Les récents faux-pas de Charles Phillips -l'un des deux co-présidents d'Oracle avec Safra Catz- ont-ils fragilisé sa position au point de l'amener à quitter la société. C'est ce que semble penser l'analyste financier Ryan Hunter, du cabinet Wedge Partners. Dans un bulletin, il signale par exemple que Charles Phillips a été remplacé à la tête des entités globales du groupe par Bob Weiler, l'ancien PDG de Phase Forward, un éditeur spécialisé dans le secteur de la santé racheté en avril dernier. Ces entités globales, qui couvrent des marchés verticaux tels que la banque, le commerce de détail (retail) ou encore la fourniture d'énergie (utilities), sont généralement constituées par Oracle après une acquisition afin de s'imposer sur un marché spécifique. Cette restructuration au sommet laisse seulement à Charles Phillips la responsabilité des ventes et du marketing. Et Ryan Hunter, de Wedge Partners, y voit le signe d'un prochain départ du dirigeant.
Le groupe de Larry Ellison a bien confirmé ce transfert de responsabilité, mais il a dénié la moindre réalité aux spéculations selon lesquelles son co-président quitterait la société. Les entités globales travaillent sur le développement des produits, a expliqué une porte-parole de l'éditeur. Selon elle, ce changement effectué à leur tête a été fait pour ramener ces équipes sous la compétence du PDG et président du conseil d'administration, Larry Ellison, auquel Bob Weiler va désormais rendre compte. La porte-parole affirme que Charles Phillips conserve des responsabilités importantes au sein d'Oracle.
Vie privée étalée et déclaration hasardeuse
Il est vrai toutefois que quelques nuages se sont amassés cette année au-dessus du co-président, à la suite d'un curieux incident. Dans plusieurs villes américaines, des panneaux d'affichage avaient fleuri où on le voyait en romantique compagnie, mais avec une femme qui n'était pas son épouse. Charles Phillips a ensuite reconnu qu'il avait effectivement eu une liaison, terminée désormais, et que les photographies avaient été diffusées par la dame en question afin de l'embarrasser.
Un peu plus tard, en juillet, Charles Phillips a surpris tout le monde en déclarant lors d'une conférence technologique qu'Oracle prévoyait de dépenser 70 milliards de dollars dans des acquisitions sur les cinq prochaines. Or, cela faisait nettement passer la société à la vitesse supérieure dans sa politique de rachat pourtant très agressive déjà . Dans un communiqué abrupt, dans lequel certains ont vu un blâme public, l'éditeur a rejeté l'éventualité d'un tel investissement.
Recruté par Oracle pour gérer sa stratégie de rachats
Charles Phillips est entré chez Oracle en 2003 pour superviser la stratégie d'acquisition de la société californienne. Il avait précédemment occupé des fonctions de directeur général, sur des activités de banque d'investissement, au sein du groupe de services financiers Morgan Stanley. Depuis son arrivée, Oracle a absorbé près de soixante éditeurs et dépensé plus de 30 milliards de dollars.
L'autre co-président d'Oracle est Safra Catz. Recrutée en 2004, elle s'occupe des questions financières et juridiques. L'an dernier, elle a aidé à négocier le rachat de Sun Microsystems au moment des discussions avec l'Union européenne. Ces deux co-présidents sont directement rattachés à Larry Ellison.
Si Charles Phillips était vraiment sur le point de partir, on se demande qui pourrait prendre la tête des ventes et du marketing, s'interroge toutefois le cabinet Wedge Partners. Evidemment, un nom a circulé parmi les recrutements potentiels, celui de Mark Hurd, l'ex-PDG de HP. Ce dernier a brutalement donné sa démission au début du mois d'août, à la suite d'une improbable affaire de harcèlement sexuel et de notes de frais abusives. On dit que Larry Ellison et Mark Hurd sont amis. Le patron d'Oracle l'avait en tout cas vigoureusement défendu à la suite de ses problèmes, accusant alors les membres du conseil d'administration de HP d'avoir manqué de courage.
Le co-président d'Oracle Charles Phillips sur le départ ?
Un analyste de Wedge Partners perçoit des turbulences à la tête d'Oracle, mais une porte-parole de l'éditeur affirme qu'il n'en est rien.