Le projet très haut débit du gouvernement manque de cohérence
Les incitations pour développer le très haut débit dans l'Hexagone prennent enfin de la consistance, dans le cadre du grand emprunt de Nicolas Sarkozy. Cependant, la poursuite du très haut débit ne doit pas faire oublier d'équiper en simple ADSL les zones encore privées de ce type d'accès.
( Source EuroTMT ) Comme le proposait la Commission pour le grand emprunt, Nicolas Sarkozy a confirmé, lundi 14 décembre, qu'une partie des 35 milliards d'euros serait consacrée à l'économie numérique. Sur les 4,5 milliards réservés à ce dossier, deux milliards seront utilisés pour financer le déploiement des réseaux à très haut débit. Un premier pas qui va très certainement satisfaire l'ensemble des acteurs (opérateurs, collectivités locales, Arcep...), mais qui souligne la politique brouillonne du gouvernement en la matière.
Il y a un plus d'un an, Eric Besson, alors secrétaire d'Etat à l'économie numérique, présentait son plan « France Numérique 2012 ». Ce plan affirmait bien la nécessité de doter le pays d'infrastructures télécoms modernes, mais il ne donnait comme objectif qu'un vague droit à l'accès au haut débit, et encore réduit au débit ridicule de 512 Kbit/s alors que la plupart des autres grands pays européens ont fixé un plancher à 1 voire 2 Mbit/s.
Nouvel objectif, couvrir 70% de la population
Surtout, pas un centime n'était mis sur la table : les caisses de l'Etat, expliquait-on alors, étaient vides. Un an plus tard, le président de la République remet donc le dossier à plat. Le nouvel objectif fixé est maintenant de couvrir 70 % de la population en très haut débit dans un délai de 10 ans. Pour ce faire, le gouvernement va créer un fonds national pour la société numérique qui aura la charge de répartir les 2 milliards réservés aux réseaux.
Un montant qui devrait venir compléter le financement dans les zones moyennement et peu denses définies par l'Arcep. La zone dite très dense pouvant être couverte par les opérateurs privés, la rentabilité des investissements y étant, a priori, assurée. Les modalités de versement de cette aide devraient, surtout, ravir les opérateurs alternatifs.
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Ce montant de 2 milliards devra « favoriser un investissement mutualisé entre les acteurs ». C'est exactement ce que proposent de faire SFR et Iliad dans la zone moyennement dense : mutualiser l'infrastructure pour accélérer le déploiement des réseaux. Une offre jusqu'à présent rejetée par France Télécom qui est le seul opérateur à disposer des infrastructures nécessaires même si elles sont certes ouvertes aux concurrents.
Ce fonds va aussi aider le financement des collectivités locales qui souhaitent investir dans les réseaux à très haut débit. Le Parlement vient d'ailleurs de voter la loi sur l'aménagement du numérique qui crée un fonds de péréquation, dont le financement pourrait venir du grand emprunt. Le volet numérique du grand emprunt prévoit aussi la mise en service d'un satellite permettant de couvrir en très haut débit 750 000 foyers en zone rurale.
Ou est la cohérence ?
Si cet ensemble de mesures propose une réelle incitation à l'investissement dans le très haut débit, il reste toutefois au gouvernement à donner une cohérence à l'ensemble de sa politique. En attendant que l'ensemble de ces réseaux soient opérationnels, de nombreux acteurs déplorent la faiblesse du réseau DSL, qui ne permet pas d'offrir les services et les contenus comme le triple play déjà disponibles dans les zones denses.
L'Arcep a lancé une consultation sur la problématique de la montée en débit, qui permettrait d'améliorer significativement la situation. Mais il faudra investir. Et il ne faudrait pas que la nouvelle priorité accordée au très haut débit ne vienne détourner les moyens disponibles pour le haut débit, qui pour tous les spécialistes, constitue une étape nécessaire avant de passer au très haut débit.