« C’est une opportunité pour l’union européenne de construire un Airbus du logiciel. » Avec /e/, son fork d’Android basé sur LineageOS, en bêta depuis septembre dernier, Gaël Duval est plus ambitieux que jamais. Alors que les équipes de la e Foundation, organisme créé pour soutenir le développement du projet, travaillent toujours sur une v1 stable (prévue pour l’automne) de leur ROM en téléchargement, une étape devrait être très prochainement franchie. Pour la première fois, /e/ va en effet être intégré à des smartphones reconditionnés directement disponibles à l’achat. Déjà 1 700 personnes ont réservé le leur sur le site de la fondation /e/. Quatre modèles sont pour le moment disponibles, les Samsung Galaxy S7, S7 Edge, S9 et S9+, pour des tarifs respectifs de 279 €, 299 €, 499 € et 549 €. « Nous avons signé un partenariat avec un reconditionneur pour le marché européen, qui représente 50 % des réservations, et sommes en discussion avec d’autres pour les Etats-Unis et le reste du monde », précise Gaël Duval.
L'OS mobile /e/ est basé sur LineageOS, un fork d'Android, ici sur un Samsung galaxy S7. (Crédit : /e/)
Depuis le lancement de la bêta, /e/ a déjà été téléchargé sur 10 000 terminaux. « Les retours sont très positifs », poursuit son créateur. « Nous avons fait une enquête de satisfaction fin décembre auprès des premiers utilisateurs, qui nous ont attribué la note de 3,7/5. Un résultat satisfaisant pour une bêta, d’autant que nous n’avions pas encore sorti le store d’applications. » Aujourd’hui, les 81 smartphones compatibles ont accès à un magasin comprenant 60 000 apps. Un certain nombre est open source, mais l’utilisateur lambda y retrouvera également les applications usuelles du Play Store. Une manière de retrouver les aspects pratiques d’Android, sans les inconvénients liés à la confidentialité. Il faut dire que l’actualité porte la fondation de M. Duval. « Le cas Huawei montre à quel point la dépendance à Google, via Android, est toxique », souligne celui-ci. L’arrivée prochaine dans le store des Progressive web apps (PWA) va dans ce sens : « Cette technologie en plein boom permet aux éditeurs de développer des applications plus rapidement et à moindres coûts. C’est aussi un excellent moyen pour nous de nous affranchir à long terme de l’écosystème Google. »
Le BtoB viendra plus tard
Pour le moment, la vente des smartphones /e/ se fera uniquement en direct. Les premières livraisons sont prévues pour le milieu du mois de juin en Europe. « L’arrivée sur le marché de masse est encore un peu prématurée pour nous, mais c’est un objectif à deux ans », ajoute Gaël Duval, qui confesse avoir été surpris par le nombre de précommandes. « L’aspect respect de la vie privée et des données personnelles se marie bien avec la démarche du reconditionnement », reconnait-il. Concernant le marché BtoB, /e/ prend son temps. « Nous sommes toujours en discussion pour un contrat d’équipement avec un micro-état du Moyen-Orient, et nous avons d’autres prospects, mais nous souhaitons nous concentrer sur nos offres smartphone pour le moment, puis sur nos service de mail in et de stockage premium. »
Gaël Duval n’est pas le premier à se lancer sur un OS mobile alternatif. Souvenons nous des tentatives de Samsung avec Tizen, de Mozilla avec Firefox OS, ou encore de Canonical avec Ubuntu Touch. Reste à voir si /e/, le premier à choisir la voie du reconditionné pour le côté hardware, aura plus de chances que ses prédécesseurs, la plupart étant tombés dans l’oubli.