Recruter des profils IT à l’international pourrait être un moyen de contourner la pénurie de compétences qui sévit dans le secteur numérique en France. Pourtant, c’est loin d’être le cas, révèle le rapport Tech Talents 2022 réalisé par Remote. En effet, selon les résultats, les firmes numériques françaises sont peu enclines au recrutement en dehors des frontières. En effet, seules 11 % d’entre elles embauchent à l'étranger dans le but de pourvoir des postes technologiques, soit le taux le plus bas en comparaison à la moyenne globale (29 %). A l’inverse, les Pays-Bas (40 %) sont largement en tête des pays qui recrutent le plus à l’étranger pour répondre au manque d’informaticiens dans leurs marchés. Derrière, on trouve le Royaume-Uni (25 %), l’Allemagne (23 %) et les États-Unis (20 %).
L’étude indique également que 62 % des entreprises françaises du digital continuent de privilégier l’Hexagone dans leurs recherches de candidats, même si 16 % admettent rencontrer des difficultés à trouver les compétences IT adéquates. D’ailleurs, une proportion non-négligeable (17 %) considère Paris comme un vivier de professionnels du numérique. Pour ce qui est de recruter à l'étranger, plus des deux tiers (78 %) des entreprises françaises du domaine des technologies se tournent vers les écosystèmes les plus anciens comme New York, Londres, Berlin ou San Francisco. Des pôles émergents tels que Buenos Aires, Helsinki et Guadalajara sont cependant pris en compte par presque la moitié des répondants (46 %).
Lorsqu’elles recrutent à l’échelle mondiale, plus des deux tiers des entreprises en France se tournent vers les écosystèmes numériques établis depuis longtemps tels que New York, Londres, Berlin ou San Francisco ; (Source : Remote/Crédit image : Remote)
Des lacunes sur la législation et la culture du travail
L'étude révèle toutefois que 24 % des entreprises françaises ont déjà tenté ou tentent d’embaucher à l’international pour des postes techniques. Si 11 % d'entre elles s'affranchissent des contraintes géographiques afin de lutter contre la pénurie de talents, d’autres (46 %) le font pour diversifier leurs équipes ou pour tester de manière stratégique de nouveaux marchés avant de s’y implanter (35 %). Par ailleurs, 22 % des employeurs de la filière digitale ont saisi l'occasion de la démocratisation du travail à distance, à la suite de la pandémie, pour élargir leurs recherches.
Parmi les des deux tiers (62 %) des recruteurs qui continuent à axer leurs stratégies d’embauche principalement dans l’Hexagone, 24 % d’entre eux affirment le faire en grande partie à cause de leur manque d’expérience et de connaissances des autres marchés. Ainsi, 29 % font état de leurs ignorances des exigences légales locales tandis qu’une proportion légèrement inférieure (25 %) s’inquiète de la barrière de la langue. Les autres obstacles cités incluent la différence dans les cultures de travail (36 %) et le fait de devoir collaborer sur plusieurs fuseaux horaires (29 % des répondants).
Des compétences internationales prêtes à l'emploi
Les réglementations locales en matière de paye (22 %), la compréhension des avantages sociaux locaux (22 %) et les niveaux de salaire (14 %) incitent également les entreprises à ne recruter que sur leurs propres marchés. Malgré ces bémols, Remote considère que les opportunités de recrutement à l’échelle mondiale sont immenses et que ces obstacles à l’embauche des meilleurs candidats ne sont que minimes. « Les talents technologiques n'ont pas disparu, ils sont simplement répartis dans le monde entier, et les entreprises doivent surmonter les difficultés pour aller les recruter là où ils se trouvent », souligne ainsi Job van der Voort, CEO et cofondateur de la plateforme de gestion des mobilités, en conclusion de cette étude.