La décision de Microsoft d'imposer le modèle de correctifs et de maintenance de Windows 10 pour les clients faisant tourner l'ancien mais encore très populaire Windows 7 rend les experts nerveux. « Tout le monde retient sa respiration en espérant le meilleur mais en redoutant le pire », a indiqué Susan Bradley, experte reconnue dans le domaine des processus de patchs Microsoft et à l'origine de la newsletter Windows Secrets. Elle modère aussi PatchManagement.org s'adressant aux administrateurs IT. L'anxiété de Susan Bradley est liée à l'annonce le mois dernier de Microsoft de proposer à compter d'octobre les mises à jour de sécurité cumulatives pour Windows 7 et 8.1, mettant un terme aux pratiques historiques laissant le choix aux clients d'appliquer le patch de leur choix.
« Les correctifs individuels ne seront plus disponibles », avait confirmé dans un billet de blog Nathan Mercer, responsable produit marketing senior de Microsoft. A la place, la firme de Redmond a choisi de transposer le modèle de maintenance Windows 10 vers Windows 7 et 8.1, à savoir qu'utilisateurs et/ou administrateurs recevront des mises à jour qu'il ne pourront plus découper. « Tout le monde est inquiet », a glissé Chris Goettl, responsable produit du fournisseur de gestionnaire de patchs Shavlik, faisant référence aux clients avec lesquels il a discuté. « Cela sera extrêmement douloureux pour certains. »
Perte de contrôle
Alors que de nombreux utilisateurs grand public et petites entreprises - ceux qui reposaient sur le service Windows Update pour patcher leurs PC Windows 7 et Windows 8.1 - pourraient ne pas remarquer le changement, cela ne sera pas le cas pour les plus grandes entreprises qui ont testé les mises à jour avant de les déployer en masse. Lorsque les administrateurs informatiques ne seront plus capables d'appliquer des patchs de façon sélective, ils ne sauront plus identifier le correctif à l'origine de dysfonctionnements matériels, logiciels ou de workflows.
Chris Goettl avait expliqué le problème au août dernier sur le blog de Shavlik. « Le plus grand challenge avec les mises à jour cumulatives est que chaque changement important d'environnement signifie que l'on doit choisir entre un bundle cumulatif - qui peut inclure certain correctifs de sécurité - ou bien casser une application métier critique si deux entrent en conflit », a indiqué M. Goettl. « Sur les systèmes pré-Windows 10, un seul correctif conflictuel pourrait signifier de faire une exception pour un patch plutôt que pour l'ensemble du bundle mensuel de correctifs. » La possibilité d'utiliser le « patch unique » dont a parlé Chris Goettl prend fin avec la décision de Microsoft de commencer à servir une nouvelle génération d'updates à compter du 11 octobre. Cela constitue le plus gros problème du virage vers le modèle Windows 10. « Il y a une véritable inquiétude car nous devons garder notre business sur les rails et nous ne serons pas capables d'installer la mise à jour qui va arriver », a expliqué Susan Bradley. « Le résultat est de nous laisser exposer à un risque d'attaque. »
Microsoft ne laisse donc que peu de choix à ses clients : accepter le bundle de mises à jour et le ou les problèmes engendrés à cause de lui, ou bien refuser toute la collection de correctifs avec les risques de sécurité que cela engendre. « Les entreprises vont perdre le contrôle qu'elles avaient et ne seront plus jamais en mesure de faire des exceptions. »
Pourquoi ce changement ?
En greffant le processus de mise à jour de Windows 10 à Windows 7 et 8.1, Microsoft avait indiqué apporter une série d'améliorations aux OS plus anciens, en mettant en avant une simplification en termes d'administration, jouant la carte également de la fragmentation : « Historiquement, nous avons publié des correctifs individuels pour Windows 7 et 8.1 qui vous ont permis d'être sélectifs avec les mises à jour déployées », a expliqué Nathan Mercer. « Cela a abouti à une fragmentation avec différents PC pouvant avoir différents sets de mises à jour installés débouchant sur de multiples problèmes. »
« Etre capable de sélectionner et choisir quelles mises à jour pousser sur les systèmes, spécialement dans le cas où quelque chose ne fonctionne plus, a retenu de nombreuses entreprises à aller vers Windows 10 », a soutenu M. Goettl. Il n'empêche que le pari de Microsoft de pousser les clients à aller vers Windows 10 en écartant la flexibilité des patchs de Windows 7 et 8.1 pourrait bien se retourner contre la société. « La réponse que je vois des entreprises est que cela prend du temps de tester et déployer Windows 10 », a indiqué Susan Bradley, signifiant que les coûts qui auraient pu être alloués à une migration vers le dernier OS de Microsoft seraient alors affectés à la remise à plat et au déploiement du programme de correctif Windows 7...