(Source EuroTMT)Pour atteindre cet objectif ambitieux, le ministre de l'économie numérique a rappelé que l'Etat allait injecter 2 milliards d'euros (issus du Grand Emprunt) dans les infrastructures et que, côté mobile, l'attribution des fréquences 800 MHz et 2,6 GHz, prévue durant le premier semestre 2011, devrait permettre d'élargir la couverture en haut et très haut débit.
Pour conclure, il a souligné que « les collectivités locales vont avoir un rôle moteur dans le déploiement ». A ces dernières de se débrouiller pour mettre en oeuvre les préconisations du gouvernement, soit à partir de financements publics, soit par le biais de PPP (Partenariats Public-Privé).
L'optimisme loin d'être unanime
Mais ce discours optimiste ne fait pas l'unanimité auprès des élus. A l'image d'Yves Krattinger, Sénateur PS de la Haute-Saône, qui craint de voir se développer « une béance numérique ». Car les intentions affichées par le gouvernement restent finalement assez vagues : « 70 % de la population couverts, ce n'est pas 70 % du territoire ! Et il faut également définir ce que l'on entend par très haut débit : est-ce du 10, du 30 ou du 100 Mbits descendant ? » s'interroge le sénateur.
Mais là ne sont pas les seules inquiétudes d'Yves Krattinger. Elu d'un département très rural, dépourvu de très grandes agglomérations, celui qui est également Président de la Commission Aménagement du Territoire et TIC de l'ADF (Assemblée des départements de France) s'interroge sur l'avenir des zones 3 : « Ça va être long pour équiper ces territoires en très haut débit. Or nous avons de fortes demandes de la part de nos concitoyens. Comment allons-nous faire patienter le public et les entreprises? » Et de prendre à partie les opérateurs qui sont dans la salle : « Où en est la montée en débit hors fibre optique ? » De fait, de plus en plus d'experts voient dans le développement du haut débit (HSPA +, Wifi, Femtocell, satellite... ) un moyen plus rapide et moins coûteux de couvrir correctement les territoires non denses.
Car, même si le gouvernement promet 2 milliards d'euros - avec espère-t-il un effet de levier auprès des opérateurs -, les collectivités vont devoir également financer les montées en débit. A eux-seuls, les départements investissent déjà 240 millions d'euros par an pour le déploiement de l'Internet. Mais il n'est pas certain qu'en période de crise économique, ces mêmes départements puissent augmenter leurs efforts. Or dans un rapport publié en janvier 2010, la Datar indique que la couverture en fibre optique de 100 % de la population et des entreprises coûterait 30 milliards d'euros, dont 15 milliards d'euros de financement public. Alors qu'une couverture à 80 % en FTTH, à 5 % en équipant des sous-répartiteurs (pour une montée en débit) et à 15 % en utilisant la 4G/LTE reviendrait seulement à 18 milliards d'euros, dont 8 milliards d'euros par les financements publics.
Initiative mais pas forcément financement public
Quoiqu'il en soit, les élus des zones non denses refusent d'être les seuls à investir. Un avis que partage totalement Gabrielle Gauthey, vice-président d'Alcatel-Lucent chargée des relations institutionnelles : « L'avenir du numérique passe par les territoires car la mutualisation ne pourra s'organiser sans eux. Mais il ne faut pas confondre initiative publique et financement public. Les territoires détiennent la clé de la péréquation et de l'initiative. Ils doivent être producteurs de nouveautés, de valeur ajoutée et non pas seulement consommateurs. »
Le financement du très haut débit sur les zones moins denses en question
Les Assises du numérique qui se sont tenues le 25 novembre dernier à Paris ont abordé le sujet, oh combien problématique, du très haut débit dans les zones non denses. Eric Besson, ministre en charge du développement numérique, qui ouvrait la journée a posé le cadre : « Nous souhaitons que 70 % de la population française soient couverts par le très haut débit d'ici 10 ans, et 100 % d'ici 2025.»