D’un côté il y a des industriels qui regardent avec intérêt les avantages de la 5G privée comme le montre une récente étude de Capgemini et de l’autre il y a la réalité, les projets restent encore timides comme nous le montrions récemment dans notre dossier « 5G : pourquoi est-ce une vraie rupture pour les entreprises ». De grands groupes comme la SNCF ou Schneider, voire des structures comme le Port du Havre expérimentent la 5G privée, mais cela ne va pas assez vite pour le gouvernement. « Nous pensons que dans beaucoup de compartiments du jeu, la 5G peut être un accélérateur de compétitivité pour nos entreprises » a expliqué Agnès Pannier-Runacher, ministre en charge de l’industrie. En compagnie de Cédric O, secrétaire d’Etat en charge de la transition numérique, elle a lancé une stratégie d’accélération de la 5G avec une enveloppe budgétaire de 735 M€ jusqu’en 2025.
Des axes prioritaires : solutions souveraines, formation, R&D
Ce montant n’est pas totalement nouveau; il est en effet issu du plan France Relance et du programme sur les investissements d’avenir (PIA) et servira à subventionner différents projets. Il sera complété par des financements privés pour atteindre un montant global de 1,7 milliard d’euros. 4 axes prioritaires ont été retenus par l’exécutif. En premier lieu, la moitié des aides va aller aux équipementiers télécoms européens pour développer une offre de réseaux 5G souverains. On pense bien évidement à Ericsson et Nokia, ce dernier a récemment annoncé des évolutions de sa plateforme AirScale 5G. Une autre partie du financement doit servir à la R&D notamment sur des travaux liés à la 6G. Les questions de formation ne sont pas oubliées avec un financement de 36 M€. Le gouvernement prévoit la création de 20 000 emplois d’ici 2023 dans ce domaine.
Mais le volet le plus important de cette stratégie est de multiplier les cas d’usage dans différents secteurs d’activités. Pour cela, le gouvernement va compléter l’appel à projet lancé en octobre 2019. Dans ce cadre, l’Arcep avait autorisé plusieurs initiatives exploitant la bande de fréquence 26 GHz dite aussi « bande millimétrique », proposant un meilleur débit et couverture indoor. Parmi les projets retenus, il y avait Bordeaux Métropole qui utilise la 5G pour gérer les lampadaires connectés et au final assurer la gestion intelligente de l’énergie au sein des communes concernées. De même, dans l’optique des Jeux olympiques de 2024, le vélodrome national de Saint-Quentin en Yvelines testera la 5G à destination des médias.
Trois expérimentations supplémentaires
3 autres projets supplémentaires voient le jour. Le premier se nomme Pirana et il est porté par Kalray, le concepteur de processeurs multicoeurs et massivement parallèle. Il a été retenu pour développer une carte accélératrice dédiée au marché des télécoms et plus particulièrement pour l’edge computing. Orange et Renault sont parties prenantes de ce projet avec un pilote sur la conduite autonome.
Le second projet mobilise Adeunis, spécialiste de l’IoT, pour travailler sur les bâtiments connectés. Grâce aux capteurs et au réseau 5G, il sera possible de gérer avec moins de latence la consommation énergétique (ventilation, chauffage, éclairage), la maintenance prédictive ou la protection des personnes (qualité de l’air, …). Pour cela, le projet prévoit d’élaborer une gamme de 6 produits et 2 plateformes logicielles.
Toujours dans l’IoT, le dernier projet emmené par Médiane Système et baptisé 5G-mMTC se décline en 2 expérimentations. La première est menée en collaboration avec la fédération française de cyclisme pour créer une plateforme « du capteur au cloud » avec des modules de mesure sur les vélos et les sportifs. La seconde initiative est réalisée avec EDF pour uniformiser et fédérer les différents capteurs et technologies dont se sert l’énergéticien.