« Nous démarrons souvent en mode shadow IT pour répondre à des besoins spécifiques quand les utilisateurs ont besoin de plus de ressources de stockage en mode objet », nous a indiqué, en décembre dernier à Palo Alto, Anand Babu Periasamy, le CEO et cofondateur de Minio, une start-up spécialisée dans le stockage objet. Cette jeune pousse, que nous suivons depuis plusieurs années, a aujourd’hui le vent en poupe avec de nombreux partenariats – Datera, Nutanix, Portworx et Qumulo par exemple – et une présence chez 80 compagnies du Fortune 100 et les 150 banques les plus importantes de la planète. Le CEO apporte deux raisons pour expliquer ce succès : les performances de sa plateforme dans les environnements NVMe et la possibilité de créer un espace objet dans un cloud privé pour des raisons de sécurité ou de conformité. « Splunk a, par exemple, besoin de stockage objet pour travailler, nous entrons donc les entreprises grâce aux besoins de ces applications », remonte le CEO (voir illustration ci-dessous). « Les données sont plus importantes que le cloud », assure le dirigeant.
La suite Minio vient servir certaines applications friandes de stockage objet.(Crédit Minio)
« 62% de toutes nos instances sont des containers, 27% de ces instances sont pilotées avec Kubernetes et 3% seulement sont des passerelles (NAS, S3, Azure et GCP). Ce dernier chiffre était de 9 ou 12%, il y a encore un an. Et, Linux domine largement avec 81% des instances contre 14% pour Windows », analyse Anand Babu Periasamy. Minio déploie donc des appliances objet – sur base Dell, HPE, Cisco et Lenovo - un peu partout et ne se contente plus d’être une simple passerelle vers les clouds publics compatibles S3. Et depuis peu, la start-up s’est focalisée sur la performance NVMe dans les environnements cloud privé. Selon ses benchmarks sur S3, la solution Minio dans une configuration 8 nœuds se montre jusqu’à 4 fois plus rapide qu'une alternative 16 nœuds avec des disques durs (voir illustration ci-dessous). Et toujours selon ces tests, un serveur Minio délivre aussi plus performance qu’une plateforme HDFS.
Les benchmarks de Minio avec des clusters de disques durs et de SSD NVMe. (crédit Minio)
5% des déploiements Minio en France
« Nous gagnons de l’argent avec le support et grâce à certains clients », a précisé le dirigeant. « Notre chiffre d’affaires est en croissance même si nous ne pouvons pas donner d’indications précises ». Les marchés américains et européens dominent aujourd’hui pour les déploiements de serveurs Minio, suivis par la Chine. En Europe, 6% des téléchargements proviennent du Royaume-Uni, 8% de l’Allemagne, 5% de France... Les déploiements les plus nombreux se font dans l’industrie logicielle, suivie de près par les secteurs de la finance et de la santé. « Les utilisateurs ne savent pas qui nous sommes avant d’avoir téléchargé notre solution. Il s’agit d’être patient et de laisser l’expérience utilisateur parler. Nous mesurons ensuite les bénéfices. Oui, nous sommes open source, mais avant tout, nous sommes simples ». Pour les tarifs, si la version open source est gratuite avec un support assuré par la communauté dans un groupe de discussions Slack, la version Standard est facturée 0,01 dollar le Go/mois et la déclinaison Enterprise 0,02 dollar le Go/mois. Une proposition Site License est facturée en fonction du périmètre. « A notre point de développement, changer le modèle de licence n’est pas un problème. Nous sommes confortables avec notre modèle en souscription. Plus de mises en production, nécessitent plus de support », nous a indiqué le CEO, « mais nous ne voulons pas freiner notre progression […] Désormais considéré comme un outsider d'AWS, nous sommes devenus le standard pour S3 dans les entreprises ».
Avec une concurrence emmenée par Hitachi, NetApp et Scality, selon le dernier baromètre IDC, le marché du stockage en mode objet a gagné en maturité même si la profitabilité reste difficile. « Au cours des dernières années, le stockage objet a prouvé sa capacité à s'adapter à des dizaines et des centaines de pétaoctets et il est en train de mûrir pour supporter des charges de travail plus récentes telles que l'analyse de données non-structurées, l'IoT, l'IA/ML/DL, etc. » rapporte Amita Potnis, directrice de recherche sur les systèmes d’infrastructures chez IDC.
Dans le classement d'IDC, IBM et Dell Technologies suivent les trois leaders. Viennen ensuite mes « Major Players » : Caringo, Cloudian, Red Hat, SUSE, SwitftStack et Western Digital. Et enfin, les prétendants que sont OpenIO et StorageCraft. (Crédit : IDC)