Depuis 2008... Non, depuis 1974 en fait, on ne parle que de crise. Le chômage s'accroît, la misère s'étend, les entreprises s'effondrent. Et si cette crise n'était qu'une crise d'adolescence ? Si le monde industriel né au XIXème siècle devait juste devenir adulte ? C'est la thèse de la sociologue Céline Frontera dans (R)évolution Collaborative qui vient de paraître. Pour elle, la crise est plus un vecteur qu'un révélateur de la révolution sociétale qui doit advenir. Celle-ci touche notamment la manière même dont l'entreprise est envisagée.
Le numérique, notamment, remet totalement en cause le modèle d'organisation ultra-hiérarchique de Frederick Winslow Taylor dédié à la production de masse standardisée. Ce mode de production et cette organisation sont obsolètes. La collaboration horizontale, synthétisant le génie créatif de chaque individu, a pris la place du Top-Down universel : au sein de l'entreprise, entre l'entreprise et ses clients, etc. Les modes de management comme ceux de consommation en ont été bouleversés. Les entreprises qui ne l'ont pas compris sont condamnées et condamnent notre monde. Et cette collaboration n'a été rendue possible que par l'émergence des outils numériques.
Un ouvrage militant
Après une introduction reposant ce contexte, en forme de plaidoyer, l'auteur brosse la liste des opportunités issues de la transformation en cours. Saisir les opportunités suppose de changer d'approche tant sur les outils numériques que, notamment, sur les richesses humaines. Le changement doit aussi atteindre le mode même d'organisation de la production en ayant une approche beaucoup plus « développement durable », notamment via « l'économie circulaire ». Mais près des deux tiers de l'ouvrage sont constitués de témoignages concrets d'acteurs du changement, essentiellement des chefs d'entreprises. Au fil d'un texte très structuré mettant en avant leurs leçons de management, ils déroulent leurs approches et actions.
Certes l'ouvrage est militant. Mais il vise surtout à nous pousser à la réflexion. Se demander à quoi peut servir tout ce numérique qui nous entoure, quelles évolutions il pourrait servir pour le bien de l'humanité, est toujours intéressant.