Le RGI est enfin publié après quatre ans de chantier
Le feuilleton est-il enfin terminé ? La fin ne serait pas nécessairement la meilleure possible pour les poches des contribuables. Après plus de deux ans de retard, le Référentiel Général d'Interopérabilité (RGI) vient en effet d'être publié en version 1.0.
Dans ce document très riche qui vise avant tout à faciliter l'interopérabilité des SI publics par un grand nombre de principes, un point (un détail, même) faisait blocage depuis deux ans : la place de Microsoft. Il y a deux ans, le seul standard bureautique réellement normalisé et ouvert se nommait OpenDocument et n'était pas supporté par Microsoft. Imposer ce format dans le RGI signifiait donc exclure Microsoft (et ses logiciels payants) de tous les postes de travail de l'administration, au profit, notamment, d'outils libres (donc gratuits en terme de licences) tels que OpenOffice. La réaction de l'éditeur fut violente, à la hauteur de l'enjeu. Et le RGI prit deux ans de retard...
Le point 3.2.1 du RGI (page 61) prend acte de la « normalisation » du standard bureautique XML de Microsoft, OpenXML, et traite sur un plan d'égalité OpenXML et OpenDocument, sans imposer l'usage de l'un ou de l'autre. Rappelons cependant que OpenDocument est actuellement parfaitement supporté par de nombreux produits dont OpenOffice/StarOffice, GoogleApps, les outils bureautiques d'IBM... et, imparfaitement, par Microsoft Office 2007 SR2. A l'inverse, la version normalisée d'OpenXML n'est supportée par aucun logiciel actuellement commercialisé, Microsoft Office 2007 employant un format intermédiaire, appelé à disparaître dès que la version normalisée par l'ISO sera implémentée dans la version suivante de Microsoft Office, exactement comme l'éphémère format XML de Microsoft Office 2003.
Si ce « point de détail » a bloqué la publication du RGI durant deux ans, le reste du document devrait faciliter la vie des responsables informatiques des administrations et établissements publics ainsi qu'inspirer utilement les DSI des collectivités locales.
Efficacité et efficience des SI publics
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L'interopérabilité facilite en effet l'interconnexion des SI publics, ce qui permet, à moindre coût et plus rapidement, de délivrer de nouveaux services au public basés sur l'échange d'informations entre services. Les composants développés à un endroit et respectant les principes du RGI, dans une DSI publique, peuvent être réemployés aisément par une autre DSI publique : le RGI vise aussi à accroitre la mutualisation des investissements.
Parmi les préceptes du RGI, on trouve bien entendu des considérations très techniques mais aussi des indications méthodologiques ou, plus prosaïquement, des règles de vocabulaire pour que chacun puisse comprendre son voisin et utiliser les mêmes référentiels. Le recours aux normes ouvertes (au sens de la Loi sur la Confiance dans l'Economie Numérique) est un axe majeur. Les formats bureautiques (même le PDF !) restent cependant à l'état de « recommandés »(PDF, XML) voire à « en observation » (OpenDocument, OpenXML).
En effet, toutes les bonnes pratiques du RGI se heurtent à un impératif : l'autonomie de gestion des établissements et des collectivités. De nombreuses règles sont donc, elles aussi, « recommandées » voire « en observation ». On doit chercher les normes obligatoires (l'usage du POP3/SMTP et de S/MIME pour l'envoi de courriels, XMPP pour la messagerie instantanée, TCP, HTTP...). Dans certains cas, un protocole est déclaré obligatoire (IPv4 par exemple) mais il est recommandé de prévoir une possible évolution vers la version suivante (IPv6 dans cet exemple).
Les objectifs du RGI sont classiques dès lors que l'on parle de faciliter l'interopérabilité.