Sur fond de pandémie, l’écosystème numérique européen a presque doublé en 2021 pour atteindre 670 milliards d'euros (801 Md$), met en évidence le rapport Titans of Tech de juin 2021 publié par GP Bullhound Global Insights. Alors qu’il lui avait fallu 20 ans pour parvenir à dépasser les 335 Md€ (400 Md$) en 2020, il a généré près de 320 Md€ (380 Md$) en un an. On trouve ainsi en Europe 166 entreprises valorisées à plus de 1 Md$ (838 M€) et plus de la moitié des Etats de l’Union européenne comptent désormais au moins une de ces licornes. Il y en a eu 52 de plus cette année. Les fintechs continuent à jouer en tête mais le secteur de l’e-commerce et des marketplaces a également enregistré une hausse notable, poussé par les restrictions sur les déplacements. C’est le Royaume-Uni qui concentre le plus de licornes, la Suède et l’Allemagne le suivant de peu. De même qu’Israël. Par ailleurs, de nouveaux pays entrent dans la ronde comme la Croatie ou l’Autriche. En France, l’éditeur de marketplaces Mirakl est devenu la 10ème licorne hexagonale en septembre 2020, tandis que Vestiaire Collective, site de vente de vêtements d'occasion, s'est placé en 11ème au printemps 2021.
Dans la catégorie des décacornes, dépassant la valorisation de 10 Md$, il y a maintenant 18 sociétés tech en Europe. Et parmi les valorisations franchissant les 50 Md$, on trouve le spécialiste du paiement en ligne Adyen, basé à Amsterdam, qui atteint 61,5 Md$. Celui-ci entre ainsi dans le club des Titans qui réunit 26 fournisseurs de technologies au niveau mondial (où l’on trouve des groupes fortement valorisés comme Facebook, Tesla, ByteDance, Shopify, Servicenow, Zoom…). Pas très loin derrière Adyen, le Suédois Spotify et son service de streaming (musique, podcasts, vidéos) a atteint une valorisation de 43,1 Md$ le 12 mai, tandis que le pure player roumain de la RPA, UiPath, est à 37,5 Md$.
Les SPAC américaines ciblent les leaders du numérique en europe
L’apport de capitaux ne contraint plus le développement de l’écosystème en Europe, indique le rapport de GP Bullhound. Pour la France, selon KPMG, la dynamique française s’est maintenue sur les trois premiers mois de l’année, au cours desquelles les start-ups hexagonales ont levé 1,6 Md$ en capital-risque (contre 3 Md$ pour les startups allemandes et 7,1 Md$ pour les britanniques). Le rapport GP Bullhound indique par ailleurs que sur les 14 licornes qui se sont introduites en bourse au cours des deux dernières années, 57% l'ont été en Europe.
Sur les 14 introductions en bourse ces deux dernières années, plus de la moitié se sont faites en Europe. (Crédit : GP Bullhound)
La répartition entre Etats-Unis et Europe des cotations des 42 sociétés technologiques européennes valorisées plus d'1 Md$. (Crédit : GP Bullhound)
Cela dit, le phénomène des SPAC (special purpose acquisition company) pourrait avoir un impact négatif sur cet équilibre, note GP Bullhound Global Insights. Ces sociétés, créées par des investisseurs expérimentés, ont vocation à lever des capitaux en bourse pour racheter des entreprises dans un domaine d’activité bien identifié. Par exemple, en France, le SPAC Mediawan créé par Xavier Niel et Matthieu Pigasse en 2016 convoitait celui des médias. Or, ces structures ont levé plus de 100 Md$ au niveau mondial en 2021 dont seulement 2,2 Md$ en Europe et de nombreux leaders technologiques européens sont maintenant acquis ou ciblés par des SPAC américaines, pointe le rapport de GP Bullhound Global Insights. Sur l’année passée, les SPAC américaines ont levé 230 Md$ au niveau mondial dans de nouvelles IPO. Néanmoins, des SPAC européennes entrent aussi en bourse pour tenter de garder les pépites en Europe.
Sur les mois à venir en Europe, les prochaines licornes continueront probablement à pointer leur corne à partir d'un éventail diversifié de secteurs et de zones géographiques, avec un focus sur le SaaS et les places de marché. Le Royaume-Uni, la région Allemagne/Autriche/Suisse et la France sont bien placés, selon GP Bullhound Global Insights. Les pays nordiques et l’Europe du Sud auront aussi leur mot à dire.