Le gouvernement retouche la réforme du CNRS sous la pression des chercheurs
La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, a fini par céder à la pression des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique. Elle est revenue sur ses déclarations antérieures qui sous-tendaient, selon les syndicats, une volonté de démanteler le CNRS en procédant à la sortie d'un nombre important de ses disciplines.
Les fortes mobilisations de la communauté scientifique et universitaire observées ces dernières semaines n'auront pas été vaines. A Paris, près de 200 chercheurs ont de nouveau manifesté ce matin devant le siège du CNRS, tandis qu'en région, à Toulouse, Bordeaux et Montpellier, le mouvement atteignait des proportions quasi équivalentes.
Ainsi, organisations syndicales et associations de la recherche et de l'université ont pu obtenir de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche l'arrêt, dans l'immédiat, du démantèlement du CNRS et la possibilité d'une nouvelle rédaction du plan stratégique « Horizon 2020 ».
Ce plan prône désormais le maintien de toutes les disciplines au CNRS à égalité de traitement, la responsabilité entière de la direction de l'organisme dans la création de toute nouvelle structure et la répartition de leurs moyens. La constitution de conseils scientifiques composés pour partie d'élus, ainsi que la coordination avec des établissements partenaires du même champ disciplinaire, sont également pris en compte.
Des propositions dénuées de garanties
« La ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche souhaitait faire sortir du CNRS un nombre important de disciplines, rappelle Jean-Luc Mazet, secrétaire général du syndicat SNCS-FSU, syndicat national des chercheurs scientifiques. Elle entendait nommer les directeurs des nouveaux instituts et doter ces derniers de budgets indépendants, faisant du CNRS une coquille vide. »
Reste que les nouvelles propositions de la ministre laissent les syndicats réservés : « Pour déterminer notre position, nous attendons de voir en quels termes précis ces intentions verbales vont être traduites dans les jours qui viennent », prévient le secrétaire général du SNCS-FSU. D'ailleurs, sur certains points, comme celui de la précarité, engendrée notamment par l'explosion de l'ANR (Agence nationale de la recherche), il n'y aurait pas eu de réponse précise de la ministre qui s'est, par ailleurs, refusée à s'engager sur des créations ou des renouvellements d'emploi, comme sur le rééquilibrage des crédits de base des laboratoires et les financements sur les projets courts.
Pour toutes ces raisons, pour protester contre le vote en urgence du plan stratégique et exiger que la nouvelle organisation du CNRS soit largement débattue à l'automne 2008, les organisations appellent les personnels de la recherche à rester vigilants.