Une poignée de mois avant son Summit qui se déroulera le 23 juin prochain au CNIT (La Défense), Amazon a tenu en France un événement dédié aux jeunes pousses utilisant (ou intéressées par utiliser) ses solutions cloud. Baptisée AWS Startup Day, cet événement, dont la première édition s'est déroulée à Paris mardi 31 mars avant d'autres qui se tiendront dans plusieurs autres pays d'Europe, a été l'occasion pour plusieurs start-ups d'exposer leurs projets cloud. Et ce, dans des domaines variés allant du big data, à l'analytique en passant par les bases de données et la sécurité cloud jusqu'à l'optimisation de la diffusion de contenus. Focus sur les projets cloud de 5 start et grow-ups.
Odaseva. Spécialisée dans la reprise des activités après incident (Disaster recovery Plan), la start-up française Odaseva, par ailleurs partenaire de Salesforce.com, compte 60 000 utilisateurs et gère un nombre impressionnant de 20 milliards de transactions transitant par le biais de ses services via une plateforme multi-tenant. Côté back-end, on trouve des technologies AWS à tous les étages, autant pour répondre à des besoins de calcul, que de stockage mais pas seulement. « Il fallait garantir une sécurité dans les règles de l'art, mais également la disponibilité des données, leur localisation et aussi pour de grosses volumétries », a indiqué Sovane Bin, CEO de Odaseva. « En tant que start-up bootstrappée (sans investisseurs, NDLR), nous ne pouvions pas nous permettre d'acheter notre infrastructure ».
Parmi les briques utilisées, on trouve AWS Residency pour garantir la localisation des données, DynamoDB pour les requêtes sous forme de token stores, Simple Queue Service (SQS) pour la gestion des files d'attente des messages, mais également le service de surveillance des ressources Cloudwatch ou encore Simple Notification Service (messagerie en mode push), IAM (gestion des accès et des identités), VPC (mise en service d'une section de cloud isolée), RDS (gestion et mise à l'échelle d'une base de données relationnelles) et Redshift (entrepôt de données pétaflopique). Sans compter la brique stockage (S3). L'équipe d'Odaseva est composée de 10 personnes dont 1 est mobilisée sur les projets AWS.
Camille Tyan est président et co-fondateur de PayPlug.
PayPlug. La start-up PayPlug, qui a reçu 1,75 million d'euros de subvention en provenance de l'Union Européenne dans le cadre du programme Horizon 2020, propose une API de paiement pour les sites e-commerce. Basée sur Python et le framework Flask, PayPlug utilise sur des instances EC2 AngularJS en front ainsi que d'autres outils comme Newrelic pour la performance et la stabilité des applications, sans oublier l'outil de gestion de base de données Amazon RDS. « Aujourd'hui on utilise MySQL mais on va sans doute migrer vers PostgrSQL car on commence à voir les limites de MySQL en tant qu'architecture de bases de données », explique Camille Tyan, président et co-fondateur de PayPlug.
La mise en place de la solution s'est déroulée sur deux mois, sachant que PayPlug en a profité pour effectuer des changements d'infrastructure. « On avait jusqu'alors une plateforme de production et un environnement de développement sur le même serveur, on a alors décidé en passant sur AWS de créer des environnements entièrement séparés et en plus de ça, on a créé l'architecture avec des bases de données gérées séparément sur des serveurs avec RDS », indique Camille Tyan.
La solution de paiement se veut par ailleurs agnostique, c'est à dire pouvant fonctionner indépendamment des technologies utilisées chez les clients. « Il se trouve que beaucoup d'entre eux sont sur PHP, on a donc une librairie PHP qui permet de connecter à notre API facilement, mais on est en train de réfléchir à d'autres sur Python, Ruby, NodeJS et Windows NET », poursuit Camille Tyan. Créée en 2012, et ayant bénéficié d'un programme start-up dans l'incubateur Agoranov, PayPlug compte à ce jour plus de 10 000 clients. A son démarrage, la société a bénéficié d'un coup de pouce d'Amazon qui lui a offert pour 3 000 dollars de crédit. Pour la suite, PayPlug aimerait bien qu'Amazon l'accompagne un peu plus sur ses projets de développement : « Nous ne voulons pas passer du temps pour faire une veille sur les 500 nouveautés qu'AWS propose par an, mais plutôt qu'il nous propose de savoir ce qui peut être pertinent pour nous en termes d'automatisation d'outils par exemple », conclut Camille Tyan.
Realytics. Cette solution analytique permet de mesurer l'impact d'une campagne publicitaire sur les médias radio et télévision. « On a développé une solution qui combine un outil d'analyse de flux TV en temps réel pour repérer les pubs de nos annonceurs et à côté de cela on a un traqueur analytique que l'on a développé en interne et la corrélation des deux permet de déterminer l'impact d'une publicité sur le business », explique Sébastien Monteil est co-fondateur et CTO de Realitycs. Danone, par exemple, a utilisé Realytics pour la campagne Bledina pour suivre le retour sur l'engagement des gens dans la communauté.
