Avec le concours d'EMC, d'Intel et de VMware, le cabinet d'études PAC a demandé à un panel de 200 décideurs informatiques français, répartis dans les principaux secteurs d'activités, leur vision du cloud computing. Étonnamment, le principal avantage mis en avant par ces responsables IT n'est pas la réduction des coûts de production ou les gains attendus pour la mise en service de nouveaux projets, mais la disponibilité des ressources (42% des réponses) et la flexibilité de la plate-forme (34%). Encore plus surprenant, l'optimisation de l'infrastructure et le paiement à l'usage ne rassemblent que 19 et 21% des « suffrages ». Christian Hilaire, PDG d'EMC France, analyse ces résultats en expliquant que « les entreprises démarrent aujourd'hui dans leur réflexion sur un cloud privé. Nos principaux clients réfléchissent à la question, c'est l'étape suivante après la virtualisation. Le cloud est bien la quatrième vague informatique après le mainframe, le PC client et le web. » Les responsables IT ont bien compris que le cloud allait leur permettre de masquer la complexité du système d'informations pour fournir des services à la carte. Et à la différence des projets informatiques traditionnels qui demandent de trois mois pour allouer des ressources à une application, la gratification est immédiate et de type self-service.
Parmi les inconvénients du cloud computing, nos responsables informatiques pointent à 50% la sécurité et à 35% la dépendance au réseau. Des freins liés à l'infrastructure et aux problèmes récurrents de sécurité. La dernière conférence RSA à San Francisco mettait également l'accent sur les défis sécuritaires qui attendaient le cloud (https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-les-defis-securitaires-du-cloud-30182.html). Pourtant, les principaux projets concernent aujourd'hui des clouds privés hébergés dans l'entreprise ou chez un tiers de confiance (opérateur ou intégrateur). Des solutions en théorie moins vulnérables que les clouds publics proposés par les éditeurs ayant flairés la bonne affaire. « Les opérateurs vont contribuer à structurer le marché en Europe, car ils possèdent les infrastructures indispensables pour faire transiter les processeurs les plus critiques à travers le cloud» précise Mathieu Poujol, directeur technologies chez PAC. « Ensuite tous les services de l'entreprise ne sont pas nécessairement hébergés dans un cloud. Il est possible de procéder par étapes » souligne Jean-Pierre Brulard, vice-président Europe chez VMware. Trois types de plates-formes services sont aujourd'hui définis pour le cloud : IaaS (le réseau, le stockage, les serveurs et les outils de virtualisation), PaaS (avec en plus les logiciels serveur, les bases de données, l'intégration SOA et les runtimes) et le SaaS (toutes ces briques avec les applications).
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En illustration, Mathieu Poujol de PAC, responsable de l'étude sur le cloud computing en France
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Autre réponse stupéfiante à la question sur les acteurs du cloud computing : Microsoft arrive en tête avec 50%, VMware suit avec 43% et Amazon ne pointe qu'à la huitième place avec 7%. Difficile à comprendre quand on sait qu'Amazon a lancé sa plate-forme EC2 en 2006 ! Un cloud arrivé à maturité avec une tarification très claire alors que Microsoft sort à peine de sa phase de tests et tente de commercialiser ses services depuis février dernier. Sur ce point précis, Mathieu Poujol précise que l'étude a été mené lors du lancement d'Azure début 2010 et que ces responsables IT ont dû être particulièrement sensibilisés au programme de Microsoft.  Ce sont donc principalement les éditeurs qui sont spontanément associés au cloud et non pas les opérateurs ou les fournisseurs de services managés comme IBM ou HP.
Sur l'initiative des projets cloud, la DSI est aux commandes dans 67% des cas même les métiers et la direction générale pèsent un poids très lourd (26%). Les responsables IT semblent bien décidés à rester suffisamment réactif pour ne pas perdre la main face aux demandes des métiers. Point particulièrement intéressant dans le cadre des projets, quels sont les type d'application ou d'infrastructure concernés ? La messagerie reste toujours sur le podium avec 54% des réponses mais les ressources administratives (finance et compatibilité) arrivent sur la deuxième marche (26%) suivi de près par la CRM (24%). Les activités critiques de l'entreprise ne semblent donc pas mises à l'écart des projets cloud. Jean-Pierre Brulard  précise que les différents modèles d'adoption applicatifs se résument à trois étapes, « la production informatique concerne tout d'abord  les applications non critiques comme la messagerie » même si cette dernière reste particulièrement visible en cas de panne à la différence d'un ERP qui peut tomber 2/3 heures sans déclencher de plan Orsec. « Les entreprises passent ensuite aux applications métiers standards ou customisés ». On assiste là à un vrai basculement dans le monde cloud, principalement quand la virtualisation passe de 20 à 60%. « Dernière étape, l'extension au business continuity pour la gestion des risques. Mais aujourd'hui, chez les clients la vraie barrière reste le passage de l'étape 1 à la l'étape 2. »
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A la question sur le type d'infrastructure, les décideurs plébiscitent à 71% le cloud privé quitte à développer plusieurs petits clouds à l'intérieur de l'entreprise pour répondre aux différents besoins. Mathieu Poujol estime toutefois que les clouds hybrides vont se développer naturellement avec la maitrise des clouds privés. Les clouds publics (7% des réponses) seraient réservés à une application bien précise comme la solution de SaleForce.com. Des clouds communautaires regroupant plusieurs services publics ne sont pas exclues avec des Conseils régionaux ou des ensembles de communes. « La ville de Barcelone, par exemple, a ouvert son cloud public aux hôpitaux et à sa pépinière d'entreprises » précise Mathieu Poujol.
La conclusion de cette étude que le cloud est devenu une réalité en France et que les infrastructures privées sont clairement la priorité. « Sans s'en rendre compte, en systématisant les VM, les entreprises arrivent naturellement au cloud interne » conclue Jean-Pierre Brulard. « Avec un taux de virtualisation 30% des portefeuilles applicatifs, la France est au niveau des États-Unis et du reste de l'Europe. À 30% de virtualisation, le coût au giga est de 18 cents. Avec une montée en charge pour arriver à 60%, le cout au giga passe 9/10 cents au giga pour les entreprises ». Mais aujourd'hui pour accompagner le développement du cloud et simplifier le transfert d'une VM, il est nécessaire de créer un marché Unique du cloud en Europe pour offrir un marché global aux acteurs européens.
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