La presse, nous y compris, a déjà beaucoup écrit sur la nouvelle gouvernance de l'IT au sein de l'entreprise et le rôle du DSI. Désireuse d'amener sa pierre à l'édifice, l'AFAI (Association française de l'audit et du conseil informatiques) a placé ces interrogations au coeur d'un événement qu'elle organisait jeudi 4 décembre 2014 dans les murs de l'université Paris Dauphine. « Aujourd'hui, il faut intégrer la gouvernance au sein de référentiels », argue Patrick Stachtchenko [en photo], président d'honneur de l'ISACA (Information Systems Audit and Control Association) qui a notamment mis en place le référentiel de bonnes pratiques Cobit 5. Conscient de prêcher pour son Eglise, il rappelle qu'aujourd'hui les prises de décisions sont motivées en première partie par l'intérêt des individus. Or c'est une des principales données que prend en compte le référentiel Cobit 5. La gouvernance de l'IT doit intégrer cette donnée pour bien tenir compte de ces spécificités.
Il est rejoint sur ce point par Hubert Tournier, directeur général adjoint de la STIME, la DSI filialisée du Groupement des Mousquetaires. « Aujourd'hui, beaucoup de gens pensent à eux et à leurs intérêts et réalisent leurs démarches sans en référer à la DSI », explique-t-il. Selon lui, il faut trouver un moyen de les obliger à collaborer avec la direction des services d'information, sans pour autant tomber dans un système répressif. « La solution que nous avons développée avec la STIME a été de mettre en place un vrai cabinet d'audit interne pour pouvoir apporter une réelle valeur ajoutée aux métiers », raconte Hubert Tournier. Toutefois, ce mode de fonctionnement est plus tourné vers les métiers que vers l'IT. Il ajoute : « En soit ce n'est pas vraiment le rôle du DSI mais plutôt d'un directeur général de mettre en place cette démarche ».
Frédéric Charles, DSI de la Lyonnaise des Eaux, pointe une autre évolution de la fonction de directeur informatique. « Aujourd'hui, il doit se battre sur quatre fronts : les utilisateurs, les métiers, les clients et l'usine à services. Il fait le grand écart », explique-t-il. Selon lui, l'industrie est aujourd'hui de plus en plus tirée par les objets connectés et l'applicatif devient de plus en plus important. « Les DSI vont devoir se remettre à fabriquer des applications », lâche Frédéric Charles. Il découlera de cette tendance de nouvelles fonctions dont celles de CDO (Chief Digital Officer). Pour le DSI de la Lyonnaise des Eaux, ce dernier sera le garant de l'identité digitale de l'entreprise. « En somme, les DSI ne vont pas disparaître mais nous ne savons pas encore très bien quel sera leur rôle ».