Le CNRS se réorganise malgré les manifestations
C'est après un rocambolesque jeu du chat et de la souris entre la direction du CNRS, les syndicats, les manifestants et les CRS, que s'est tenu hier (jeudi 27 novembre) le conseil d'administration du Centre national de la recherche scientifique. Qui a avalisé le découpage en instituts prévu par Valérie Pécresse, ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur.
Dans un communiqué, le CNRS précise : « Au cours de sa séance du 27 novembre 2008, le Conseil d'administration du CNRS a voté le budget 2009 de l'organisme et a adopté, comme l'avait fait le Conseil scientifique le 18 novembre 2008, la structuration de l'organisme en 9 Instituts et 3 Pôles. Il s'agit d'une étape essentielle dans la réforme de l'établissement. En préalable, le Conseil d'administration avait exprimé le souhait que s'engage une réflexion sur la création d'un dixième Institut dédié aux sciences et technologies de l'information. » Toutes ces décisions devraient prendre effet « dès le premier trimestre 2009 ».
Les syndicats s'étaient vivement opposés à cette réforme, accusant la ministre de vouloir démanteler le CNRS et soumettre la recherche au pouvoir politique. Fin juin, ils croyaient avoir fait revenir Valérie Pécresse sur ses intentions. Rassuré mais encore prudent, Jean-Luc Mazet, secrétaire général du syndicat SNCS-FSU, syndicat national des chercheurs scientifiques, nous expliquait : « La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche souhaitait faire sortir du CNRS un nombre important de disciplines. Elle entendait nommer les directeurs des nouveaux instituts et doter ces derniers de budgets indépendants, faisant du CNRS une coquille vide. »
Les élus dénoncent le démantèlement du CNRS
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Hier, les élus et personnels du CNRS étaient encore mobilisés pour s'opposer au projet de réforme. Tant et si bien que le conseil d'administration ne s'est pas tenu à l'endroit prévu, les élus étant convoqués au dernier moment par SMS dans les locaux du CNRS pour éviter les manifestants. Face à cette situation, ils ont refusé de siéger. Dans un communiqué commun (SGEN-CFDT, SGEN-CFDT, SNCS-FSU, SNTRS-CGT), les élus expliquent : « Suite à l'occupation du siège du CNRS rue Michel-Ange (16ème), Paris, par une manifestation de plus de 1000 personnels, le CA a été déplacé au dernier moment dans des locaux du CNRS, boulevard Exelmans (16ème). Les élus ont été informés à 8h30 par SMS sur leur téléphone portable de ce changement de lieu. De nombreuses forces de police ont empêché les manifestants de rentrer dans les locaux où avait été déplacé le CA. Les deux représentants nommés au CA, au titre du monde du travail (Simone Cassette, CGT, Jacques Fossey, FSU) ont aussi refusé de siéger derrière un tel cordon de police. »
Valérie Pécresse condamne les manifestants
La ministre a de son côté vilipendé cette attitude. Alors que l'intersyndicale demande au gouvernement « d'ouvrir de réelles négociations », Valérie Pécresse « condamne la tentative de blocage du conseil d'administration du CNRS, instance naturelle de dialogue et de décision de cet organisme. ». Et rappelle que le budget 2009 du CNRS est en augmentation de 4,6%. « Ce budget garantit le maintien du soutien de base aux laboratoires, permet le financement des grandes infrastructures de recherche dont le Synchrotron Soleil et la mise en oeuvre des mesures en faveur de l'amélioration des carrières des personnels de la recherche. »
Direction et syndicats étant en réunion, LeMondeInformatique.fr reviendra plus tard sur le sujet avec des réactions des deux parties.