Le CEA et le CNRS donnent des ambitions européennes à leur supercalculateur
Les deux organisations installent un cluster Bull couplant CPU et GPU pour atteindre 300 Tflops en 2009. Cette puissance servira aux chercheurs pour des travaux sur la simulation numérique. Un enjeu industriel fort.
Le CEA et le CNRS réunissent leurs deux supercalculateurs de l'Essonne au sein du Centre National Jacques Louis Lions de Calcul Haute Performance de l'Essonne et en augmentent la puissance. L'ensemble devrait proposer plus de 500 Tflops (200 au CNRS et 300 au CEA) dès l'an prochain aux chercheurs français pour étudier en particulier le domaine de la simulation numérique. Cerise sur le supercalculateur, le centre de calcul est candidat pour accueillir un noeud du réseau européen Prace (Partnership for Advanced Computing in Europe) destiné aux machines de capacité pétaflopique. A la clé une subvention à hauteur de 10% pour l'infrastructure. Le projet d'un montant de 10M€ est financé par le Genci (Grand Equipement National de Calcul Intensif), société civile créée pour coordonner les politiques françaises d'équipement en supercalculateurs.
un mélange de processeurs classiques et graphiques
Le Centre Jacques Louis Lions est adossé d'une part à l'Institut du Développement et des Ressources en Informatique Scientifique du CNRS (Idris) et d'autre part au Centre de calcul « recherche et technologie » du CEA (CCRT). Le premier, destiné à la recherche académique, développera ses 200 Tflops dès septembre et le second, ouvert aux industriels, ses 300 Tflops en 2009. Les deux seront reliés par un lien haut débit.
Pour atteindre 300 Tflops l'an prochain, le CEA (CCRT) va installer un nouveau supercalculateur, un cluster Bull NovaScale, pour compléter la configuration actuelle (des serveurs Bull scalaires de 48 Tflops et une machine vectorielle Nec de 2 Tflops.) « Nous allons désormais disposer d'une machine hybride et c'est une première mondiale, » insiste Christophe Béhar, président du CCRT et directeur du centre CEA de Bruyères le Châtel où se situe le supercalculateur. Cette architecture, originale, réunira en effet 1068 noeuds Intel de 8 coeurs chacun pour une puissance totale de 103 Tflops avec 48 noeuds GPU Nvidia de 512 coeurs chacun. La puissance supplémentaire théorique devrait atteindre 192 Tflops. Spécialisés dans le traitement graphique, les GPU excellent dans le traitement simultané d'un très grand nombre d'instructions. Le supercalculateur accède à 25 To de mémoire et au pétaoctet de disques de stockage du CCRT. Sous Linux, il exploite la gestion de fichiers libre Lustre.
Répondre aux enjeux de la simulation numérique
[[page]]La simulation numérique est devenu un enjeu fondamental dans de nombreuses industries et domaines d'application, qu'il s'agisse de reproduire un crash automobile, de simuler le climat ou de reproduire des expériences trop dangereuses à réaliser en réel. Reproduire les comportements physiques (aérodynamique, acoustique, effets électromagnétiques, etc.) est une opération particulièrement complexes à reproduire. Que dire de la simulation multiphysique qui tente de reproduire des phénomènes de domaines physiques différents intervenant simultanément (aérodynamique et comportement routier d'une automobile en cas de coup de vent latéral par exemple). Que dire de la climatologie ou de l'ingénierie nucléaire...
Si les moyens de calcul manquent à la simulation, il en va de même des ressources humaines. Trouver des compétences dans le domaine est un casse-tête. Pour résoudre le problème, le CEA et le CNRS installeront à coté de supercalculateur une «Maison de la Simulation» pour former des scientifiques en calcul de haute performance.