Le navigateur Chrome de Google a son propre moteur Javascript
Cette fois, Chrome est là. On peut déjà télécharger sa version bêta. Le navigateur de Google, open source et doté de capacités multiprocessus, promet la puissance et la disponibilité. Il exploite un tout nouveau moteur Javascript maison.
Chrome est en route. Quelques heures plus tôt que prévu, Google a sorti son navigateur des cartons. Après une fuite dans la blogosphère, le logiciel a presqu'autant défrayé la chronique sur le web que Gustav, l'ouragan ou Bristol, la fille de la co-listière de John McCain.
Quand Google, ennemi juré de Microsoft, lance un concurrent à Internet Explorer, on comprend l'ampleur du buzz. Mais, selon David Kadouch, chef de produit chez Google, qui a présenté le bébé à Paris : Chrome est plus qu'un navigateur, c'est « une plateforme d'exécution pour les applications Web de demain. » La version bêta de Chrome pour Windows peut être téléchargée chez Google. Les utilisateurs de Linux et de Mac, habitués, devront attendre, sans plus de précision de délai.
Promouvoir le cloud computing, sans passer par Internet Explorer
Il est facile de comprendre que Google ait décidé de mettre au point son propre navigateur. Le maître du moteur de recherche rappelle sa foi indéfectible dans le développement du 'cloud computing'. Aujourd'hui, la plupart des internautes accèdent aux applications en ligne proposées par Google via Internet Explorer. « Imaginez comme il doit être pénible de dépendre de votre pire ennemi pour interagir avec vos clients ! », constate Tristan Nitot, président fondateur de Mozilla, sur son blog.
Mais surtout, ce type d'environnement nécessite un navigateur puissant et disponible. Or, 60% du marché est aux mains d'un Internet Explorer « peu performant (et peu sécurisé) et qui évolue très peu », continue le papa de Firefox. Les 30% restants utilisent justement Firefox. Mais Tristan Nitot dit se réjouir de voir un nouveau concurrent. D'autant qu'il appartient à la communauté du logiciel libre.
Un tout nouveau moteur Javascript
[[page]]Pour assurer la performance, Google s'est donc attaqué aux couches basses de Chrome. Il a notamment redéveloppé, « en partant de zéro », un moteur Javascript. Selon l'éditeur, V8 permettrait de charger et d'afficher les pages Web « beaucoup plus rapidement que les versions actuelles des autres navigateurs. » Un turbo précieux pour l'exécution des applications Web de prochaine génération, plus riches.
Mais l'atout principal de Chrome, ce sont ses capacités multiprocessus qui permettent d'exécuter simultanément plusieurs processus indépendants. Chaque session Web, lancée dans un nouvel onglet ouvert sur l'interface du navigateur, s'exécute indépendamment des précédentes. Si un processus se bloque, les autres n'en sont pas affectés. En cas de ralentissement global, Chrome repère aussi le processus en cause, afin de le supprimer. Fini le blocage dû à trop de fenêtres ouvertes ? A suivre.
Chrome et V8 reversés dans la corbeille Open Source
[[page]]Google se plaît à rappeler régulièrement qu'il veut oeuvrer pour le bien de tous. Avec Chrome, il va jusqu'à se défendre de faire de l'ombre à d'autres navigateurs... Tristan Nitot, sur son blog, estime en tous cas, qu'il s'agit d'une bonne nouvelle pour Mozilla. Sans doute, cela dit, parce que c'en est une moins bonne pour Microsoft. Google affirme donc chercher à faire progresser l'innovation dans le domaine des navigateurs.
Il verse ainsi ses développements dans le terreau Open Source afin que chacun tire parti des avancées réalisées et apporte de nouvelles contributions. Le projet libre s'appelle Chromium. Le précieux moteur Javascript V8, fruit du travail d'une de ses équipes de développeurs au Danemark, tombe aussi dans la corbeille communautaire.
Une inspiration puisée chez Apple et Mozilla
Gears pour l'accès aux applications hors ligne, des options de sécurité anti phishing, une interface utilisateurs à base d'onglets, Chrome exploite les outils Google mais s'inspire aussi beaucoup de l'Open Source. Son éditeur explique s'appuyer ainsi sur le moteur de rendu WebKit (dérivé du projet Khtml), au coeur du Safari d'Apple et avoir emprunté des fonctions de sécurité, notamment, à Firefox.
Les promesses de Chrome sont sans aucun doute alléchantes. Reste à le mettre à l'épreuve.