Bonne nouvelle pour les architectures orientées services : le nombre d'entreprises ayant investi en SOA a doublé en un an, d'après AMR Research. Le cabinet souligne qu'à fin 2007, 53% des grandes entreprises (comptant plus de 500 personnes) étaient engagées dans des projets SOA, pour une dépense moyenne de 1,4 M$ par an. La mauvaise nouvelle, c'est qu'une grande part de cet argent sera dépensée en vain, juge AMR Research. L'étude, intitulée "The SOA Spending Report 2007-2008", a été réalisée auprès de 405 entreprises, aux Etats-Unis, en Allemagne et en Chine. Elle montre une adoption relativement large des SOA dans plusieurs secteurs d'activité. Les acteurs du commerce de détail auraient à 59% adopté les SOA pour au moins un projet, ceux des télécoms à 54% et ceux de la finance à 42%, ces derniers dépensant toutefois plus. Alors que 45% des entreprises ayant un projet de SOA auraient dépensé plus de 500 000 dollars en logiciels et services pour ce projet en 2007, 63% des acteurs de la finance ont eux dépensé plus d'un million de dollars pour leur projet SOA. Le problème, souligne Ian Findley, directeur de recherches chez AMR, est que cet argent risque d'être gâché. Interrogées sur les critères décisifs pour adopter les architectures orientées services, les entreprises ont fourni de multiples raisons, comme si chaque porteur de projet se servait des SOA comme d'une ombrelle pour justifier des dépenses supplémentaires. Auquel cas, il faudrait prendre ce ralliement autour du concept des SOA avec des pincettes, avertit Ian Findley. [[page]] En effet, d'après l'étude d'AMR Research, 16% des entreprises adoptent les SOA afin de développer une nouvelle compétence technologique, 18% parce que ce serait le meilleur moyen pour répondre aux besoins d'un projet en particulier, 17% dans le but de diminuer les coûts grâce à la réutilisation, 22% pour gagner en agilité et 14% pour moderniser leur architecture. Pour Ian Findley, cela signifie que les bénéfices liés aux architectures orientées services ne sont pas clairs et, partant, que les SOA pourraient ne pas dépasser le cadre des 'early adopters', les entreprises pionnières. « D'autres suivraient si on pouvait cristalliser les bénéfices clés », estime-t-il. Conscient que ces bénéfices pourraient être très différents selon le point de vue (du DSI, du directeur financier, du développeur, etc.), il explique : « il ne faut pas nécessairement un bénéfice commun, mais il faut que les avantages individuels soient reliés entre eux. » Autre risque de désillusion, l'enquête montre que le principal bénéfice vendu par les fournisseurs, la réutilisabilité des services applicatifs, n'est pas celui que les pionniers ont obtenu, le code écrit pour un projet n'étant pas forcément pertinent pour un autre. Du coup, les métriques utilisées pour mesurer le retour sur investissement ne seraient pas les bonnes. Le bénéfice clé, beaucoup plus délicat à mesurer, poursuit Ian Findley, est lié à l'agilité, à la capacité de répondre plus rapidement aux exigences du métier. Mais, conclut-il, la plupart constatent un gain certain, et « très peu estiment que cela n'en valait pas la peine ».