Sébastien Monteil est co-fondateur et CEO de Realytics.
Lancée en janvier 2014, la start-up compte une cinquantaine de clients, et couvre 140 chaînes TV pour un total de 60 000 spots en France, Espagne, Italie, Allemagne, Côte d'Ivoire, 200 millions de profils couverts et 1 milliard d'événements analysés. « Nous nous sommes adossés avec Amazon car on voulait une solution simple et fonctionnelle, c'est pourquoi nous avons opté pour le système de gestion des messages SQS permettant de décorréler le trafic de l'infrastructure sous-jacente et capable de gérer des milliards d'événements », explique Sébastien Monteil, co-fondateur et CEO de Realytics. « On n'avait pas prévu que la volumétrie des requêtes doublerait tous les trimestres, or MySQL ne se montrait plus assez robuste et scalable pour gérer une base d'1 To, on a donc testé et basculé vers Queue et basculé vers du DynamoDB taillé pour de la haute volumétrie ».
Le choix de SQS s'est également fait pour des raisons de coûts, jugés bien inférieurs à ceux pratiqués par la concurrence. Quant aux briques futures, Realytics préfère ne pas trop y penser pour le moment : « On consolide l'architecture avec une solution bien taillée même si l'étape d'après qui nous intéresse est Redshift », indique Sébastien Monteil.
Les grow-ups également friandes de cloud
A Little Market. Rachetée par l'américian Etsy en juin 2014, A Little Market est une place de marché française dédiée à la création d'objets insolites et fait main. Créée fin 2008, elle compte 100 000 créateurs en comptant ceux en provenant de A Little Mercerrie. La particularité de ce site e-commerce ? Il a été entièrement créé à façon : « On est parti d'une feuille blanche et aujourd'hui on utilise le framework Symfony mais cela ne va pas plus loin en termes d'utilisation de briques e-commerce, on est indépendant à tous les niveaux », fait savoir Vincent Paulin, responsable R&D de A Little Market.
Vincent Paulin est responsable R&D de A Little Market.
Avec plusieurs millions de produits en ligne, la base catalogue est très conséquente d'autant plus si on tient également compte des 5/6 images par produit. Au global, on arrive ainsi à plusieurs dizaines de To de données à gérer, sachant que 80% de la base est en permanence sollicitée au travers des recherches des clients. « Quand je suis arrivé en mai 2013, la première décision a été de se tourner vers un CDN, et pour des raisons de coût c'est vers Amazon plutôt qu'Akamai que nous nous sommes tournés, car celui-ci répondait parfaitement à nos besoins », explique Vincent Paulin. « On a passé du temps à tester les services, en préproduction, on a laissé tourner sur une semaine, pour vérifier que tout répondait bien avant de tout basculer en production dans Cloudfront ». L'outil de CDN propose par ailleurs une interface de statistiques permettant de bien identifier que tout va bien. Un outil essentiel quand on sait que 40 à 50 millions de requêtes par heure sont effectuées sur A Little Market.
Mais le plus gros reste encore à venir : « On a commencé à travailler à la migration de l'ensemble de notre infrastructure dans le cloud Amazon jusqu'à maintenant hébergée par Typhon », fait savoir Vincent Paulin. « On a commencé l'été 2014 avec tous les projets R&D, compute et stockage pendant 10 mois. Notre moteur de recherche tourne déjà sur Amazon tout comme notre système productique avec des clusters Elastic Search jusuqu'à 5 noeuds capables de gérer jusqu'à 600 écritures par seconde ». La bascule complète est prévue dans un mois, sachant que la migration de l'ensemble des images de Netapp vers S3 et raccordement de la base de données sur AWS via le service RDS ont déjà été réalisées. En termes de coût, A Little Market indique jusqu'à 2 000 dollars par mois, soit un coût divisé par 5 par rapport à d'autres CDN pour des besoins identiques.
Commerce Guys. Grâce à sa levée de 5,3 millions d'euros, Commerce Guys - éditeur de la solution Open Source Drupal Commerce - s'est donné pour objectif de développer sa plate-forme de développement de contenu et de sites web Platform.sh. Lancée il y a un an, elle a séduit à ce jour plus de 300 sociétés dans des secteurs variés (mode, transport...) en Europe mais également en Amérique du Nord et Latine. Objectif de ce PaaS : répondre à des problématiques PHP sur trois niveaux : développement, stagging et mise en production pour éviter les pertes de temps et gagner en agilité. « Par rapport à des outils de sysadmin, Amazon et son outil de base de données a permis d'apporter un triplement de la redondance, une infrastructure disponible en mode 24/7 avec un taux de disponibilité de 99,99% et réduire les coûts jusqu'à près de 40% », a expliqué Jean-Claude Pitcho, VP Global Business Developement de Commerce Guys.