En structurant les informations de durabilité que les entreprises doivent publier, la CSRD ouvre la voie à la comptabilité extrafinancière ou de durabilité. Et les normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards) sont la pierre angulaire du reporting à délivrer. Les entreprises doivent s'y conformer dans l'élaboration de leur rapport de gestion. Les effets de cette réglementation iront au-delà des entreprises éligibles et, par effet domino, embarqueront leurs parties prenantes, quels que soient leur taille et leur profil. Celles-ci doivent donc s'y préparer également dès aujourd'hui.
Cela signifie mettre en place l'organisation adéquate, mobiliser les ressources et les expertises appropriées en regard, garantes de la fiabilité et de l'auditabilité, mais aussi s'outiller. Ces projets sont en effet structurants et engageants, au même titre que l'informatisation d'autres processus clés de l'entreprise (comptabilité, finance, RH, vente...) et l'information attendue doit être numérisée et tracée.
Un rôle clé à jouer pour les DSI
Les DSI ont un rôle clé à jouer dans cette dynamique, à plusieurs niveaux. En aidant au choix et à l'implémentation de la solution logicielle de reporting de durabilité la plus pertinente compte tenu du contexte de leur entreprise et de son existant. En fournissant les données de durabilité portant sur leur périmètre IT. Sur ce registre, les DSI sont à la recherche de solutions d'automatisation de l'évaluation de l'empreinte carbone de leur IT, encore aujourd'hui majoritairement réalisée en mode manuel (ou à l'aide de tableurs).
Des logiciels existent aujourd'hui sur le marché en réponse aux fortes attentes des entreprises en la matière. Nous avons identifié près d'une cinquantaine de solutions. Leurs champs d'application, leurs finalités, les méthodologies utilisées, notamment dans les approches d'évaluation d'impacts ou plus largement de bilan carbone, sont cependant très différents. Ces logiciels peuvent également ne pas fournir suffisamment d'informations sur les données utilisées pour leurs modèles (évaluation d'impact, bilan carbone).
Quatre axes de choix des logiciels
Indépendamment de leur mode de distribution et de consommation (SaaS, open source, licences sur site), ces solutions peuvent être cartographiées suivant quatre grands axes. Le premier est leur finalité : aide à la collecte de données (notamment l'inventaire, base de toute évaluation d'impact ou de bilan carbone), évaluation et suivi des progrès dans le temps, reporting interne ou de conformité, notamment dans la perspective de l'application de la CSRD. Le second est le périmètre visé : l'ensemble de l'activité de l'entreprise ou un domaine métier précis, comme celui de l'IT. Sur ce dernier, certaines solutions ne s'intéressent plus précisément qu'aux applications web et mobiles ou couvrent un périmètre plus large (des infrastructures de datacenters aux réseaux en passant par les applications sur site ou dans le cloud, et en intégrant le workspace). Il s'agit de valider si le logiciel couvre l'ensemble des composantes de l'ESG ou se concentre sur un domaine précis de celui-ci, mais de manière plus granulaire pour identifier et faire jouer certains leviers d'action au plus juste.
Troisième axe, les méthodologies. Dans le cas de l'impact environnemental, il faut savoir si les évaluations s'appuient sur des référentiels reconnus ou des normes de type ISO 14040 spécifiques au management environnemental, si l'évaluation effectuée est monocritère ou multicritères. Il n'existe par exemple pas d'outil pour évaluer l'impact de critères environnementaux tels que l'eau et les déchets électroniques, comme il en existe pour les émissions de GES (gaz à effet de serre). Les solutions adoptant une approche multicritères anticipent quant à elles les besoins à venir. Pour le bilan carbone, il faut identifier la méthodologie sur laquelle repose le calcul effectué (GHG Protocol ou bilan carbone par exemple). Le quatrième et dernier axe comprend l'expertise des équipes, l'écosystème dans lequel s'intègre la solution et ses capacités en ce qui concerne les APIs (et plus largement l'intégration avec les systèmes existants de l'entreprise et des systèmes tiers), la structure du capital (plus de 80% de ces éditeurs de logiciels sont de jeunes pousses), la typologie des clients et le taux de rétention associé, sa pérennité, etc.
Au-delà, les fonctions importantes à prendre en compte portent sur les capacités du logiciel à collecter des données à partir de sources internes et externes (essentielles dans les phases d'inventaire), à les analyser pour identifier les leviers de performance, à les visualiser ensuite pour communiquer les résultats de manière claire et concise. Le choix d'un logiciel de reporting de durabilité est une décision importante. C'est un engagement stratégique de long terme. Avec la CSRD et l'intégration de critères ESG dans les modèles d'affaires, les DSI ont une opportunité d'accompagner leur entreprise dans la transition demandée et de monter ainsi en compétences pour leur propre périmètre d'activité.
Les DSI au défi du choix de solutions de reporting ESG
Alors que la CSRD entre en vigueur progressivement à partir du 1er janvier, les DSI sont de plus en plus sollicitées par leur direction générale, pour remonter et faire le suivi des données relevant de leur périmètre, mais aussi pour aider au choix de logiciels de reporting de durabilité couvrant l'ensemble du spectre environnemental, sociétal et de gouvernance (ESG).