Chez Atos, la longue séquence financière semble laisser la place au volet social. La SSII a vu son effectif fondre de 10,3% sur un an à 82 211 employés. « A la suite de la fin de certains contrats en Amériques et au Royaume-Uni, la SSII a transféré environ 4 900 employés vers des prestataires. En excluant ces transferts, les effectifs ont diminué d’environ 5% », avait expliqué Atos dans un communiqué annonçant des résultats financiers en berne pour le 3e trimestre 2024. La filiale Eviden est particulièrement concernée par cette réduction avec 380 emplois en moins, selon les informations de La Lettre, sans qu’il n’y ait de plan social. Didier Moulin, délégué syndical central d’Eviden France nous explique : « Pour Eviden France qui a une population de 5000 salariés, l’entité diminuera de quelque 300 salariés en 2024, des départs non remplacés, auxquels il faut ajouter les 655 salariés de Worldgrid qui iront chez Alten au 1er décembre, soit au total 20 % des effectifs. En 2025, il est déjà annoncé une réduction de 382 emplois sur Eviden France par le comité européen. Auxquels on pourrait ajouter la probable vente des activités stratégiques qui comptent 2167 salariés ».
Pour la CGT ce décompte mortifère aboutirait en projection à une diminution de 70% des salariés Eviden France. Dans un article interne, l’organisation syndicale pointe une diminution de l’effectif global continue avec 147 sorties et 129 entrées. « Depuis le début de l’année, Eviden France a perdu 269 salariés non remplacés. Le nombre de ruptures conventionnelles est faible ce mois, avec 2 départs, pour un total de 40 en cumulé cette année. Quant au turn-over, il est actuellement de 17 %, un taux qui concerne la plupart des SSII », nous précise Didier Moulin. Du point de vue de la répartition, le représentant du personnel d’Eviden France évoque certains départs pour insuffisance professionnelle, d’autres dus à la pyramide des âges de la société, sachant que 25% des collaborateurs sont éligibles à la retraite, ainsi qu’un fort taux de turnover chez les juniors. « 65% des jeunes entrants restent moins de trois ans dans l’entreprise. », nous signale le représentant du personnel.
Des manques dans la fidélisation des salariés
La CGT, inquiète d’éventuelles pressions sur les salariés, a demandé la répartition des notes de performance management. Il semble qu’il n’y a rien d’alarmant statistiquement. « Au premier semestre, 4% des évaluations sont égales ou inférieures à la note de 3, 46 % et représentent la note 4, et 27% des salariés ont eu une note de 5 ou 6, tandis que 23 % ne sont pas notés, ce qui est comparable aux deux exercices précédents », livre l’organisation syndicale. L’une des explications possibles à cette fuite de cerveaux serait due à une politique de fidélisation insuffisante et à l’absence de leviers pour valoriser les salariés. « Les formations sont au plus bas et ne représentent que 1,7 j/an par personne, contre 3,4 en 2022, et on demande toujours plus en résultats et marges », regrette Didier Moulin.
Sans compter les intercontrats, avec 210 collaborateurs dans cette situation, essentiellement dans les activités OneCloud, OneData, Digital et SAP. La CGT ajoute que 47% des salariés en interchantier sont des juniors et que la durée moyenne en interchantier d’un salarié est de 145 jours. Pour le délégué syndical, cette décroissance des effectifs pourrait peser sur les résultats d’Eviden France et fragiliser le business plan annoncé pour 2024/2028. « L’ambition semble ne pas changer : retrouver la marge de 2019 en … 2029. Et le business plan suit la logique et est « stable » depuis le projet de scission Atos-Eviden
Des réductions allant à l'encontre de services de l'Etat
« Il s’agit de gagner deux points de marge par an, en usant des recettes suivantes : junioriser, offshoriser, augmenter les marges par tous les moyens, faire plus d’économies de fonctionnement, activer fortement la GenAI », déplore Didier Moulin. Ce dernier souligne également que 75 % du chiffre d’affaires d’Eviden est dans le secteur public sans compter les clients parapublics et autres institutions. « Nous restons un acteur fondamental des services de souveraineté numérique pour la Nation », insiste la CGT d’Eviden. Contactée, la direction de l’ESN na pas répondu à nos questions a l’heure ou nous publions ces informations.