« La patience est une vertu qui s'acquiert avec de la patience », tel pourrait-être le credo du W3C (World Wide Web), consortium réunissant 329 membres pour construire l'Internet de demain. En effet, Philippe le Hégaret, directeur du domaine interaction auprès de l'organisation, a présenté l'état d'avancement de HTML5. Cette plate-forme sur laquelle les navigateurs Internet (IE, Firefox, Safari ou Opera) vont pouvoir déployer de futures applications et des expériences utilisateurs plus innovantes, a été initiée  au début des années 2000 par Ian Hickson, fondateur d'Opera.  Après plusieurs années de travail, la plupart des éditeurs ont franchi le pas, comme Microsoft, lors de sa conférence MIX 2010 qui a approuvé l'adoption de la plate-forme au sein de Internet Explorer 9.
Si HTML 5 commence à faire parler de lui, il existe autour de lui un écosystème d'API, de code dédié et complexe. Ainsi, les feuilles de style, au format CSS se déclinent, sur les fonds d'écran, les requêtes médias, le choix des couleurs. Et les débats peuvent vite aller dans le détail, un groupe de travail s'occupe par exemple, uniquement des polices de caractères, avec comme idée d'obtenir une interopérabilité des polices sur l'ensemble des navigateurs. Pour la petite histoire, le format WoFF a été retenu, issu de la fondation Mozilla, face aux préconisations de Microsoft qui poussait les polices True Type. Mais la grande avancée de HTML 5 réside dans la balise « vidéo », qui permet d'intégrer au sein d'une page web, un lecteur vidéo, sans avoir besoin d'installer un plug-in, comme Flash par exemple. En complément de cette avancée, des fonctionnalités supplémentaires pourront être intégrées comme la rotation de la vidéo ou des outils de retouches d'images directement dans le navigateur.
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Un travail cross-media et de longue haleine
Ces travaux dépassent le cadre du simple desktop pour se déplacer vers les smartphones, avec un débat stratégique, « faut-il avoir un modèle de type App Store ou développer des applications web ? » s'interroge Dominique Hazaël-Massieux, spécialiste des initiatives Web Mobile au W3C. Sur le dernier point, le W3C travaille sur la standardisation d'API autour de la géolocalisation, de la messagerie (MMS, SMS), du calendrier, etc.
Finalement tout est bien, dans le meilleur des mondes, mais Philippe le Hégaret modère cet enthousiasme « toutes ces technologies arriveront définitivement dans 5 à 7 ans, car aujourd'hui les navigateurs sont trop vieux pour les supporter. Il existe encore beaucoup de gens qui utilisent IE6, et l'adoption d'IE9 ne se fera pas avant quelques années ». Outre le problème du nécessaire consensus au sein des groupes de travail, « nous avons un gros travail à réaliser sur les outils de tests des différents éléments, pour améliorer, affiner et produire les spécifications » souligne le responsable du W3C. Et les regards sont déjà tournés vers HTML 6, avec des travaux sur la gestion de la 3D, l'intégration du web au sein de la télévision, etc, le consortium a donc encore beaucoup de travail devant lui.