont notamment Frédéric Lefebvre. « La décision du gouvernement de supprimer le droit de vote électronique pour les législatives est inacceptable », a tweeté le député Les Républicains de la 1ère circonscription des Français établis hors de France. Une pétition en ligne a d'ailleurs été lancée pour tenter de peser sur un éventuel retour en arrière. Mais rien n'est moins sûr : avant la France, les Pays-Bas ont aussi annoncé renoncer au vote électronique pour leurs législatives, craignant un fort risque de piratage.