En lançant son dernier Mac Pro, en début de semaine, Apple a voulu montrer qu’il pouvait revenir sur le marché BtoB en force. Et malgré des airs de râpe à fromage, il faut moins se soucier des apparences de ce Mac que de ce que son capot renferme. Comme toujours, Apple ne dit pas quel CPU il utilise mais selon les indications fournit, il s’agit soit d’un processeur Intel Xeon W-3275M ou d’un Xeon W-3275. Ces derniers sont basés sur l’architecture Skylake et disposent d’une fréquence de base de 2,5 GHz, qui monte à 4,4 GHz en mode turbo et qui permettent un mode Turbo Boost Max 3.0 à 4,6 GHz. Ces CPU sont l’équivalent pour serveurs du Xeon W-3175X - pour desktop - qui coûte déjà 2 999$ et sont donc deux fois plus chers.
D’autres distinctions incluent le Deep Learning Boost et des fonctions de sécurité. Mais la différence principale de ces processeurs est la RAM. Quand le Xeon pour desktop dispose de 512 Go de mémoire vive, le Xeon W-3275M monte à 2 To et le Xeon W-3275 à 1 To de RAM au maximum.
Qu'il attire ou qu'il repousse, le design du dernier Mac Pro laisse peu de personnes indifférentes. (Crédit : Apple)
Justement, la mémoire vive du dernier Mac Pro va jusqu’à 1,5 To (ECC DDR4). Apple a décidé de monter les 12 emplacements RAM au verso de la carte mère, sur le côté opposé du CPU. Cela permet de libérer de l’espace autour de ce dernier pour plus d’emplacements PCIe et pour le système de refroidissement. C’est une bonne idée et qui a été facile à réaliser sur une plateforme qui n’est pas tenue de respecter les formats standardisés de l’industrie.
2 GPU en 1
Pour la puissance graphique, Apple reste scotché à AMD. Parmi les options GPU, les utilisateurs pourront partir d’une AMD Radeon Pro 580X jusqu’à une Radeon Pro Vega II Duo haut de gamme. Cette dernière n’est ni plus ni moins que deux cartes Radeon Pro Vega II en une seule. Une Radeon Pro Vega II est composée de 64 unités de calcul, 32 Go de mémoire HBM2 et jusqu’à 14,1 téraflops en performance brute. La combinaison de deux de ces GPU permet d’offrir, selon Apple, « la carte graphique la plus puissante au monde ». En mode Duo, elle monte en effet à 128 Go de HBM2 et 56 Tflops de performance.
Le prochain Mac Pro peut accueillir deux cartes AMD Radeon Pro Vega II Duo, qui comportent ce qui ressemble à une fente PCIe propriétaire, plus un connecteur périphérique qui relie probablement la carte avec un deuxième GPU via Infinity Fabric. (Crédit : Apple)
Apple indique que le Radeon Pro Vega II Duo utilisera Infinity Fabric d’AMD pour connecteur les deux GPU sur le PCB. Auparavant Infinity Fabric ne connectait que les chiplets d’AMD. L’utiliser pour connecter deux cartes Radeon à un seul GPU est en cela impressionnant. Nos confrères d’IDG supposent qu’Apple utilise un connecteur périphérique, que l’on peut apercevoir dans la photo ci-dessus.
« Ce tout nouveau connecteur PCIe » - pointé sur la photo - est destiné à l’alimentation. Apple indique qu’il peut gérer jusqu’à 475 watts de puissance. Combiné avec les 75 watts de l’emplacement PCIe x16 standard, il semble qu’il n’y ait donc pas besoin de faisceaux de câbles internes pour ce GPU. Nos confrères ne savent pas si la marque à la pomme à utilisé ce connecteur PCIe juste pour l’alimentation ou s’il a estimé qu’il avait besoin de plus de voies pour le deuxième GPU. Apple est depuis longtemps obsédé par la volonté de réduire les faisceaux d’alimentation internes de ses terminaux. Les Mac Pro précédents allaient jusqu’à utiliser des systèmes propriétaires pour connecter directement le GPU à la carte mère, plutôt que de l’exécuter sur le bloc d’alimentation. Ce « tout nouvel emplacement PCIe » lui-même est probablement conçu par Apple, car le PCIe SIG ne l’a pas reconnu.
Le Mac Pro dispose de 8 emplacements PCIe. Vous pouvez également voir en haut à droite qu'il y a deux ports de données de type SATA, un port USB de type A et un en-tête qui sera utilisé pour alimenter la carte Radeon Pro 580X. (Crédit : Apple)
Il y a semble-t-il deux emplacements de type M.2 pour le stockage, ainsi que deux ports de données SATA dans ce dernier Mac Pro. Apple indique cependant sur son site que les deux modules de stockage sont montés au verso de la RAM. Et ajoute que son poste de travail a une capacité allant de 256 Go à 2 To, avec des lectures séquentielles de 2,6 Go/s et des vitesses d’écriture montant à 2,7 Go/s. Ces deux modules ne sont pas compatibles M.2 car ils sont chiffrés à l’aide de la puce T2 d’Apple.
Un refroidissement passif des composants
Sur le plan thermique, Apple ne refroidit pas directement les modules graphiques ni le CPU. Mais trois ventilateurs sont installés sur la carlingue et conçus pour faire circuler l’air dans les chambres du CPU et des GPU. Ce concept n’est pas nouveau chez Apple. L'idée est de s'appuyer sur des ventilateurs de plus grand diamètre pour des régimes plus bas et pour éliminer le besoin de ventilateurs supplémentaires.
L’Afterburner pour se démarquer
Bien que ces performances soient exceptionnelles, il n’y a pour l’instant pas grand-chose dans ce Mac qu’une station de travail actuel ne sache refaire. Là où le terminal d’Apple pourrait prendre une longueur d’avance, c’est avec sa carte Afterburner. Cette dernière repose sur un FPGA qui, d’après la firme de Cupertino, est capable de décoder jusqu’à trois flux de vidéos 8K ProRes RAW ou 12 flux 4K ProRes RAW en temps réel.
Aujourd'hui, la plupart des éditeurs vidéo professionnels s'appuient sur l'édition de fichiers proxy à faible résolution pour accélérer le processus. Apple dit que l'Afterburner peut « virtuellement » éliminer le besoin d'utiliser des fichiers proxy, ce qui accélérerait les flux de travail et offrirait également des prévisualisations de meilleure qualité. Final Cut a été optimisé en conséquence et les partenaires logiciels d’Apple, comme Adobe ou Black Magic, devront sûrement faire de même pour tenir la route sur ces dernières machines.
5 999 $ HT minimum pour l’unité centrale (sans écran).
Point qui pourrait ralentir les velléités d’achat de cette station, le peu de liberté donnée pour installer d’autres composants que ceux définis par Apple. L’entreprise a la fâcheuse habitude de concevoir ses terminaux selon ses propres normes, ce qui rend la compatibilité avec d’autres matériels du marché complexe voire impossible. Ainsi, si le dernier Mac Pro permettrait d’installer des GPU Nvidia, cela nécessitera des pilotes venant directement d’Apple. De plus, l’entreprise a souvent eu tendance à négliger ses postes de travail peu de temps après les avoir lancés. Est-ce que cela justifiera de payer 6 000 $ HT pour s’offrir ce poste (avec une configuration minimum des capacités développées plus haut), voire encore plus avec son écran dédié à l’automne prochain ?