Pendant des mois, Oracle a vanté les mérites de la fonction « base de données enfichable » de Database 12c. Selon l'éditeur, ce changement important dans l'architecture doit améliorer grandement les performances et l'efficacité de la future version de sa base de données et rendre également les applications cloud plus sûres. Mais les clients qui voudront en profiter devront s'acquitter de frais supplémentaires en plus du coût de maintenance régulier. En effet, si l'on se base sur les déclarations faites jeudi dernier par le CEO d'Oracle Larry Ellison lors d'une conférence consacrée aux résultats trimestriels, l'éditeur prévoit de proposer la fonction en « option » et de la faire payer « séparément ».
Cette fonction de « base de données enfichable » permet de faire tourner plusieurs bases de données à l'intérieur d'une instance Database 12c unique. Elle signe aussi l'entrée d'Oracle dans l'architecture multitenant (mutualisée), un élément clef pour les applications basées sur le cloud. Dans le passé, quand on parlait d'architecture multitenant, on pensait surtout à une pratique adoptée par des fournisseurs SaaS comme Salesforce laquelle consiste à partager la même instance d'applications entre plusieurs clients en conservant leurs données séparément. Oracle estime que, au niveau applicatif, l'architecture mutualisée classique est moins pertinente et moins sûre que l'approche adoptée par 12c, laquelle, selon l'éditeur, pousse le multitenant au niveau de la base de données, comme l'a expliqué Larry Ellison.
Une base de données globale et partagée
Déjà , l'an dernier, au moment de l'annonce de la 12c lors de la conférence OpenWorld, le vice-président sénior d'Oracle, Andy Mendelsohn, avait déclaré que « les bases de données enfichables reposaient sur une refonte fondamentale de l'architecture de la base de données d'Oracle ». Ajoutant que « désormais, les administrateurs n'auraient plus qu'une base de données globale à gérer ». Mais, pour profiter de cette expérience, les clients qui choisiront de faire la mise à jour de leur base de données vers 12c devront débourser davantage d'argent, en plus de la licence de base pour Oracle Database Enterprise Edition, toujours listée à 47 500 dollars HT par processeur. Reste que l'annonce faite par Larry Ellison n'est pas très surprenante. Un grand nombre de fonctionnalités précédemment ajoutées à l'édition Enterprise étaient déjà assorties de frais supplémentaires, comme c'est le cas de Real Application Clusters, facturé 23 000 dollars HT par processeur.
Oracle accorde facilement à ses clients de très grosses remises sur ses licences logicielles. Mais, en proposant des fonctions en option pour le produit de base, comme c'est le cas des bases de données enfichables, l'éditeur peut s'assurer des revenus supplémentaires assez conséquents en maintenance annuelle. Les clients de la base de données d'Oracle, qui payent déjà pour le produit de base, et qui ont prévu de passer à 12c, seront sans doute déçus d'apprendre qu'ils ne bénéficieront pas de la fonction « bases de données enfichables » en faisant la mise à jour du produit. Cela dit, il est possible que ce surcoût pour accéder à cette option soit, en partie, compensé par certains avantages, notamment une maintenance plus facile du système et la réduction des besoins en ressources informatiques. Pourtant, un observateur du secteur juge très négativement l'annonce de Larry Ellison. « Le business modèle d'Oracle consiste à tirer le maximum de revenus des entreprises qui ont fait le choix de dépendre de l'éditeur », a ainsi déclaré Curt Monash, analyste de Monash Research.
Une annonce commune Oracle/Microsoft très attendue
Pour l'instant, Oracle n'a pas annoncé la date de lancement effective de Database 12c, mais elle devrait avoir lieu bientôt. Par contre, Oracle devrait annoncer cette semaine un certain nombre de partenariats avec des fournisseurs de logiciels autour de cette version qui « vont donner un autre visage au cloud et changer la perception de la technologie d'Oracle dans le cloud », a déclaré le CEO. Jeudi dernier, Larry Ellison a promis des annonces « surprenantes », de la part de fournisseurs comme NetSuite, Salesforce et Microsoft. Mais, seule l'annonce de l'entreprise de Redmond semble vraiment intéressante, parce que NetSuite et Salesforce utilisent depuis longtemps la technologie de base de données d'Oracle, même si Salesforce s'est un peu éloigné de la plate-forme. Mais Microsoft propose sa propre base de données SQL Server. Celle-ci est très répandue, elle est en concurrence avec le produit d'Oracle et elle est disponible sur la plate-forme cloud Azure de Microsoft. De son côté, Oracle a mis en place un service qui ressemble à Azure, où il propose également sa propre base de données.
La conférence de presse conjointe entre Microsoft et Oracle qui doit avoir lieu aujourd'hui est assez importante pour mériter la présence de Steve Ballmer, le CEO de Microsoft, et celle du président d'Oracle, Mark Hurd. Il n'est semble-t-il pas prévu que Larry Ellison apparaisse sur scène. Les rumeurs sur l'événement sont allées bon train. « Par exemple, Oracle et Microsoft pourraient annoncer le support pour faire tourner des applications Java sur Windows Azure », a déclaré l'analyste Ray Wang, PDG de Constellation Research. « Une autre fait état d'une collaboration entre Microsoft et Oracle pour développer un projet de cloud hybride dans le genre d'OpenStack », a ajouté l'analyste.