Microsoft est un géant qui se découvre des pieds d'argile. La plupart des tendances technologiques semblent aller à l'encontre de son business modèle traditionnel. Le cloud et l'évolution des postes de travail menacent sa domination dans le domaine des systèmes d'exploitation. Dans le même temps, l'évolution des achats des entreprises vers un modèle plus décentralisé et influencé par la consumérisation de l'IT menace sa domination sur le marché professionnel. Un autre problème, et de taille pour l'éditeur, est que les départements informatiques des plus grandes entreprises pensent de plus en plus à se tourner vers la mobilité. Tout change : les matériels, les logiciels, le cloud et la consumérisation de l'IT sont une réalité, la façon dont les utilisateurs adoptent les applications évolue elle aussi. Dans ce contexte, que propose Microsoft ?
Le problème de cet éditeur est qu'à force d'essayer d'être présent sur tous ces fronts, il finit par ne l'être sur aucun. D'un côté, il veut absolument vendre ses terminaux mobiles sous Windows mais aussi ses bons vieux PC avec tout le pack Office. Sur un autre front, Microsoft souhaite vendre ses logiciels de collaboration traditionnels comme Exchange mais également ses services de cloud public avec Azure. Enfin, Microsoft veut aussi imposer ses solutions SaaS comme Yammer ou Office 365. C'est trop. Pour un responsable informatique, ces outils pourraient être inintéressants...ou pas. En tout cas, aucun ne répond directement à sa principale préoccupation : réaliser la transition numérique de son entreprise vers les nouveaux outils que sont le cloud ou le SaaS tout en en limitant l'impact au niveau de l'activité et de la sécurité. Face à ce casse-tête, Microsoft propose une telle multitude de solutions qu'il est impossible de s'y retrouver au final.
Accepter de s'ouvrir
Y a-t-il donc vraiment un moyen pour la firme de Redmond de résoudre ce problème sans pour autant abandonner un des fronts sur lequel elle se bat ? La réponse est oui. Microsoft doit devenir un partenaire privilégié de ces sociétés qui veulent faire leur transition numérique. Mais pour cela, la firme de Redmond doit devenir un courtier honnête. Elle doit arrêter d'essayer de vendre à tout prix du Microsoft compatible uniquement avec du Microsoft pour que les entreprises ne fassent que du Microsoft. Si les utilisateurs veulent des iPhone et un accès au cloud d'Amazon, l'éditeur doit les aider à y arriver. Cela ne veut pas dire que Microsoft doit arrêter Azure ou Windows Phone. Cela signifie qu'il doit les présenter comme des options possibles. Si ces solutions prouvent qu'elles sont les plus appropriées, elles se vendront.
Dans les années 1990, Microsoft avait mobilisé des équipes entières pour aider Lotus à développer Notes. Même si dans le même temps, les équipes en charge de la suite Office s'échinaient à tuer cette solution concurrente. L'éditeur avait alors compris que la valeur à long terme d'un Windows devenu une plate-forme supportant d'autre applications était plus importante que celle de sa suite bureautique. Aujourd'hui, tous les problèmes que représentent le Big Data, la sécurité, les cloud publics et privés ou encore la mobilité sont au coeur des préoccupations des responsables IT. Microsoft doit les résoudre, que ce soit avec ses solutions ou en s'aidant de celles d'Apple ou Google. Ce n'est pas ça qui ébranlera la confiance de ses clients