Alors que le nombre moyen d'applications présentes dans les grandes entreprises continue de grimper, passant de 976 à 1061 entre 2022 et 2023, les enjeux d'intégration restent une épine dans le pied des DSI. C'est le principal constat qui ressort du Connectivity Benchmark 2023 publié par l'éditeur MuleSoft, avec 80 % des responsables informatiques interrogés qui considèrent que l'intégration entre applications freine encore en partie, voire beaucoup, leur transformation digitale. Toutefois, la tendance semble être à l'amélioration dans ce domaine, car l'année précédente les répondants étaient 88% à partager cet avis.
L'étude relève quelques raisons d'espérer. Ainsi, dans le rapport 2023, 48% des répondants sont parvenus à livrer tous les projets IT demandés, contre 43% seulement l'année précédente. Mieux encore, 30% seulement des projets ont été livrés en retard sur le planning, contre 52% en 2022. Enfin, 69% des organisations interrogées sont en avance sur leur feuille de route digitale. Les infrastructures legacy demeurent cependant un facteur bloquant pour 54% des professionnels interrogés, qu'il s'agisse d'intégrer de nouvelles applications ou de changer les applications existantes. Mais ce taux chute fortement par rapport à l'édition précédente, où il était supérieur à 70%. La modernisation et l'ouverture du patrimoine existant semblent donc bien enclenchées chez une proportion croissante d'entreprises.
40% du temps des équipes IT passé à développer des intégrations spécifiques
Toutefois, selon l'édition 2023 de l'enquête, les applications intégrées ne représentent que 29% du total en moyenne, ce qui signifie que plus de 70% des applications fonctionnent encore en silos, avec tous les impacts négatifs associés : hausse des coûts, expériences utilisateurs fragmentées, pertes de productivité, etc. Dans ce contexte, rien d'étonnant à voir l'intégration d'applications et de données cloisonnées figurer en tête des freins rencontrés par les responsables informatiques en matière de transformation digitale, citée par 36% des sondés. Un chiffre au même niveau que le manque de compétences au sein des équipes IT en place et que les enjeux de gestion des risques et de conformité. Par ailleurs, les échecs des projets de transformation voient leur coût grimper, atteignant 9,5 millions de dollars par an (8,93 M€), soit bien plus que les 6,8 millions (6,4 M€) estimés l'année dernière.
Le faible taux d'applications intégrées peut s'expliquer par le recours encore fréquent au développement spécifique pour les interfaces interapplicatives. L'étude révèle en effet que les entreprises s'appuient toujours beaucoup sur ces intégrations sur mesure : lors de l'année écoulée, les répondants estiment que les équipes IT ont passé plus de 40 % de leur temps à développer et tester de telles intégrations, pour un coût moyen que l'étude évalue à 4,7 millions de dollars (environ 4,39 M€), contre 3,7 millions de dollars dans l'édition 2022 (3,46 M€). L'approche semble toutefois se standardiser, avec 99% des répondants qui utilisent ou développent aujourd'hui des API pour l'intégration. Parmi eux, plus de la moitié (55%) exploitent à la fois des API publiques et privées. Le développement d'API fait partie du processus de développement de nouveaux projets chez 53% des sondés, et autant s'en servent pour l'intégration d'applications. Plus de 4 sur 10 gèrent ces API comme de véritables produits, 41% des répondants indiquent qu'elles sont réutilisables et plus de 3 organisations sur 10 exposent ces API à de tierces parties.
L'étude témoigne aussi d'une volonté croissante des entreprises de se tourner vers l'automatisation robotique des processus (RPA), avec un tiers des répondants prévoyant d'investir dans ces technologies, contre seulement 13% en 2020. Et ces besoins d'automatisation et d'intégration sont présents dans la plupart des fonctions, pas seulement l'IT. Des data scientists aux RH, en passant par le marketing, la finance ou le service client, entre 52% et 64% des répondants ont ainsi constaté de telles attentes.