Damien Katz, le créateur du projet de base de données NoSQL CouchDB, vient d'annoncer qu'il rejoindrait en janvier prochain les équipes de l'éditeur californien Salesforce.com, fournisseur de logiciels de gestion de la relation client en mode SaaS (software as a service). Il y travaillera avec l'architecte logiciel Pat Helland sur un projet très ambitieux et « ridiculement cool », écrit-il sur son blog personnel. Il explique que le projet en question va concerner à terme une part très importante de l'infrastructure du site de Salesforce, avec l'objectif d'en améliorer les performances, la fiabilité et la « prévisibilité », tout en réduisant les coûts dans de très fortes proportions. Au mois d'août dernier, Damien Katz avait quitté la société Couchbase, qu'il a fondé et dont il était le CTO, notamment pour s'occuper davantage de sa famille, avait-il alors expliqué.
Pour l'instant, il est un peu tôt pour que Damien Katz puisse fournir davantage de détails, mais si le projet aboutit, les changements pourraient largement dépasser le cadre de Salesforce selon lui. Contacté par nos confrères d'IDG News Service, la société de Marc Benioff n'a pas souhaité en dire plus.
Des alternatives à Oracle ?
Salesforce utilise depuis longtemps la base de données d'Oracle pour sa plateforme et la société a signé en juin dernier un nouveau contrat à long terme sur ce terrain avec son voisin californien qui est aussi son concurrent sur les logiciels de CRM. Mais Salesforce supporte également des alternatives Open Source. Il y a trois ans, il a racheté Heroku qui utilise PostgreSQL et il consacre aussi des ressources de développement à HBase.
Pour l'analyste Curt Monash, spécialiste du marché des bases de données interrogé par Chris Kanaracus, Salesforce.com n'a plus nécessairement besoin d'Oracle. Pour lui, l'éditeur SaaS utilise peu les fonctionnalités relationnelles d'Oracle et les possibilités existant désormais pour gérer la sécurité et la fiabilité sont beaucoup plus nombreuses qu'elles ne l'étaient lorsque Salesforce a adopté Oracle il y a plus de dix ans de cela maintenant.
Keystone, un design pour sécuriser le stockage
Le fait que Damien Katz ait mentionné qu'il allait travailler avec Pat Helland fournit un indice supplémentaire sur la nature du projet. Au cours d'une session sur la conférence Ricon West en octobre, ce dernier a parlé de Keystone, un projet qui pourrait unifier et simplifier différentes formes de stockage. L'idée est de construire le système de stockage de telle façon qu'il s'attende à subir une panne afin de pouvoir se remettre en service rapidement. Elle fait référence à un ensemble de projets de recherche menés par l'Université de Berkeley entre 2001 et 2006, explique le résumé de la session sur le site Ricon.io. Ceux-ci partent de l'hypothèse que des systèmes peuvent être plus solides en faisant en sorte que leurs composants tombent en panne rapidement en cas de problème. En se concentrant sur le MTTR (temps moyen de réparation), plutôt que sur le MTBF (temps moyen entre les pannes), l'ensemble du système peut offrir un meilleur service, même en cas de panne.
C'est l'approche prise en compte par les très grands sites web aujourd'hui, peut-on lire à propos de la session animée par Pat Helland sur Ricon West. Dans la note associée, ce dernier évoque la tendance à utiliser des composants plus simples et moins coûteux. Par exemple la technologie SSD destinée au marché grand public est 8 huit fois moins chère que celle destinée à l'entreprise, mais son taux d'erreurs est 100 000 fois supérieur. En concevant l'architecture de Keystone pour stocker les données permanentes et en entourant celles-ci de logiciels corrigeant très activement les erreurs, on pourrait s'appuyer sur cette détection pour récupérer les données voulues à l'un des autres endroits où elles sont stockées.Â