En direct de Tallin - Onoff Telecom va passer à la vitesse supérieure. La start-up estonienne qui propose à ses utilisateurs d’obtenir des numéros de téléphones supplémentaires - pour les travailleurs indépendants, pour vendre une voiture ou des objets ou pour tromper la vigilance de son conjoint - à travers une application sans passer par l’achat d’un forfait opérateur ou d’une carte SIM va lancer dans les prochains mois ses offres BtoB en France. Actuellement en test auprès de grands comptes, dons plusieurs français, celles-ci reposent sur une plateforme en ligne permettant aux administrateurs d’entreprise de gérer des flottes de numéros professionnels pour leurs collaborateurs.
L’avantage de la technologie d’Onoff c’est qu’elle permet d’utiliser ces numéros sur n’importe quel téléphone déjà pourvu d'une carte SIM et d'un forfait. « Dans une logique de Byod, les collaborateurs pourront retrouver leurs numéros professionnels sur leurs téléphones personnels », explique Taig Chris, le fondateur et CEO de Onoff rencontré dans les locaux de la start-up en Estonie. Les entreprises n’auront donc plus besoin de se doter d’une flotte de mobiles dédiés pour leurs équipes. Et les économies ne s’arrêteront pas là. Si le tarif des offres n’est pas encore définitivement arrêté, Taig Chris assure que les forfaits professionnels Onoff seront « environ dix fois moins cher » que ce que proposent actuellement les opérateurs aux entreprises. Reste à comparer la qualité des services de support et les SLA qui jouent beaucoup sur le prix des forfaits professionnels.
Les locaux de Onoff se trouvent en plein centre de Tallin, la capitale estonienne.
La force de Onoff réside également dans la possibilité d’obtenir des numéros locaux dans de nombreux pays (avec Transatel en France), toujours sans passer par l’achat d’une carte SIM. « C’était l’idée de base de Onoff. De pouvoir utiliser plusieurs numéros à travers une application unique et ce n’importe où », rappelle Taig Chris. Cette dernière fonctionnalité met ainsi à mal les frais de roaming, même si une partie d’entre eux a été supprimée en Europe.
« A partir du moment ou des gens vont rester longtemps dans un pays, ils auront besoin de numéro local. En outre, si vous appelez un mobile à l'étranger avec un téléphone français, même en Europe, l’appel sera surtaxé à moins que vous n’ayez le forfait adéquat », explique Taig Chris. Il estime qu’un vrai forfait international, permettant d’appeler vers toutes les destinations, fixe et mobile, coûte en France entre 65 et 95 euros (74,99€/mois chez Orange et uniquement vers les mobiles dans les DOM, au Canada et aux USA). « Nous proposons ce genre de forfait pour moins de 10 euros par mois plus, évidemment, le prix de votre forfait normal. Donc moins de 30 euros si vous êtes chez un opérateur comme Free Mobile », résume l’ancien champion du monde de roller.
Jongler efficacement entre le monde des télécoms et du logiciel
Mais avant d’en arriver là, il a fallu passer par de longs développements au niveau de l’application (voix et SMS). « Quand j’ai eu cette idée, je ne me doutais pas que ce serait si compliqué à mettre en place. Ca a été long et nous avons beaucoup bricolé », raconte Taig Chris. Et le bricolage, c’est Maksim Solovjov, le CTO, qui s’en est en partie occupé. « Nous avons réussi à mettre en place une intégration complète entre le monde applicatif et télécoms », explique-t-il. Au niveau du téléphone, l’application communique directement avec les composants réseau et permet la transformation des paquets IP en signal GSM. La gestion des numéros, du roaming et des changements d’appels s’exécute sur les serveurs d'OnOff.
Maksim Solovjov, le CTO d'Onoff, est parvenu à "virtualiser" le fonctionnement de switch GSM pour garantir le fonctionnement de l'application maison.
« Pour la partie back-end, le coeur du travail - et le plus difficile - a consisté à construire des "softswitch". C'est une solution intelligente qui est capable, en s’appuyant sur un système de numéros d’accès, de relier les différents numéros de téléphone entre eux sur les différents réseaux à travers le monde et d'assurer la mise en connexion de ces derniers par le réseaux GSM comme le ferait un switch télécom classique mais cette fois-ci sur une infrastructure informatique », explique Maksim Solovjov qui n'en dira pas plus, tout le système faisant l'objet de brevets jalousement gardés. C’est cette gestion de la mise en relation par un système logiciel qui permet à Onoff d’utiliser les réseaux des autres opérateurs sans avoir à payer de frais d’itinérance, contrairement à des MVNO.
« Nous ne pouvons fonctionner sans les opérateurs existants, nous nous voyons plutôt comme un opérateur annexe », explique Taig Chris. Dans les pays ou elle s’implante (déjà une quinzaine aujourd’hui), la start-up fait d’ailleurs les démarches pour obtenir sa licence d’opérateur. « Pour délivrer correctement notre service, nous n’avons pas le choix, nous devons devenir un opérateur de niveau mondial », explique le fondateur. Mais il souhaite qu’Onoff deviennent plus qu’un simple acteur des communications. « Contrairement à d’autres, nous avons aussi bien réussi à assimiler le monde des télécoms que celui du logiciel. Nous allons pouvoir faire beaucoup de chose avec notre application, notamment dans le domaine de la collaboration », assure-t-il. Il ne serait donc pas surprenant de voir Onoff, en plus d’empiéter sur les platebandes des opérateurs. En attendant la vraie concurrence est à chercher du coté de Numbber de Simply Lab, qui propose un seul numéro de téléphone par smartphone (sans gérer les SMS) et de Skype qui propose également un numéro de mobile (60 € par an)/