Les disques peinent à suivre la montée en puissance des serveurs
Du fait de la loi de Moore, la vitesse des processeurs des serveurs a progressé tellement vite qu'ils menacent de faire sombrer les systèmes de stockage, dont l'amélioration est plus lente. Si les disques durs doublent de capacité tous les 18 mois - encore la loi de Moore - l'amélioration de leur vitesse ne suit pas celle du rythme des serveurs. En même temps que la demande d'espace de stockage physique augmente, les serveurs de plus en plus puissants réclament davantage de rapidité dans le transfert des données.
"Il y a des cycles technologiques différents qui se chevauchent," a déclaré M. Hu Yoshida, CTO de Hitachi Data Systems, dans un entretien accordé à Network World sur les tendances en matière de stockage de données. "Parfois, les processeurs sont en avance, d'autres fois ce sont les technologies de stockage. Aujourd'hui, la tendance est à l'amélioration des serveurs. Mais la manière dont nous les utilisons aujourd'hui, avec des processeurs multicoeurs, des machines virtuelles, dépasse les capacités techniques des systèmes de stockage."
Le SSD, rapide, mais pas durable
Parce que les disques SSD sont beaucoup plus rapides que les disques durs rotatifs, il est possible que les premiers remplacent un jour les seconds et deviennent le support principal pour le stockage de données. Sauf que la technologie flash disponible actuellement ne peut dépasser les 100.000 cycles d'écriture. " Les constructeurs cherchent à fabriquer une mémoire flash plus durable, mais la mémoire SSD existante ne peut remplacer les disques durs mécaniques de manière adéquate, " indique M. Yoshida. Précisant que "d'autres technologies de stockage non volatile, comme la PcRAM, actuellement en développement, pourraient au final se révéler plus adaptées. "
Le disque à plateau, pas encore obsolète
D'autre part, " la mémoire flash, est encore trop coûteuse pour s'imposer comme technologie de remplacement dans les datacenters. " Même si on peut s'attendre à une baisse de prix, M. Yoshida pense qu'elle n'arrivera pas aussi vite que certains veulent le croire. " Les disques à base de mémoire flash ne sont pas produits dans les mêmes quantités que les disques mécaniques et il sera difficile d'éliminer l'écart de prix entre les SSD et les disques durs, " indique t-il. Certaines entreprises ont commencé à utiliser des disques SSD, " 10 à 17 fois plus rapides que les disques durs mécaniques, mais aussi 10 à 20 fois plus chers, " comme l'a fait remarqué M. Yoshida, dans des applications où les disques durs mécaniques sont devenus trop lents.
Le disque à rotation " probablement la seule haute technologie encore mécanique, " a indiqué M. Yoshida, même s'il montre des limitations inhérentes à l'architecture employée, va perdurer. Actuellement, les plans de développement concernant l'amélioration de la vitesse de rotation des disques durs s'étalent sur les 10-12 ans à venir. "Il y a un moteur qui tourne et un bras qui doit se déplacer jusqu'à la bonne piste de lecture ou d'écriture. Il y a une vitesse maximum à laquelle on peut faire tourner ce disque. Les limitations inhérentes à cette technologie finiront bien par forcer le passage vers quelque chose de nouveau, " a déclaré M. Yoshida. Mais l'utilisation à large échelle des disques durs mécaniques va se prolonger dans un futur proche.
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Nouvelles stratégies serveurs
D'ailleurs, les constructeurs ont déjà adopté plusieurs stratégies pour les rendre plus efficaces. L'une d'elles, le striping, permet de transférer les données dans un pool plus large de périphériques de stockage. Cette répartition dynamique, permet de surdimensionner l'allocation d'espace de stockage pour les serveurs, d'accélérer le provisionnement d'espace disponible sans avoir à augmenter la capacité.
Une autre technologie importante consiste à gérer l'allocation de la mémoire cache de manière globale et de permettre à plusieurs processeurs d'accéder à une même cache. " C'est la technologie utilisée dans l'USP V de Hitachi, le DMX d'EMC et le DS8000 d'IBM, " précise M. Yoshida. Des progrès supplémentaires seront nécessaires, en raison de la pression qu'exerce la demande sur les systèmes de stockage. " Regardez les nouveaux processeurs d'Intel et d'AMD, ils atteignent une puissance que nous nous pouvions pas imaginer il y a cinq ans." Outre la puissance brute des processeurs, les serveurs sont aussi dotés de processeurs à coeurs multiples et hébergent plusieurs machines virtuelles, ce qui ralentit potentiellement l'accès aux données.
Le défi de la fibre
L'adaptation des systèmes de stockage aux nouvelles normes, l'arrivée de la " Fibre channel over Ethernet " (FCoE) notamment, sera un autre défi, explique M. Yoshida. " La bande passante pour le stockage a doublé ", dit-il. " Cette année, nous allons atteindre les 8 Gbit/s de bande passante pour la Fibre Channel. Mais ce sont des vitesses de 10, de 40, et jusqu'à 100 Gbit/s qui se profilent à l'horizon. Les câbles arrivant aux unités de stockage sont aussi beaucoup plus gros. Tout cela va nécessiter l'installation de systèmes de stockage encore plus grands."