L'entreprise GitLab a déposé son S-1 ce 17 septembre, vantant un chiffre d'affaires de 233 millions de dollars, plus de 2 600 contributeurs à sa plateforme open source et un effectif de 1 350 personnes, intégralement à distance. Et en effet, le résultat est impressionnant quand on sait que GitLab s'est taillé un marché dans l'ombre de GitHub. Ce dernier prévoit que 100 millions de développeurs utiliseront sa plateforme d'ici 2025. C'est devenu l'endroit par défaut où les développeurs poussent leur code open source. GitHub est également le principal endroit où les entreprises permettent à leurs équipes de développement de travailler ensemble.
Mais, comme le démontrent les chiffres de GitLab, la collaboration des entreprises autour du code se fait de manière importante sur ce logiciel. De fait, GitLab pourrait devenir une cible d'acquisition évidente pour un fournisseur de cloud qui souhaiterait concurrencer Microsoft, qui a notamment acquis GitHub en 2018.
GitLab, loin d’être GitHub
Bien que les deux soient des dépôts de code aujourd'hui, GitLab, contrairement à GitHub, a commencé comme un outil de collaboration pour les développeurs. Cette vision originale a depuis été étoffée pour incorporer des outils de développement et de déploiement de bout en bout, hautement intégrés, avec une intégration continue et une livraison continue (CI/CD) étroitement intégrées comme argument de vente clé. Il est possible d’obtenir la même fonctionnalité de base avec GitHub, mais un certain assemblage est nécessaire, tandis que GitLab s'occupe de tout cela pour l’utilisateur.
L'un est-il meilleur que l'autre ? Cela dépend de ce que l’utilisateur essaie d'accomplir. Pour les entreprises qui souhaitent réunir les équipes de développement, d'exploitation, d'informatique, de sécurité et de gestion, GitLab est la solution. GitHub ne cherche pas vraiment à être le prochain GitLab, tout comme GitLab ne cherche pas à être une incarnation de GitHub. À certains égards, la vision de GitLab est peut-être plus grande, mais plus difficile à réaliser.
Tous vos devops nous appartiennent
Dans le document S-1 de GitLab, la société énonce une platitude bien trop familière. « Aujourd'hui, chaque industrie, chaque activité et chaque fonction au sein d'une entreprise est dépendante des logiciels. Pour rester compétitives et survivre, presque toutes les entreprises doivent se transformer numériquement et devenir expertes dans la création et la livraison de logiciels ». L'entreprise adopte une approche holistique pour permettre cette transformation. Les développeurs sont souvent chargés de la lourde tâche de la transformation numérique, mais la plateforme de GitLab est destinée à inclure des parties normalement non associées au développement de logiciels. Son objectif : « avoir toutes les équipes sur une seule application avec une seule interface représente un changement radical dans la façon dont les organisations planifient, construisent, sécurisent et livrent les logiciels », annonce-t-elle.
Selon le S-1, la plateforme comprend tout « de la planification du projet à la gestion du code source, à l'intégration continue, aux tests statiques et dynamiques de sécurité des applications, à l'emballage des artefacts, à la livraison et au déploiement continus, à la configuration de l'infrastructure pour un déploiement optimal, à la surveillance des incidents, à la protection du déploiement de production ou encore [à] la gestion de l'ensemble du cycle avec l'analyse du flux de valeur ». Comme pour GitHub, la plupart des clients, selon le S-1, commencent à utiliser GitLab pour donner tous les moyens à leurs développeurs, mais la société a d’autres attentes, notamment le fait que les clients continuent à étendre leur utilisation de la plateforme bien au-delà des développeurs.
Les logiciels au cœur du fonctionnement
Reste à voir si cela fonctionnera. Comme l'entreprise le souligne dans son document, « le marché de nos services est nouveau et non éprouvé et peut ne pas se développer ». Jusqu'à présent, les signes sont bons, mais il est raisonnable de supposer que de nombreuses entreprises opteront pour une approche best-of-breed de devops, en assemblant des composants. Il existe de nombreux précédents en la matière : dans le domaine du cloud, nous avons peut-être commencé par des tentatives d'offres holistiques de type « platform-as-a-service », mais le marché a voté pour l'approche AWS. Comme l'explique Stephen O'Grady, analyste chez RedMonk, « moins de dix ans après la naissance du marché de l'infrastructure en tant que service (et donc du cloud), l'attente par défaut est progressivement devenue des primitives d'infrastructure de base disponibles sous forme de service web, payées à l'utilisation et disponibles plus ou moins instantanément ».
Comme le note Stephen O'Grady, « si la première ère du cloud est définie par des primitives, ses jours touchent à leur fin. La prochaine sera probablement définie, comme l'industrie informatique depuis ses débuts, par les abstractions que nous construisons au-dessus de ces primitives ». Le besoin de rapidité exige de plus en plus que les développeurs (et les entreprises qui les emploient) achètent des plateformes qui font abstraction des complexités de la création et de l'exécution des logiciels. GitLab ne défiera probablement pas GitHub pour être le premier à héberger 500 millions de dépôts publics de code source ouvert. Ce n'est pas son but. GitLab cherche plutôt à faciliter la tâche des entreprises qui souhaitent placer les logiciels au cœur de leur fonctionnement, en hébergeant avec elles un nombre croissant de dépôts de code privés.