En 2008, le marché des logiciels et services en France a représenté 42 Md d'euros avec une augmentation de 5,5% pour une fourchette de prévision située entre 5 et 7%. Les éditeurs (désormais la moitié des adhérents du Syntec Informatique) comptent pour 29% du marché. L'industrie est le secteur le plus représenté avec 35% des ventes et ce sont, dans l'ordre, les métiers de l'infogérance avec 22% de parts de marché, du conseil en technologie avec 19% et de l'ingénierie informatique aussi avec 19%, qui mènent le bal. En 2009, le secteur devrait afficher une croissance nulle cette année, mais avec des évolutions très différentes d'une activité à l'autre. L'édition logicielle comme le conseil devraient chacun montrer une croissance de 1% en 2009. Contraste, l'embarqué devrait s'envoler de 5% et, a contrario, les logiciels applicatifs chuter de 1%. Avec les projets de green IT et d'intelligence ambiante, entre autres, l'embarqué est en vogue, au point qu'il peine à trouver des compétences. Dans le service, quand l'infogérance d'infrastructure et l'infogérance applicative augmentent respectivement de 5% et 6%, le conseil plonge de 5%. « Dans ce cas, l'écart entre les activités qui marchent et celles qui ne marchent pas est de 10 points ! C'est du jamais vu », s'étonne Jean Mounet. Pour le logiciel, le Syntec reconnaît aussi une forte croissance du SaaS sans donner de chiffres précis. Le modèle a un fort succès dans le monde du transport par exemple ou dans les secteurs à forte population mobile, mais beaucoup moins dans d'autres. L'offshore, quant à lui, ne devrait pas bouger, les entreprises étant en proie à deux désirs contradictoires : réduire les coûts et maintenir l'emploi en interne. Pression sur les prix et cycles de décision ralentis En observant le marché par secteur d'activité, là encore, le contraste est fort. Les fournisseurs d'énergie et le secteur public représentent 5% de plus que l'an dernier. La finance, pourtant malmenée, augmente de 2%. L'industrie est globalement en chute de 3% mais il faut descendre en granularité pour expliquer ces chiffres. Si l'automobile diminue ses achats, la pharmacie, elle, les accroît. Dans son enquête annuelle conduite auprès de ses adhérents, le syndicat a constaté une diminution de la confiance pour deux raisons principales. Pour commencer, la pression sur les prix est plus forte que jamais. « Quand on fait pression sur des PME innovantes de 100 personnes pour qu'elles baissent leurs prix de 20%, on dépasse les limites », s'insurge Jean Mounet. Selon le Syntec, 63% des prestataires anticipent une baisse des prix pour 2009 alors que les éditeurs ne sont que 8% du même avis. Dans le logiciel, c'est sur le volume de vente que la crise a l'impact le plus fort, alors que dans les services, c'est sur les prix qu'elle pèse. Deuxième explication de la baisse de moral des acteurs du marché, des cycles de décision ralentis. « Peu de projets sont annulés, insiste le président du Syntec, et le pipeline d'affaires reste très dense. Mais ça ne débouche pas rapidement sur une signature. » Les entreprises sont à la recherche de ROI (Retours sur investissement) plus rapides. Et le Syntec prévient : « la pression sur les marges peut avoir des conséquences sur l'emploi, l'investissement et l'innovation. » Une certaine impatience vis à vis du gouvernement [[page]] En ce qui concerne le recrutement, le Syntec Informatique envisage 2009 avec « grande prudence » et mise sur une stabilisation des salaires. Tout en se défendant de vouloir masquer une augmentation des inter-contrats, le syndicat en profite pour interpeller le gouvernement sur la difficulté d'appliquer, en ces temps difficiles, le dispositif du chômage à la population de cadres qui constitue la majorité de ses effectifs. Il propose par ailleurs deux mesures sur la réduction du nombre de jours travaillés sans obligation de fermeture d'entreprise et la réduction de l'horaire collectif par service ou unité de travail. Enfin, le syndicat compte bien se battre pour le respect de la LME (Loi de modernisation de l'économie) qui impose en particulier un paiement à 45 ou 60 jours des PME. Certains grands groupes contourneraient la loi en exigeant des factures trimestrielles. En outre, le Syntec fait part d'une certaine impatience, pour ne pas dire irritation, vis à vis du gouvernement. Pas de concrétisation, ni de financement du plan France Numérique 2012, pas de TIC dans le plan de relance, pas de priorité donnée aux usages, pas d'accélération des chantiers publics... Si le plan Besson reste effectivement en suspens, le Premier ministre a néanmoins demandé à la secrétaire d'Etat à l'Economie Numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet de travailler sur les TIC dans le plan de relance. Le Syntec s'insurge aussi d'un rapport green IT qui ne pointerait que la consommation électrique excessive des PC. Etonnant. Le rapport de 100 pages remis mi-mars à Jean-Louis Borloo rappelle certes l'impact environnemental des TIC, mais il explique aussi comment les TIC peuvent aider tous les autres secteurs à réduire leur empreinte carbone.