Si le secteur technologique a souffert en 2022, avec des plans sociaux d'une ampleur rarement vue depuis longtemps, les fonctions IT au sein des entreprises semblent davantage épargnées. Le contexte géopolitique et l'inflation n'ont pas freiné les intentions de recrutement des DSI, selon une étude récemment publiée par Gartner : sur 182 DSI d'entreprises réalisant un milliard de dollars ou plus de chiffre d'affaires, 81% prévoient ainsi d'accroître la taille de leurs équipes IT. Les répondants, qui proviennent d'Amérique du Nord, d'Europe, Afrique et Moyen-Orient ou d'Asie-Pacifique, ne sont que 14% à anticiper une baisse, et 5% s'attendent à une stabilité de leurs effectifs.
Parmi les DSI qui prévoient de recruter, 67% projettent une croissance d'au moins 10% de leurs équipes. Et leur motivation principale est de pouvoir accompagner plus rapidement les initiatives numériques de leur organisation. « Les entreprises ont lancé de nombreuses initiatives digitales au cours des deux dernières années, l'excellence opérationnelle et l'expérience des clients ou des citoyens étant les deux thématiques les plus populaires », observe Jose Ramirez, analyste en chef senior chez Gartner.
Les impacts de la volatilité économique sur le recrutement informatique. Source : Enquête Gartner, 2023 IT Talent Outlook for Large Enterprises.
L'IA pas encore stratégique pour augmenter les capacités des équipes
Alors que la plupart des DSI cherchent toujours à recruter, ils se heurtent encore à des difficultés, mais celles-ci ont un peu évolué avec le contexte économique actuel : celui-ci a notamment ralenti les recrutements IT pour 41% des répondants, tandis que 35% doivent composer avec un budget global en baisse. Enfin, 29% ont tout de même témoigné d'un gel des recrutements IT. En réponse à ces enjeux, les DSI assouplissent certaines de leurs exigences, notamment sur la localisation géographique des candidats ou la fiche de poste. Par ailleurs, l'IA, souvent présentée comme un levier de productivité pour les équipes IT, n'apparaît pas, pour le moment, comme une réponse privilégiée face à ces enjeux, avec 4% seulement des DSI interrogés qui utilisent ces technologies pour augmenter les capacités de leurs équipes. Jose Ramirez explique cet étiage bas par les délais d'adoption et de mise en oeuvre dans les entreprises, ainsi que par les courbes d'apprentissage associées.
L'enquête souligne également le fait que l'essentiel des tâches IT dans les entreprises est toujours réalisé en interne : 56% du travail est effectué par des employés à plein temps, et 9% seulement est délégué à des outils d'automatisation ou d'IA. « Répondre aux impératifs de la transformation digitale repose sur des ETP (équivalent temps plein), ce qui explique pourquoi les DSI de grands groupes prévoient d'augmenter leurs effectifs en 2023 », note Jose Ramirez. Et cette réinternalisation des compétences clefs se confirme par les résultats de la dernière étude menée par CIO, qui sera présentée à l'occasion de notre grand théma de juillet : sur 218 répondants, 46% ont réinternalisé des compétences IT, auxquels s'ajoutent 7% chez qui le mouvement est en cours, soit plus d'une organisation sur deux au total.
Equilibre entre compétences techniques et culture d'entreprise
Pour recruter, les DSI recherchent toujours un équilibre entre les compétences techniques (les plus demandées concernant la cybersécurité, les plateformes cloud et l'expérience utilisateur), les savoir-être (communication, aisance relationnelle) et l'adéquation culturelle avec l'entreprise. Près de la moitié des répondants prévoient également d'investir dans des programmes de formation pour ajuster les compétences de leurs équipes IT avec les objectifs de l'entreprise. 46% souhaitent également mettre en place des équipes transverses et tout autant veulent automatiser certains workflows afin de libérer du temps.