Début juillet, le CERN annonçait avoir observé une particule dans le cadre de l'expérience Atlas conduite au LHC, qui pourrait être un boson. Une découverte majeure susceptible d'apporter le maillon manquant au modèle explicatif de la physique des particules et d'aider à la compréhension de l'univers. Et une découverte impossible sans la phénoménale puissance de calcul fournie par le réseau mondial (en grid) de supercalculateurs du LHC et désormais aussi par Helix Nebula, un cloud à vocation scientifique né il y a quelques mois et intégrant plusieurs partenaires privés.
Partenariat entre fournisseurs IT et instituts de recherche
Fruit d'une collaboration entre plusieurs fournisseurs IT et trois centres de recherche européens - CERN (physique), EMBL (génomique), ESA (espace) - le projet Helix Nebula vient de recevoir 1,8 millions d'Euros de financement de l'Union Européenne. L'expérience Atlas du LHC est le premier domaine dans lequel ce cloud actuellement en phase pilote a été testé, explique Frédéric Hemmer, chef du département IT du CERN: « Ces premiers déploiements ont confirmé que la mise en place d'une infrastructure publique d'informatique en nuage destinée à de nombreux utilisateurs et intégrant les services de fournisseurs multiples est une entreprise de grande envergure qui ne peut se faire que par étapes. Les premiers résultats sont toutefois très encourageants et nous avons bon espoir de pouvoir atteindre notre objectif pendant la phase pilote de deux ans».
L'infrastructure IT de Helix Nebula repose sur les datacenters d'Atos, de CloudSigma et de T-Systems. Outre ces fournisseurs d'infrastructures cloud, des PME telles que SixSq, Terradue et The Server Labs ont également joué un rôle essentiel pour rendre les applications phare opérationnelles.
Deux start-up suisses dans l'aventure
Responsable Solution Architecture auprès de la start-up alémanique CloudSigma impliquée dans le projet, Michael Higgins ne cache pas son enthousiasme: «Lorsque nous avons reçu l'invitation à participer, j'ai tout de suite su que c'était une grande chance pour notre entreprise». Fort de son background scientifique, il explique qu'il s'est investi pour convaincre ses collègues. CloudSigma remplissant tous les critères, rien ne s'opposait dès lors à ce que le jeune fournisseur cloud suisse participe à Helix Nebula.
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Également impliquée dans le projet, la jeune pousse genevoise spécialisée SixSq a aidé le géant Atos à déployer un cloud compatible avec Helix Nebula, notamment grâce à son logiciel SlipStream. Fondateur de la start-up, Marc-Elian Bégin est également Chairman du groupe «technologie et architecture» du projet et coordonne à ce titre sa feuille de route. Il explique que le développement de Helix Nebula n'a pas été sans difficulté: « Entre un jeune fournisseur de clouds publics comme CloudSigma et un spécialiste des environnements cloud privés comme T-Systems, c'est un peu le grand écart et le travail d'intégration a été important ». D'autres développements sont d'ailleurs en cours pour harmoniser le co-fonctionnement de de ces nuages, par exemple au niveau des API et de la facturation des services.ces nuages, par ces ces clouds par exemple au niveau des API et de la facturation des services.
Fédération de clouds européens
Marc-Elian Bégin reste convaincu du concept de fédération de clouds sur lequel repose Helix Nebula et qui a l'avantage de proposer une grande puissance de calcul avec une complexité moindre que le grid: « Une façade unique permet aux instituts de sélectionner le cloud qui correspond le mieux à leur scénario d'utilisation en fonction du prix, de la performance, de la connectivité ou encore de la fonctionnalité».
Le projet Helix Nebula s'inscrit dans la volonté de l'Union Européenne de proposer une offre cloud européenne sûre à même de concurrencer les Amazon, Google et autre Microsoft. Avec trois fournisseurs cloud et trois instituts de recherche clients, le concept a démontré sa validité et les demandes augmentent sans cesse. A terme, Helix Nebula, devrait pouvoir accueillir d'autres fournisseurs de cloud européens et proposer une offre IaaS européenne sécurisée non seulement pour les organismes scientifiques, mais aussi pour les entreprises privées. Pour Michael Higgins de CloudSigma, le cloud est un environnement sûr s'il est bâti pour l'être: «Lorsque l'on visite le CERN, on ne peut pas s'y déplacer librement, mais on est soumis à certaines règles. Il n'en va pas autrement dans le cloud».
ICTjournal.ch avec Alp ICT