Évoquée par Elisabeth Borne pour la première fois lors de l’événement phare du Medef, la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) le mois dernier, la réunion d'experts autour de l'IA s'est concrétisée. En effet, la Première ministre a annoncé officiellement la création du premier comité dédié à l’intelligence artificielle. L’objectif ? Répondre à la multiplication d’outils d’IA générative ces derniers mois ainsi qu’au potentiel et aux problématiques qui sont propres à cette technologie. L’IA soulève en effet de nombreuses questions, notamment dans les domaines de l’éthique, de l’économie, de la productivité, du travail, de l’organisation des entreprises ou encore à propos des souverainetés industrielles et numériques des États. De cela, découlent des bouleversements technologiques et sociaux.
Pour le gouvernement, cela prouve « que la bataille pour la souveraineté passe par la maîtrise de ces algorithmes ». En 2018 déjà, le président de la République, Emmanuel Macron, avait initié une première phase de la stratégie nationale pour l’IA afin de développer cette filière technologique dans l’Hexagone. Aujourd’hui, les besoins sont multiples et l’État ne veut pas être à la traîne sur le sujet. Il y a donc urgence à renforcer les formations pour développer davantage de profils compétents en France, mais aussi à investir pour favoriser l’innovation française sur la scène internationale. Autre point, et pas des moindres : définir une régulation adaptée des différents secteurs pour protéger des dérives.
Une composition éclectique pour ce comité
Pour faire face à cette feuille de route chargée, Élisabeth Borne a donc rassemblé des acteurs de différents secteurs (culturel, économique, technologique, recherche), pour « contribuer à éclairer les décisions du Gouvernement et faire de la France un pays à la pointe de la révolution de l’intelligence artificielle ». Les membres de ce comité présenteront des propositions concrètes - d’ici 6 mois - afin d’adapter leur stratégie nationale. Philippe Aghion, économiste spécialiste de l’innovation et Anne Bouverot, présidente du conseil d’administration de l'ENS co-président donc le comité composé de 13 membres.
On retrouve ainsi Gilles Babinet, Président du Conseil national du numérique, Joëlle Barral, directrice scientifique chez Google, Alexandra Bensamoun, personnalité qualifiée au Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA), Nozha Boujemaa, membre du groupement d’experts de haut niveau sur l’IA auprès de la commission européenne, Bernard Charlès, DG de Dassault Systèmes, Luc Julia, expert en intelligence artificielle générative, Yann Le Cun, VP et Chief AI Scientist chez Meta, expert de l’IA générative, Arthur Mensch, fondateur de Mistral, Cédric O, consultant et ancien Secrétaire d’Etat au Numérique, Isabelle Ryl, directrice du Paris Artificial Intelligence Research Institute (PRAIRIE, INRIA) ainsi que Franca Salis-Madinier, Secrétaire nationale de la CFDT Cadres en charge de l’Europe, du numérique, de l‘intelligence artificielle et de la protection des lanceurs d’alerte, Martin Tisné, cofondateur de l’OGP et Gaël Varoquaux, chercheur en informatique.
Un tour d’horizon des impacts de l’IA
Les membres auront donc pour objectif de faire un tour d'horizon de ce que l'IA peut apporter, qu'il s'agisse de points forts ou de points faibles. Pour Philippe Aghion, économiste spécialiste de l’innovation et co-président du comité de l’IA, le travail est donc ambitieux : « Avec l’ensemble du comité, nous analyserons l'impact de l’intelligence artificielle sur notre économie, l’emploi, la croissance, la lutte contre les inégalités. Les enjeux sont divers, par exemple comment stimuler l’emploi grâce à l’intelligence artificielle ? Ou encore comment favoriser la mobilité sociale et la croissance ? Par ailleurs, nous nous pencherons sur la politique industrielle de l’intelligence artificielle, comment combler le déficit par rapport aux investissements américains et chinois. Nous proposerons dans quelques mois des recommandations au Gouvernement ». Rendez-vous donc dans six mois pour en savoir plus sur les propositions du comité.