Un plan de licenciements déguisé. C'est ce que dénoncent le syndicat majoritaire et le comité social économique (CSE) d’Orange Business France, selon les informations publiées dans la Lettre du 26 octobre. En février dernier, la direction du groupe avait présenté aux représentants des salariés du groupe ce modèle organisationnel comme un plan de départ fondé uniquement sur le volontariat. Le CSE et la CFE-CGC de la branche B2B d'Orange contestent la validité de ce dispositif en cours d'homologation qui doit concerner 643 postes. Si la procédure est homologuée par les directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des scolarités (DREETS), le réseau territorial du ministère du travail, les deux organisations contesteront le projet et demanderont sa qualification en Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC Orange dénonce une soi-disant transformation qui ne vise qu’à délocaliser les emplois de près de 700 personnes dans des pays comme l’Inde, l’Ile Maurice ou Madagascar.
« Le plan de départs volontaires, par son intitulé même, pourrait en effet, presque faire oublier qu'il s'inscrit nécessairement dans le cadre de suppressions d'emploi devant, le plus souvent, se traduire par un licenciement économique et par la nécessité de mettre en place un plan social », nous confie le représentant syndical. Pour lui, cette procédure basée sur le volontariat moins contraignante pour l’entreprise est largement simplifiée par rapport à un PSE et ses contours sont flous. De plus, le départ volontaire n'est pas considéré comme un licenciement inévitable, et n'oblige pas à procéder à un reclassement du personnel. « La mise en place d’un PDV apparaît d'autant plus défavorable pour les salariés d’Orange Business qui n’ont pas reçu de formations depuis deux ans ni aucun service d’accompagnement vers des nouveaux métiers », alerte Sébastien Crozier. Ce denier ajoute également que Aliette Mousnier-Dupré, directrice générale d’Orange Business « dont le but est assurément d'affaiblir la représentation sociale en vue des prochaines élections professionnelles de novembre, refuse tout dialogue constructif avec les partenaires sociaux ».
L'ombre des risques psychosociaux pointée du doigt
Pour la CFE-CGC, la remontée des tensions sociales et l’inquiétude du personnel illustrent bien l’absence d’un projet d’avenir et fait remonter le spectre des risques psychosociaux. Cette stratégie de pilotage par la réduction des coûts n’est pas sans rappeler la politique de Didier Lombard. Après la privatisation de France Télécom, la direction avait mis en place deux plans de restructuration (de 2007 à 2010) prévoyant le départ de 22 000 employés et la mobilité de 10 000 autres, sur les 120 000 employés du groupe. Plusieurs dizaines de salariés s’étaient suicidés durant cette période. Le comité social économique d’Orange Business s’est joint à la CFE-CGC et a signalé la mise en place de ce PDV au Procureur de la République.
Ces réductions d'effectifs s’inscrivent dans la continuité du plan « Lead the future » annoncé en février dernier par la directrice générale d'Orange, Christel Heydemann. Ce mardi 24 octobre, la dirigeante a présenté les résultats du groupe pour le troisième trimestre 2023, et a confirmé ses objectifs financiers de l’année, notamment une « légère croissance » de l'EBITDA. Si l’Espagne et les autres marchés européens restent stables, le chiffre d’affaires de l’opérateur historique est toujours en repli en France (-0,5 %), avec une baisse toutefois moins marquée que lors des derniers trimestres. Sur la période, la division Orange Business affiche des revenus en légère hausse (0,6 %).