L’agence publique Competition and Market's Authority (CMA) du Royaume-Uni, qui dépend du Département des Affaires, de l'Énergie et de la Stratégie industrielle, a lancé une enquête sur le projet d'acquisition de VMware par Broadcom afin de déterminer si l'opération est conforme aux règles de la concurrence. C’est en mai dernier que le fabricant de semi-conducteurs et géant des logiciels d'infrastructure Broadcom a, pour la première fois, exprimé son intention d'acquérir VMware, pour la somme de 61 milliards de dollars en actions et en espèces. Mais l'opération est loin de satisfaire tout le monde. En septembre, l'analyste principal de Forrester, Tracy Woo, a pointé le médiocre bilan de Broadcom en matière d'acquisitions. « Après les rachats de CA et Symantec, Broadcom a augmenté les prix, réduit le support et cessé d'investir dans l'innovation », a-t-elle déclaré. Ajoutant même que « les clients de VMware seraient bien avisés de prévoir un plan de sortie ». Dans une déclaration sur le site Web de l’agence britannique, le régulateur a déclaré qu'il ouvrait une enquête pour examiner si la fusion proposée « pourrait créer une atteinte substantielle à la concurrence dans ou plusieurs marchés de biens ou de services au Royaume-Uni ».
Ce n'est pas la première fois qu’une offre d’acquisition potentielle de Broadcom est passée au crible. En 2018, l'entreprise avait tenté d'acheter un autre fabricant de puces, Qualcomm, pour un montant de 117 milliards de dollars, mais l'opération avait été sabordée par l'administration Trump au motif qu’elle posait « des questions de sécurité nationale ». Afin de mener à bien sa première phase d'enquête, l'autorité britannique de la concurrence et des marchés invite les parties intéressées à commenter l'opération d'ici au 6 décembre. Une fois cette phase initiale terminée, l'autorité de régulation évaluera s'il convient de passer à une phase d'enquête plus approfondie, au cours de laquelle la CMA pourrait décider de prendre des mesures, y compris d'empêcher la fusion, si l'opération s’avère anticoncurrentielle. L’enquête décidée par la Competition and Market's Authority britannique a été annoncée peu de temps après que la Commission européenne (CE) a déclaré qu'elle allait examiner cette opération. Le mois dernier, la Federal Trade Commission (FTC) est déjà passée à la seconde phase de son enquête sur ce rachat, estimant avoir recueilli suffisamment de preuves pour justifier un examen plus approfondi.
Broadcom veut rassurer sur ses intentions
Pour dissiper les craintes des clients sur l’augmentation des prix ou sur la réduction de son budget R&D après le rachat de VMware, le CEO de Broadcom, Hock Tan, a récemment déclaré dans un blog que l’objectif de la fusion n'était pas d’augmenter les prix. « D’après notre analyse, pour que cette transaction soit rentable pour Broadcom, nous devons nous concentrer sur le modèle d’affaires, augmenter la R&D et l'exécution afin que les clients voient la valeur de l'ensemble du portefeuille d'offres de produits innovants - et cette rentabilité n’est pas basée sur l'augmentation des prix », a affirmé M. Tan. « Cela fait un certain temps que Broadcom a reconnu que l'avenir de l’IT d'entreprise se situait dans le multicloud, c’est-à-dire dans la capacité de distribuer des applications et des services à travers divers clouds.
C'est l'une des nombreuses raisons pour lesquelles les solutions de Broadcom complètent ce que VMware fait aujourd'hui dans l'espace multicloud à travers les clouds privés, publics, périphériques et souverains. Il est clair que nos clients ont déjà adopté cet état d'esprit, eux aussi », a encore écrit M. Tan. L'accord Broadcom/VMware n'est pas la seule fusion de grande valeur à faire l'objet d'une enquête de la CMA. En juillet 2022, l’autorité de régulation britannique a annoncé deux enquêtes, l’une sur le projet d'acquisition du fabricant de jeux vidéo Activision Blizzard par Microsoft et l’autre sur les pratiques concurrentielles d'Amazon liées à sa plateforme Marketplace.