Le ministère de la Défense revoit son outil Renodoc pour la maintenance des Rafale

Conçu à la fin du vingtième siècle et déployé progressivement jusqu'au milieu des années 2000 pour ses principales missions au sein de l'Armée de l'Air et de la Marine, le Rafale est un avion militaire multi rôle développé et produit par Dassault Aviation. Il est amené à progressivement remplacer plusieurs types d'appareils, les derniers déploiements devant donc intervenir dans les années 2025-2030, l'utilisation de l'appareil étant prévue de manière opérationnelle jusqu'en 2040.

Le premier système de gestion de la documentation était strictement propriétaire et fourni par le constructeur. En 2010, le ministère de la Défense a donc souhaité faire évoluer l'outil pour en dépasser les limites fonctionnelles. Progressivement, cela a abouti à une évolution du système RENODOC (Rénovation de l'outil documentaire) dont la première version datait de 2004 et gérait déjà une partie de la documentation technique de la seule Armée de l'Air. Déployée en fin 2013, cette nouvelle version intégrait la documentation concernant le Rafale et pour le compte des deux armées.

Un outil plus agile

L'ancien outil nécessitait de générer des DVD qui devaient être ensuite expédiés, avec toutes les précautions nécessaires aux documentations classifiées, dans la cinquantaine de sites de présence du Rafale. A ces sites ordinaires s'ajoutaient les théâtres d'opérations.

A l'inverse, le nouvel outil peut certes être transmis sur un support de mémoire de masse dans les cas où le site cible est sans connexion appropriée, mais son mode ordinaire de fonctionnement est en mode web via le réseau classifié de la Défense. La documentation centrale, unique, peut donc être rapidement mise à jour par la SIMMAD (Structure Intégrée du Maintien en condition opérationnelle des Matériels Aéronautiques de la Défense) pour un moindre coût et une bien plus grande agilité. Même des sites tels que le porte-avion Charles-De-Gaulle peuvent être reliés par les moyens télécoms habituels des armées.

De multiples sources de documents à intégrer

Destinée autant aux techniciens qu'à la formation des pilotes, la documentation est de multiples origines et comprend environ 36 000 pages. Elle comprend d'une part les directives de l'armée, d'autre part la documentation issue des différents constructeurs et prestataires (Dassault, Thalès, MBDA, Snecma, etc.). « La documentation incorporée est dématérialisée, écrite dans un format SGML avec des règles d'écriture formalisées dans le marché initial du programme » précise le Capitaine Damien Rogovitz, Chef de projet RENODOC (Rénovation de l'outil documentaire) au sein de la SIMMAD (Structure Intégrée du Maintien en condition opérationnelle des Matériels Aéronautiques de la Défense).

La documentation fournie est soumise à un processus de validation automatique puis manuel par des experts pour vérifier d'abord le respect des règles d'écriture puis valider le droit d'utiliser la nouvelle documentation dans les forces opérationnelles. La nouvelle version de la documentation, avec ses évolutions, est alors « générée » sous forme de fichiers XML. Cette nouvelle forme de la documentation est aussitôt disponible sur tous les sites reliés par le réseau interne classifié de la Défense.

Une intégration spécifique

L'État a souhaité faire développer un outil spécifique respectant toutes les contraintes de la Défense. Mais cet outil s'appuie cependant sur des briques industrielles. L'intégration et les développements spécifiques ont été confiés à Capgemini (division aérospatiale et défense) et Euroscript.

La fonction GED est ainsi basée sur une intégration d'Alfresco sur base de données Oracle. La partie consultation est développée sur un navigateur Internet auquel ont été adjoints des modules en technologies Java et CSS. Cet outil de consultation peut être embarqué sur les tablettes ou tous types de terminaux informatiques courants.
Le coût global du programme de rénovation de la gestion de la documentation est estimé à 6 millions d'euros. Le nouvel outil, à terme, devrait en effet intégrer la gestion de la totalité de la documentation technique de l'ensemble des aéronefs militaires français.