Depuis mars 2020, les études sur les effets de la pandémie sur le travail sont pléthore. On y a vu apparaître progressivement les diverses difficultés liées au télétravail à 100%, les conséquences sur le mental de cette organisation, la saturation des visioconférences, la perte de repère des managers ou encore les velléités des plus rétifs, du côté des employés comme des employeurs, de conserver un ou deux jours de travail à distance. L’analyse menée en Europe par le cabinet Yonder pour Workday révèle un sujet encore peu remonté à la surface : le ressenti d’un blocage des possibilités d’évolutions professionnelles lié à la pandémie.
En France, 41% des employés pensent ainsi que la possibilité d’obtenir de nouvelles responsabilités ou d’acquérir d’autres compétences a diminué. A peine plus que les 38% d’Européens en général. Mais ce sont les jeunes Français qui ressentent le plus fortement ce recul des opportunités. Ils sont presque 60% parmi les 18-34 ans. Tous âges confondus, près de la moitié des Français pensent que leur salaire n’augmentera pas cette année, mais 60% seraient prêts à troquer un peu de leur revenu contre des conditions de travail plus flexible !
Privilégier l’entreprise à sa propre carrière
Ils sont enfin 36% à se sentir piégés dans leur poste actuel par les conditions économiques, et autant à ne pas avoir cette impression. S’ils constatent un certain blocage dans leur évolution, il semble cependant que les employés français n’en fassent pas une priorité pour autant. En effet, qui l’eut cru, un tiers d’entre eux estiment plus important de se focaliser sur le maintien à flot de l’entreprise que sur ses propres ambitions professionnelles. Ils sont même 43% à trouver égoïste de s’intéresser à sa carrière dans une telle période.
Outre des questionnaires classiques, l’étude s’appuie également sur des techniques qui déclenchent des associations d’idées automatiques chez les répondants (Implicit response test). C’est ainsi que les employés français trouvent spontanément leurs managers « honnêtes, compétents et dignes de confiance ». Ils sont cependant ceux qui jugent le plus durement leur performance dans l’organisation actuelle avec un indice de 93 sur 100. Les Néerlandais avec 108 et les Allemands avec 106 sont les plus élogieux vis-à-vis de leurs supérieurs. Seuls 23% des Français estiment que la communication avec leur management a augmenté durant la pandémie. Là-encore, ils sont les plus sévères que leurs voisins qui pensent la même chose à 43%.
Des Français en moyenne moins isolés que leurs voisins
Par ailleurs, la France se distingue de ses voisins européens sur plusieurs sujets. Ainsi, si près de la moitié de nos compatriotes ayant télétravaillé durant la pandémie ne l’avait que rarement, voire jamais fait avant, ils se sont sentis moins isolés que dans le reste de l’Europe (37% contre la moitié). Mais ce n’est peut-être pas pour les bonnes raisons. Ils sont en effet aussi plus nombreux (54% contre 48%) à avoir eu l’impression de devoir se rendre disponibles en permanence pour les clients ou la hiérarchie. Enfin, 3 Français sur 5 sont aussi prêts à faire confiance à leur employeur pour organiser un retour au bureau responsable, et sont très logiquement aussi nombreux à se sentir sécurisés.