Début août, Microsoft a annoncé le lancement d'Azure Dedicated Host, un service cloud sur Azure qui permet aux entreprises de faire tourner moyennant finance des machines virtuelles Linux, Windows et SQL Server sur des serveurs physiques à un seul tenant. La mise sur le marché de cette offre s'accompagne d'un changement dans les termes de licence appliqués aux logiciels on-premise de la firme de Redmond. Il rende bien moins onéreux de les faire tourner sur ses nouveaux serveurs dédiés que sur ceux de ses principaux concurrents.
Numéro deux mondial de la fourniture de services cloud, Microsoft présente ces nouveautés comme une simple adaptation de sa politique de licence aux évolutions du marché. Il fait ici référence au remplacement progressif des services d'externalisation d'infrastructures classiques par ceux offerts par les opérateurs de cloud public. Traditionnellement, l'éditeur autorise les entreprises à utiliser des licences de Windows, de SQL Server et d'autres produits de son catalogue dans leurs propres datacenters, y compris si le centre de calcul est opéré par une société d'externalisation. Avec les mêmes licences et sans coûts additionnels, les entreprises pouvaient aussi déplacer des charges de travail sur des serveurs à un seul tenant hébergés dans un cloud public.
Les petits opérateurs de cloud publics épargnés
Mais avec les nouvelles règles édictées par Microsoft, qui entreront en vigueur en octobre, les grands opérateurs de cloud public (Azure inclus) ne seront plus traités comme des sociétés d'externalisation traditionnelles en ce qui concerne les applications on-premise de l'éditeur. Une entreprise qui voudra faire tourner l'une de ces applications sur un service cloud dédié hébergé par AWS, Azure, Alibaba ou encore Google, devra payer des frais additionnels à Microsoft, en plus de ceux acquittés pour l'obtention de la licence de base. En revanche, il n'y aura aucun coût supplémentaire si un client utilise les prestations d'autres fournisseurs de services clouds, et Microsoft proposera des rabais élevés aux clients qui porteront leurs licences on-premise sur Azure. Ils pourraient aller de 32 à 75% en fonction des logiciels concernés.
Face à ces annonces, les réactions des principaux concurrents de Microsoft ne se sont pas fait attendre. Wermer Vogels, le responsable technique d'AWS a diffusé un tweet dans lequel il juge que l'éditeur restreint la liberté de choix des utilisateurs. Il s'est rapidement vu répondre par d'autres qu'AWS n'est pas exempt de critique en matière de restriction de liberté de choix. Notamment parce que l'opérateur facture à un prix exorbitant la possibilité de transférer des données hors de ses infrastructures. Ou encore, parce qu'il a coutume de transformer des technologies open source en services cloud payants et de casser ainsi les tentatives de startups de construire un business autour d'elles. Dans un autre tweet, Robert Enslin, le président de Google Cloud accuse de son côté Microsoft d'enfermer les entreprises et de ressortir ses vieilles recettes des années 90 en les adaptant à l'univers du cloud.